The United States of Marijuana

Published in Le Monde
(France) on 26 December 2012
by Corine Lesnes (link to originallink to original)
Translated from by Meredith O'Connell. Edited by Gillian Palmer.
You could call it a dream job: being a marijuana critic. Each week William Breathes publishes a report of his cannabis tastings in the Denver, Colorado magazine Westword, in which one learns that there's not just one type of marijuana but many, all bearing exotic names: Pineapple Express, Purple Passion (no Pink Elephant, but White Rhino's there too).

"Breathes" — a pen name — became the first marijuana critic in the U.S. in 2010. He critiqued medical marijuana, Colorado being one of the 18 states that has authorized the drug for therapeutic means. In one of his first critiques, William Breathes confessed to his own surprise at being paid to "get high" and get his daily tasting expenses covered. However, the job does come with responsibilities. "I've got real deadlines and real editors who will not sign my real paychecks if I miss said deadlines," he assured. For Christmas the journalist made a list of gift suggestions. At the top: an electronic joint the size of a pen (you can find it at the site gotvapes.com).

Medical marijuana has been a great success in Colorado, a state with a good health record — the obesity rate is one of the lowest in the country. More than 107,000 "patients" obtained a card giving them the right to consume [marijuana], and now there are more marijuana dispensaries than Starbucks.

Sales are estimated at $200 million (around 150 million euros) this year — including several million for the fiscal administration as it grows, whether or not the justice system likes it. Suppliers had the presence of mind to work with the authorities to eliminate any black sheep — licenses cost $18,000 and help finance the special division put in place by the government.

Seeing the success of medical marijuana, Colorado took the next step and on Nov. 6 legalized — at the same time as Washington state — the possession of one ounce of marijuana. The vote passed by a margin of 250,000 votes, more than Barack Obama's advance over his Republican rival Mitt Romney during the presidential campaign.

Democratic governor John Hickenlooper acted on the decision and announced the law regulating marijuana as alcohol is, without hiding [the fact that] its application was going to be complicated. "That said, federal law still says marijuana is an illegal drug," he warned, "so don't break out the Cheetos or Goldfish too quickly" — which smokers love munching on.

Ever since, a sort of clamor has settled in. Local police pointed out that they're not directly supposed to put federal laws in effect. But in the counties which voted against legislation, prosecutors refused to abandon the pursuit. Several municipalities took action early and forbid sales, while [still] authorizing residents to grow six plants in an enclosed area. The Obama administration is walking on eggshells. In its sole commentary on the subject, the president — himself a big smoker during his adolescence in Hawaii — didn't seem in a hurry to cave. “We’ve got bigger fish to fry,” he said. And Americans agree: 64 percent believe that the federal government should not meddle with local legislation.

In Denver things are already at the next step: regulation. According to law, buyers and consumers must be 21 or older. Just like tobacco, it's illegal to smoke in public places and, like alcohol, to drive under the influence; a proposed law sets this at five nanograms of THC — tetrahydrocannabinol, the principal psychoactive ingredient — per milliliter of blood. Starting January, Colorado's assembly is going to study ways of market regulation; perhaps it will limit the amount of THC permitted. What about transporting [it]? Aviation security officials have indicated that travelers can take on board their personal stash, but only if they're going to Colorado or Washington state.

The idea of legislation has led to a "green" gold rush. There's a business side, with businessmen in their suits and ties and holdings at the stock exchange. It's "tomorrow's bubble," says Newsweek, which was able to visit the warehouses in the Denver suburbs where marijuana is grown under artificial light — with classical music or hard rock, whatever works best for the plants. There's nothing hippie about it; the varieties have special vintage names like "Reserva Privada." Dispensaries showcase weed in transparent jars placed on white-tiled counters. In one of these "pot palaces," as much centers of relaxation as they are fine grocery stores, one can buy chocolate bars, cereal, hot dogs, all types of munchies. And a pot drink: Dixie Elixirs — eight flavors, from peach to pomegranate.


C'est ce qu'on pourrait appeler un job de rêve. Critique de marijuana. Chaque semaine, William Breathes publie le compte rendu de ses dégustations de cannabis dans le magazine Westword, de Denver, Colorado. Où l'on découvre qu'il n'y a pas une marijuana mais toutes sortes de variétés d'herbe portant des noms exotiques : Pineapple Express, Purple Passion (pas d'"éléphant rose" mais du "rhino blanc ").

"Breathes" (un nom d'emprunt) a été en 2010 le premier critique de marijuana des Etats-Unis. Il s'agissait alors de marijuana médicale, le Colorado étant l'un des dix-huit Etats ayant autorisé la drogue douce à des fins thérapeutiques. Dans l'une de ses premières critiques, William Breathes a confessé son propre étonnement d'être payé pour "se défoncer" et se procurer sa consommation hebdomadaire sur notes de frais. Quoique le job n'aille pas sans responsabilités. "Il faut quand même que j'écrive, que je tienne les délais, et j'ai des rédacteurs en chef", assure-t-il. Pour Noël, le journaliste a fait une liste de suggestions de cadeaux. En tête : le joint électronique, un inhalateur de la taille d'un stylo (on le trouve sur le siteGotVapes.com).

La marijuana médicale a été un grand succès dans le Colorado, un Etat qui n'a pourtant pas l'air de se porter trop mal (le taux d'obésité est l'un des plus faibles du pays). Plus de 107 000 "patients " ont obtenu une carte leur donnant droit deconsommer, et il y a désormais davantage de dispensaires de cannabis que de cafés Starbucks.

Les ventes sont estimées à 200 millions de dollars (environ 150 millions d'euros) cette année - dont plusieurs millions pour l'administration fiscale qui s'enrichit, n'en déplaise à la justice. Les producteurs ont eu l'intelligence de travailler avec les autorités pour éliminer les brebis galeuses (la licence coûte 18 000 dollars et sert à financer la division spéciale mise en place par les forces de l'ordre).

Vu le succès du "médical ", le Colorado a franchi l'étape suivante et légalisé, le 6 novembre (en même temps que l'Etat de Washington), la possession d'une once de marijuana . Le vote a été acquis à une majorité de 250 000 votes, soit plus que l'avance de Barack Obama sur son rival républicain Mitt Romney lors de la présidentielle.

Le gouverneur démocrate John Hickenlooper a pris acte de la décision et promulgué la loi Réglementer la marijuana comme l'alcool , sans cacher que son application allait être "compliquée". "D'après la loi fédérale, la marijuana continue à être une drogue illégale, a-t-il mis en garde. Alors ne sortez pas trop vite vos paquets de Cheetos ou de Goldfish [les crackers qu'aiment grignoter les fumeurs de joints]. "

Depuis, une certaine cacophonie préside. La police locale a rappelé qu'elle n'est pas directement chargée de faire appliquer les lois fédérales. Mais dans les comtés qui ont voté contre la légalisation, les procureurs ont refusé d'abandonnerles poursuites. Plusieurs municipalités ont pris les devants et interdit les points de vente, tout en autorisant les résidents à posséder 6 plants dans un endroit fermé. L'administration Obama marche sur des oeufs. Dans son unique commentaire sur le sujet, le président, lui-même un grand fumeur dès son adolescence à Hawaii, n'a pas eu l'air pressé de sévir. "Nous avons d'autres chats à fouetter", a-t-il dit. Et les Américains sont d'accord : 64 % d'entre eux jugent que le gouvernement fédéral n'a pas à se mêler de la légalisation à l'échelon local.

A Denver, on en est déjà à l'étape d'après. Celle de la réglementation. Aux termes de la loi, les acheteurs et consommateurs doivent être âgés de plus de 21 ans. Il est interdit, comme pour le tabac, de fumer dans les endroits publics. Et, comme pour l'alcool, de conduire sous l'emprise de la substance (un projet de loi fixe la limite à 5 nanogrammes de THC - tétrahydrocannabinol, le principal composant psychoactif - par millilitre de sang). Début janvier, l'assemblée du Colorado vacommencer à étudier les modalités de régulation du marché. Peut-être limitera-t-on la puissance du THC autorisé. Quid du transport ? Les agents de la sécurité aérienne ont indiqué que les voyageurs peuvent prendre l'avion avec leur consommation personnelle, mais seulement s'ils vont du Colorado à l'Etat de Washington...

La perspective de légalisation a entraîné une ruée sur le "nouvel or vert". Le business est là, avec ses hommes d'affaires en costume-cravate et sa holding cotée en Bourse. C'est la bulle de demain, dit Newsweek, qui a pu visiter les entrepôts de la banlieue de Denver où est cultivée l'herbe, à lumière artificielle (musique classique ou hard rock, selon ce qui réussit le mieux à la plante). Le secteur n'a plus rien de baba cool. Les variétés ont des noms de cuvées spéciales. "Reserva Privada". Les dispensaires présentent l'herbe dans des bocaux transparents sur des comptoirs de carreaux blancs. Dans l'un de ces "pot palaces", centres de relaxation autant qu'épiceries fines, on peut acheter des barres chocolatées, des céréales, des hot dogs, le tout au cannabis. Et une boisson gazeuse : Dixie Elixirs (huit parfums, de pêche à grenade).

L'industrie du tabac est aux aguets, prête à se reconvertir. Philip Morris aurait loué des entrepôts dans le secteur. Selon un sondage Gallup de novembre, le nombre d'Américains favorables à la légalisation (46 %) a doublé en quinze ans. Le pays reste divisé, mais la fin de la prohibition est en marche, si on en juge par le laboratoire du Colorado.
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