Charlie Hebdo: The New York Times Not Publishing Caricatures

Published in Le Nouvel Observateur
(France) on 9 January 2015
by Philippe Boulet-Gercourt (link to originallink to original)
Translated from by Heather Cohu. Edited by Laurence Bouvard.
This major American newspaper has chosen not to disseminate the French weekly’s cartoons, judging them to be “needlessly insulting,” a decision that has provoked much criticism.

They hesitated. All day long. Some published them, only later to remove them. In the end, most major American print media outlets, as well as TV networks, decided not to publish the caricatures from Charlie Hebdo. There are some not-so-rare exceptions: The Wall Street Journal, the Huffington Post, Vox and a few others.

But the big names have made the opposite choice, with difficulty. On Thursday, the public editor of The New York Times let Executive Editor Dean Baquet explain his decision. Baquet admitted that he had spent “about half of [his] day” Wednesday hesitating over what decision to make, before saying “no” to the caricatures on the pretext that they were “pointedly, deliberately or needlessly offensive to members of religious groups.”

A Torrent of Criticism

Consensus? Baquet’s decision was met with a torrent of criticism on the part of readers, and it even troubled the public editor, Margaret Sullivan, who finished her post with: “A review and reconsideration of those standards [of The New York Times concerning the publication of such documents] may be in order in the days ahead.”

What is most remarkable is the quality of the criticism expressed by readers who are roughly five to six times more in favor of condemning the Times’ caution than in supporting it. Some are fierce: “People used to joke that if you wanted to talk about surrender they'd compare you to France. Now they won't but they might start comparing [you] to The New York Times,” writes “VJR.”

“I am deeply offended that Mr. Baquet would dismiss their [the caricaturists’] work as gratuitously insulting — and I doubt they would have risked their lives to do something they considered gratuitous,” notes another reader.

Accusations of Hypocrisy

But the substantive arguments are the most striking ones. One, the Times is being hypocritical. It censored the cartoons, but put the video of Ahmed Merabet’s murder on its website — cutting off only the moment when he is killed. “What image is truly more offensive, the blood of innocent victims or the cartoons?” asks “Liberty Apples.”

The Times has not always been as modest as it is today. “On July 22, 2009, The New York Times published a picture of the artist Andres Serrano, in 1997, with his urine-immersed crucifix,” recalls a reader from California. It “publishes all kinds of things that I'm sure it does not agree with or condone,” adds “TFree Press.” “Like statements from racists or threats relating to religious extremism of any stripe, or quotes from the manifesto of the Unabomber.” “I recall The Times reprinting wildly anti-Semitic cartoons from Iran in the past few years,” says another.

Great Numbers vs. Fear

In addition, the scope of the tragedy must influence the decision whether to publish these cartoons. “Charlie Hebdo published the cartoons because, not despite, the fact that they are provocative,” says “Max Davies.” “You must publish them because your colleagues were murdered for exercising their right to do so, not because you like or approve of them.”

"It sounds reasonable to say that the NYT won't publish the cartoons simply because its standards don't allow needless belittling of any religion. But at the moment, there is a huge need to stand up to these murderers of people and free speech. Big difference here," insists "Dawit Cherie."

And great numbers alone, writes “ellen,” can overcome fear: “There should be an organized effort, perhaps starting with the NY Times, to have every newspaper in America publish the cartoons. […] This is a similar situation to ‘The Interview.’ The terrorist strategy should backfire and present the world with the[se] images in huge numbers.”

Gratuitous Insults?

The term used by Baquet, “gratuitous insults,” is hard for many readers to swallow. “Their targets were not religions but stupidity and violence ("les cons et les salauds" as Charb put it),” writes “Benjamin.” “Josh Hill” went to other sites to see the caricatures in question, after reading the Times’ post, and returned to the Times’ site, completely astonished: “The cartoons were in fact surprisingly mild and amusing.”

Not all hope is lost. “Randall” implores the newspaper: “Please reconsider and publish the cartoons. The cartoons are the story.” It is unlikely, but it is clear that the Times’ self-censorship has not finished making waves, both outside of and inside of the newspaper.


"Charlie Hebdo" : le "New York Times" ne publie pas les caricatures

Le grand journal américain a choisi de ne pas diffuser les dessins de l'hebdomadaire français jugées "inutilement insultantes". Une décision qui provoque de nombreuses critiques.

Ils ont hésité. Toute la journée. Certains les ont publiées, avant de les retirer. Au final, la plupart des grands organes de presse américains, ainsi que les chaînes de télé, ont décidé de ne pas publier les caricatures de "Charlie". Il y a des exceptions, pas si rares que cela : "Wall Street Journal", "Huffington Post", "Vox", et quelques autres.

Mais les grands noms ont font le choix inverse. Péniblement : jeudi, la médiatrice du "New York Times" a donné la parole à Dean Baquet, le patron de la rédaction, pour expliquer sa décision. Il avouait avoir passé "presque la moitié de la journée" de mercredi à hésiter sur la décision à prendre, avant de dire "niet" aux caricatures sous prétexte qu’elles étaient "expressément, délibérément et inutilement insultantes pour des membres de groupes religieux".

Un torrent de critiques

Consensus ? La décision de Baquet a été accueillie par un torrent de critiques, de la part des lecteurs, et elle a même troublé la médiatrice, Margaret Sullivan, qui finit son billet ainsi :

Un examen et une reconsidération des critères [du journal concernant la publication de tels documents] serait peut-être bienvenue dans les jours qui viennent."

Le plus remarquable est la qualité des critiques adressées par des lecteurs qui, au jugé, sont cinq à six fois plus nombreux à condamner la prudence du "Times" qu’à la soutenir. Certains sont saignants :

Les gens avaient coutume de dire que si vouliez parler de reddition, il suffisait de vous comparer à la France. Maintenant, ils pourraient vous comparer au 'New York Times'", écrit "VJR".

"Je suis profondément choqué que Mr. Baquet balaie [le travail des caricaturistes] en le qualifiant d’insultes gratuites – et je doute qu’ils auraient risqué leur vie pour quelque chose qu’ils considéraient gratuit", note un autre lecteur.

Accusations d'hypocrisie

Mais ce sont les arguments de fond qui sont les plus percutants. Un, le "Times" a fait preuve d’hypocrisie. Il a censuré les dessins, mais mis sur son site la vidéo de l’assassinat d’Ahmet Merabet (en tronquant seulement l’instant où il est abattu).

Quelle image est la plus choquante, celle du sang de victimes innocentes, ou les caricatures ?", demande Liberty Apples.

Et le "Times" n’a pas toujours eu ses pudeurs d’aujourd’hui : "Le 22 juillet 2009, le New York Times a publié une image de l’artiste Andres Serrano, en 1997, avec son crucifix immergé dans l’urine", rappelle un lecteur de Californie. Il "publie toutes sortes de choses avec lesquelles je suis sûr qu’il n’est pas d’accord", renchérit "TFree Press". "Comme des déclarations ou menaces émanant de racistes, liées aux extrémismes religieux de tous bords, ou des citations telles que le manifeste d’Unabomber." "Je me souviens du 'Times' reproduisant des caricatures violemment antisémites venues d’Iran, il y a quelques années", dit un autre.

Le nombre contre la peur

Deux, la dimension de la tragédie ne peut pas ne pas avoir d’influence sur la décision de publier ou non ces dessins. "'Charlie Hebdo' a publié ces caricatures à cause, non en dépit du fait qu’elles étaient provocatrices", dit "Max Davies".

Vous devez les publier parce que vos collègues ont été assassinés pour avoir exercé leur droit de le faire, pas parce que vous les approuvez ou non."

"Il semblerait raisonnable de dire que le NYT ne publiera pas les caricatures, simplement parce que ses normes n’autorisent pas une moquerie inutile d’une religion, quelle qu’elle soit. Mais à ce moment précis, il y a un besoin énorme de se dresser contre ces assassins de personnes et de la liberté d’expression. C’est une différence colossale", insiste "Dawit Cherie".

Et seul le nombre, écrit "ellen", peut avoir raison de la peur : "Il devrait y avoir un effort, peut-être en commençant par le ny times, pour que chaque journal en Amérique publie les caricatures (…) C’est une situation similaire à "The Interview". La stratégie terroriste devrait se révéler contre-productive et offrir au monde une quantité énorme [de ces] images."

Des insultes gratuites ?

Trois, le terme d’"insultes gratuites" utilisé par Baquet reste en travers de la gorge de pas mal de lecteurs. "Leurs cibles n’étaient pas les religions mais la stupidité et la violence ("les cons et les salauds", comme disait Charb)", écrit "Benjamin". "Josh Hill", lui, est allé voir lesdites caricatures sur d’autres sites, après avoir lu le billet du "New York Times", et en est revenu tout étonné :

Elles sont en fait, de façon surprenante, soft et marrantes".

Tout espoir n’est pas perdu. "Randall" implore le journal : "S’il vous plaît, reconsidérez votre décision et publiez les caricatures. Les caricatures sont l’histoire". Peu probable, mais il est clair que l’autocensure du "Times" n’a pas fini de faire des vagues, en-dehors et à l’intérieur du journal.
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