The George Floyd matter and the wave of protests that have ensued are putting America’s president on the defensive on two fronts — the pandemic and the issue of racism — which are far from being won, and on which his leadership has proven to be disastrous.
The intolerable spectacle of George Floyd’s agony, the 46-year-old African American man who suffocated under a white officer’s knee on May 25 in Minneapolis, Minnesota, unleashed more than just destructive riots.
The indignation provoked by the murder, caught live on camera, caused a new wave of protests in the United States against racism and police brutality: blacks, whites, Latinos, men and women, from the center-right to the radical left, all peacefully marching side by side across the country in cities like New York, Los Angeles and Seattle, but in a multitude of smaller cities as well. It is no longer an explosion of anger in black ghettos, as the country has encountered so many times in the past, nor a strictly militant mobilization; it is instead an in-depth, multiracial swell of opportunity.
As one single voice, Americans of all origins are not only denouncing racist blunders, but are also proclaiming the obvious fact that is too often forgotten: “Black Lives Matter.” That white individuals, who have ignored it by definition, are widely admitting that the simple act of being black causes fear among the police, and are horrified of such, is in and of itself a new development. The spontaneity of this national movement fueled by indignation reinforces the political sense: marches, organized single-handedly through social media, bringing in people with homemade signs.
On the Defensive
This gratifying and civic jolt counters the hateful image that Donald Trump has given his country. The aggressive attack made by previous Secretary of Defense James Mattis against a president “who tries to divide us,” the perspectives taken in the name of the Constitution by the current holder of the position, Mark Esper, with the presidential threat of sending the National Guard to reestablish order, all reflect a vigor in the democratic debate and a certain isolation of Trump. Even if it is too early to predict Floyd’s impact on the presidential election due in five months, the current emotion and mobilization could change the equation.
Certainly, following Republican Richard Nixon’s example, who was elected in 1968 after the race riots resulting from the assassination of Martin Luther King Jr., Donald Trump can play on his firmness in earning respect for “law and order.” Of course, young black individuals disappointed by Barack Obama will struggle with mobilizing in favor of his ex-vice president, Joe Biden, who just won the majority of the necessary votes for his nomination as Trump’s adversary.
But Trump, who likes to set an agenda, finds himself nonetheless on the defensive on two fronts — the pandemic and the issue of racism — which are far from being won, and on which his leadership has proven to be disastrous: 110,000 deaths due to COVID-19 and an incapacity, it would seem, to recognize the reality of racism within the police force. Not to mention the worst economic crisis since the Great Depression of the 1930s.
Democrat Joe Biden, who recently emerged from the confinement of his home where he broadcast his addresses, needs to campaign in the flesh and prove that he represents a credible alternative to the president whose every word, every act since the murder of George Floyd, rings like a terrible call for a return to the old, racial, civil war in America.
Editorial. L’affaire George Floyd et la vague de protestation qui s’ensuit placent le président américain sur la défensive sur deux terrains – la pandémie et la question raciale – qui sont loin d’être les siens et sur lesquels sa gestion s’avère calamiteuse.
Manifestation contre le racisme et les violences policières, à Boston, le 7 juin. JOSEPH PREZIOSO / AFP
Editorial du « Monde ». Insoutenable, le spectacle de l’agonie de George Floyd, ce Noir américain de 46 ans étouffé sous le genou d’un policier blanc le 25 mai à Minneapolis (Minnesota) n’a pas seulement déclenché des émeutes destructrices.
La révolte qu’a suscitée ce meurtre filmé en direct a provoqué aux Etats-Unis une vague de protestation d’un genre nouveau contre le racisme et les violences policières : Noirs, Blancs, Latinos, hommes et femmes, du centre droit à la gauche radicale, défilent pacifiquement et au coude-à-coude, dans les grandes métropoles comme New York, Los Angeles ou Seattle, mais aussi dans une multitude de petites villes. Il ne s’agit plus d’explosions de colère dans les ghettos noirs, comme le pays en a tant connu dans le passé, ni d’une mobilisation strictement militante, mais d’une opportune lame de fond multiraciale.
D’une seule voix, des Américains de toutes origines non seulement dénoncent les bavures racistes, mais proclament une évidence trop souvent oubliée : « la vie des Noirs compte ». Que des Blancs, qui l’ignorent par définition, admettent massivement la peur de la police que suscite le simple fait d’être noir et s’en scandalisent est en soi nouveau. La spontanéité de ce mouvement national d’indignation en renforce la signification politique : les cortèges, organisés seulement via les réseaux sociaux, rassemblent des porteurs de pancartes fabriquées artisanalement et rédigées par leurs soins.
Sur la defensive
Ce réjouissant sursaut civique contrebalance l’image détestable que donne Donald Trump de son pays. L’attaque virulente de l’ancien secrétaire à la défense James Mattis contre un président « qui essaie de nous diviser », les distances prises, au nom de la Constitution, par l’actuel titulaire du poste, Mark Esper, avec la menace présidentielle d’envoyer l’armée rétablir l’ordre, reflètent une vigueur du débat démocratique et un certain isolement de M. Trump. Même s’il est bien trop tôt pour prédire l’effet de l’affaire George Floyd sur une présidentielle prévue dans cinq mois, l’émotion et la mobilisation en cours pourraient en modifier l’équation.
Certes, à l’instar du républicain Richard Nixon, élu en 1968 après les émeutes raciales consécutives à l’assassinat de Martin Luther King, Donald Trump peut jouer sur sa fermeté à faire respecter « la loi et l’ordre ». Certes les jeunes Noirs déçus par Barack Obama auront du mal à se mobiliser en faveur de son ex-vice-président, Joe Biden, qui vient d’atteindre la majorité des délégués nécessaires à sa nomination comme adversaire de M. Trump.
Mais ce dernier, qui aime tant fixer l’agenda, se trouve désormais sur la défensive sur deux terrains – la pandémie et la question raciale – qui sont loin d’être les siens et sur lesquels sa gestion s’avère calamiteuse : 110 000 morts du Covid-19 et une incapacité ne serait-ce qu’à reconnaître la réalité du racisme dans la police. Sans compter la plus grave crise économique depuis la Grande Dépression des années 1930.
Au démocrate Joe Biden, qui vient de sortir du sous-sol confiné de sa maison, d’où il diffusait ses discours, pour faire campagne en chair et en os, de prouver qu’il représente une alternative crédible à un président dont chaque parole, chaque acte depuis le meurtre de George Floyd, sonne comme un terrible appel au retour de la vieille guerre civile raciale américaine.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link
.