Time for Outrage

Published in Le Devoir
(Canada) on 19 July 2014
by Serge Truffaut (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by .

OPD: 19 July 14 Edited by Laurence Bouvard

The case is closed. For whom? Barack Obama. In his mind, there is no doubt, absolutely none, that Vladimir Putin is the chief architect of the rising violence in Ukraine, and is thus responsible for the downed plane. What about Europeans? For now, they are behaving as they usually do—keeping a low profile.

It is little exaggeration to say that the American president made a frontal attack on Vladimir Putin at his press conference yesterday. For proof, just listen to Obama: “We don’t have time for propaganda, we don’t have time for games.” Because what happened in the Ukrainian sky was “not an accident…[It] is happening because of Russian support.” The acceleration and the geographic expansion of violence “is in large part because of Russian support.” If Putin really wanted to put an end to all the brutality, he could have stopped the flow of weapons and troops to the border between Ukraine and Russia.

So that no doubt remains in the minds of those watching the White House that the world is indeed immersed in a new type of Cold War, the American Ambassador to the U.N., Samantha Power, has echoed her boss’s words. After stating that the missile, according to its Russian designation, was an SA-11, she argued that “we cannot rule out technical assistance from Russia to operate it.”

We see, or rather hear, the U.S. having an open, firm reaction to these events. It is likely that this is attributable, at least in part, to the highly offensive stance that Putin has taken in the Kremlin. But what now? According to Putin, the plane crashed in Ukraine, so the Ukrainian army is responsible. Especially since, according to him, it is the Kiev government which established the conditions that transformed a skirmish into a major crisis. Okay.

Since the guardian of Russia’s ambitions and recurring imperial dreams has mentioned conditions, let’s take a look at those relating to the tragedy that has claimed the lives of nearly 300 civilians. On July 16, the day before the missile was fired, Russia announced the closure of four air routes over its border with Ukraine, including the one the Malaysian Airlines plane took over Ukrainian territory. Eleven days prior to the crash, that plane had taken a trip south of the conflict zone. On July 16, the International Civil Aviation Organization warned its 191 country members that the airspace under the control of the two nations, Ukraine and Russia, posed a real danger. We will ignore other non-variable facts to better focus on the irresponsible, even criminal, attitude of the European authorities.

Noticeably different from U.S. officials, Europeans have not banned the airspace of an area the world knows is at war—an area frequented daily by 300 civilian aircraft. The European administration has suggested that planes avoid eastern Ukraine. But that’s it. If British Airways, Air France-KLM and others have taken different routes, three-quarters of companies have decided to keep things the same for monetary reasons. Meanwhile, U.S. officials have had a ban in place extending to the entire Black Sea since Putin’s annexation of Crimea. In short, we repeat, those in charge of European air safety were irresponsible. Especially since, on June 29, pro-Russian rebels bragged on social media that they had acquired Russian-made missile batteries that were the property of Ukraine.

With respect to sanctions, here too, the Europeans have been weak. It is true that American business with Russia accounts for a small percentage of its economy, so it is obviously easier for the White House to impose sanctions. In contrast, in Europe, trade relations, particularly in Germany, are much stronger, so imposing financial punishment on Russia is less … how shall we say it? Less easy.

However, the attitude adopted by European leaders is clearly dictated by the need for goodwill. Before their summit on Wednesday, they had promised, sworn even, to stand up to Putin. The result? They did not deliver what they had promised. Think, in particular, of Angela Merkel, who has opted for … shyness! Ukraine is burning? Merkel and others are keeping their heads down.


L’heure de l’outrage

L’affaire est entendue. Pour qui ? Barack Obama. Dans son esprit, il ne fait aucun doute, absolument aucun, que Vladimir Poutine est l’architecte en chef de l’essor des violences en Ukraine, et donc de l’avion abattu. Les Européens ? Pour l’instant, ils font comme souvent : profil bas.

On exagérera à peine en soulignant que le président américain a attaqué frontalement, lors de sa conférence de presse d’hier, son homologue russe Vladimir Poutine. Pour s’en convaincre, il suffira d’écouter le chef de l’exécutif américain : « Ce n’est pas le temps de faire de la propagande. Ce n’est pas le temps de jouer. » Car ce qui s’est passé dans le ciel ukrainien « n’est pas un accident […] cela a été possible grâce au soutien des Russes ». L’augmentation comme l’expansion géographique des violences « ont été grandement favorisées par les Russes ». Si Poutine avait vraiment voulu mettre un terme à la déclinaison de toutes les brutalités, il lui aurait suffi « de stopper l’afflux d’armes et de troupes » à la frontière commune à l’Ukraine et à la Russie.

Afin qu’aucun doute ne subsiste dans l’esprit des acteurs concernés que pour la Maison-Blanche le monde est bel et bien plongé dans une guerre froide d’un nouveau type, l’ambassadrice américaine à l’ONU, SamanthaPower, a composé une partition au diapason de celle de son patron. Après avoir qualifié le missile selon sa désignation russe, soit un SA-11, cette dernière a martelé « qu’on ne peut pas écarter l’assistance de techniciens russes ».

On le voit, ou plutôt on l’entend, l’exécutif américain a opté pour une réaction dépliée à l’enseigne de la fermeté. Il est probable que cette dernière est attribuable, en partie évidemment, à l’attitude éminemment choquante qu’a choisie le gardien chatouilleux des diktats fixés dans l’enceinte du Kremlin. Mais encore ? Selon Poutine, l’avion s’étant écrasé en Ukraine, l’armée ukrainienne en est responsable. D’autant, toujours selon lui, que c’est bel et bien le gouvernement de Kiev qui a mis en place les conditions d’une escalade afin de métamorphoser la crise actuelle en une crise majeure. Bien.

Puisque le garde-chiourme de l’ambition impériale de la Russie, le rêve impérial, le rêve récurrent, évoque les conditions, attardons-nous à celles afférentes au drame ayant coûté la vie à près de 300 civils. Le 16 juillet, soit la veille du tir du missile, la Russie avait annoncé la fermeture de quatre routes aériennes au-dessus de sa frontière avec l’Ukraine, dont celle empruntée, en territoire ukrainien, par l’avion de la Malaysian Airlines. Dans les onze jours antérieurs à l’écrasement de l’avion, celui-ci avait suivi un trajet situé au sud de la zone de conflit. Le 16 juillet, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) avait averti les 191 pays membres que, l’espace étant sous le contrôle de deux nations, l’Ukraine et la Russie, il y avait un danger réel. On fera l’impasse sur d’autres faits qui ne sont pas des variables pour mieux se pencher sur l’attitude, au demeurant irresponsable, voire criminelle, des autorités européennes.

À la différence notable des responsables américains, les Européens n’ont pas interdit le survol d’une zone dont le monde entier sait qu’elle est en guerre. Une zone fréquentée chaque jour par 300 avions civils. Toujours est-il que l’administration européenne a suggéré l’évitement de l’est de l’Ukraine. Sans plus. Si British Airways, Air France-KLM et quelques autres ont pris divers chemins, les trois quarts des compagnies ont décidé de faire comme d’habitude pour des questions de gros sous. Alors que les fonctionnaires américains ont carrément imposé un interdit d’ailleurs élargi à toute la mer Noire depuis l’annexion de la Crimée par Poutine. Bref, on le répète, les mandarins européens de la sécurité aérienne ont été irresponsables. D’autant que, dès le 29 juin dernier, les rebelles prorusses se vantaient sur les réseaux sociaux d’avoir mis la main sur des batteries de missiles de fabrication russe mais propriétés de l’Ukraine.

En ce qui concerne maintenant les sanctions, là également les Européens ont agi avec faiblesse. Il est vrai que, le commerce des Américains avec les Russes ne totalisant pas 3 %, il est évidemment plus facile, si l’on peut dire, pour la Maison-Blanche de commander un certain nombre de sanctions. À l’inverse, les relations commerciales des Européens, celles des Allemands au premier chef, étant plus volumineuses, le recours à la punition financière est moins… Comment dire ? Moins aisé.

Cela étant, l’inflexion adoptée par les chefs d’État européens est à l’évidence celle dictée par le souci pour le fonds de commerce. Avant leur sommet de mercredi, ils avaient « promis juré » d’être à la hauteur du défi que pose Poutine. Résultat ? Ils ont été en dessous de ce qu’ils avaient avancé. On pense surtout à Angela Merkel, qui a opté pour la… timidité ! L’Ukraine est à feu et à sang ? Merkel et consorts restent des épiciers.
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