The WikiLeaks saga continues, in a frenzied atmosphere fed by U.S. authorities. Yesterday, the vice president of the United States of America, Joe Biden, donned his Dick Cheney costume to declare that Julian Assange, the face of the nebula, was a "high-tech terrorist.”
Yes, a terrorist. Nothing less!
If you thought that stupidity had no place at the White House since the Cheney-Bush duo packed up their stuff, think again. ...
Much nonsense has been said about WikiLeaks — an unusual pest — since the nebula began to publish American diplomatic cables. Biden is just the latest in a large group of politicians to cry wolf upon the sight of Julian Assange.
There is also a lot of bull: The U.S. Air Force and the Library of Congress (!) no longer allow their computers to connect to WikiLeaks. We are swimming in delirium. We forget that employees of the U.S. Air Force and the Library of Congress likely have computers at home, where they can connect to the site. ...
We mostly make WikiLeaks out to be a very convenient bogeyman in these paranoid times. Fortunately, there are reasonable voices that inject a bit of insight into the fray. One such voice is that of Thomas Blanton.
At George Washington University, Dr. Blanton* leads the National Security Archive, which takes an inventory of, for purposes of historical analysis, “declassified” (as they say in intelligence jargon) government documents — that are no longer secret. Before Congress last Thursday, this “made in the USA” intelligence-maze expert urged parliamentarians to take a deep breath. "Leaks have always existed," he said, "and attempts to counter them are almost always counterproductive."**
Is WikiLeaks a terrorist organization? Three days before Vice President Biden’s remarks, Mr. Blanton was incredibly sarcastic.
"I wish all terrorist groups would write the local U.S. ambassador for a few days before they are launching anything — the way Julian Assange wrote Ambassador Louis Susman in London on Nov. 26 — to ask for suggestions on how to make sure nobody gets hurt.
I wish all terrorist groups would partner up with Le Monde and El Pais and Der Spiegel and The Guardian and The New York Times, and take the guidance of those professional journalists on what bombs go off and when and with what regulators. Even to make the comparison tells the story — WikiLeaks is not acting as an anarchist group, even remotely as terrorists, but as a part of the media, as publishers of information, and even more than that — the evidence so far shows them trying to rise to the standards of professional journalism.”
Blanton is not the only one to moderate WikiLeaks’ actions. Unfortunately, those in his camp are drowned by a tsunami of paranoia. And so, Joe Biden confirmed that the U.S. Department of Justice is seeking ways to criminalize Assange for having published these secrets.
If in the near future a U.S. journalist publishes Chinese or Russian state secrets, we cannot wait to see Biden explain why China or Russia would be wrong to demand the extradition of that American journalist.
"Almost all of the proposed cures … are worse than the disease," explained Blanton. The real danger of "WikiMania" is that we could return to a notion of secrets worthy of the Cold War, the kind of thinking that left us exposed before Sept. 11, 2001; to prosecutions under the Espionage Act, which are a waste of public funds and which are ultimately dropped; [and] to pressures on ISPs akin to censorship inspired more by the Chinese state power model than to the first amendment of the U.S. Constitution.
Everything Thomas Blanton testified before Congress is known. Anyone who knows anything knows that WikiLeaks is not acting as a digital al-Qaida. Anyone who does not buy the political-patriotic propaganda of the day recalls Secretary of Defense Robert Gates’ official report about the WikiLeaks revelations in early December: annoying, yes; devastating, no.
Knowing all this, why the holy war waged by the United States against WikiLeaks?
Maybe this is not a war, exactly. Maybe it's just another battle in a separate holy war — that which launched in 2001 against terrorism, in whose name Americans have accepted all sorts of nonsense, from the invasion of Iraq and the groping of their family jewels in airports, to the use of torture to make "enemy combatants," who have been accused of nothing, speak.
This is why, of course, they will meekly accept an example to be made of Assange. On behalf of the war on terrorism today, everything is justified.
*Editor’s Note: Thomas Blanton is the director of the National Security Archive at George Washington University in Washington, D.C.
**Editor’s Note: This quote, accurately translated, could not be verified.
L'épouvantail WikiLeaks
La saga WikiLeaks se poursuit, dans une atmosphère de délire alimentée par les autorités américaines. Hier, le vice-président des États-Unis d'Amérique, Joe Biden, a enfilé son costume de Dick Cheney pour décréter que Julian Assange, le visage de la nébuleuse, était un «terroriste hi-tech».
Oui, un terroriste. Rien de moins!
Si vous pensiez que la bêtise n'avait plus droit de cité à la Maison-Blanche depuis que le duo Cheney-Bush avait fait ses boîtes, think again...
Il se dit beaucoup de niaiseries, autour de WikiLeaks, une bibitte hors normes, depuis que la nébuleuse a commencé à publier des câbles diplomatiques américains. Biden n'est que le dernier d'une belle brochette de politiciens qui crient au loup en voyant la tête de Julian Assange.
Il se fait aussi beaucoup de conneries: la US Air Force et la Bibliothèque du Congrès (!) ne permettent plus à leurs ordinateurs de se brancher sur WikiLeaks. On nage en plein délire. On oublie que les employés de la US Air Force et de la Bibliothèque du Congrès ont fort probablement des ordis, à la maison, d'où ils peuvent se brancher sur le site...
On fait surtout de WikiLeaks un bonhomme Sept-Heures très commode, en ces temps de paranoïa sécuritaire. Heureusement, il y a des voix raisonnables qui injectent un peu de lucidité dans la mêlée. Une de ces voix est celle de Thomas Blanton.
À la George Washington University, M. Blanton dirige les National Security Archives qui recensent, à des fins d'analyse historique, des documents gouvernementaux «déclassifiés», comme on dit dans le jargon du renseignement. Qui ne sont plus secrets. Devant le Congrès américain, jeudi dernier, cet expert des dédales du renseignement made in USA a exhorté les parlementaires à respirer par le nez: les fuites ont toujours existé, dit-il, et les moyens de les contrer sont presque toujours contre-productifs.
WikiLeaks est-elle une organisation terroriste? Trois jours avant les propos du vice-président Biden, M. Blanton a été sarcastique à souhait.
«J'aimerais que tous les groupes terroristes écrivent à l'ambassadeur américain local, comme Assange l'a fait à l'ambassadeur Louis Susman à Londres, le 26 novembre, pour demander des suggestions afin qu'aucune source confidentielle ne soit blessée (par ces révélations). J'aimerais que tous les groupes terroristes s'allient au Monde, au El Pais, au Der Spiegel, au Guardian et au New York Times, et qu'ils acceptent les conseils de journalistes professionnels pour déterminer quelles bombes vont exploser, où et avec quels détonateurs. Tout indique que WikiLeaks ne se comporte pas comme un groupe anarchiste ou terroriste, mais comme un groupe qui publie selon des normes se rapprochant de celles du journalisme professionnel.»
Blanton n'est pas le seul à nuancer les actions de WikiLeaks. Malheureusement, ceux de son camp sont noyés dans un tsunami de paranoïa. Ainsi, Joe Biden a confirmé que le ministère de la Justice des États-Unis cherche des moyens d'accuser Assange au criminel pour avoir publié ces secrets d'État.
Si un journaliste américain, dans un avenir rapproché, publie des secrets d'État chinois ou russes, on a bien hâte de voir M. Biden expliquer en quoi la Chine ou la Russie auraient tort d'exiger l'extradition dudit journaliste américain...
«Presque tous les remèdes aux fuites sont pires que le mal qu'ils prétendent soigner, a expliqué Thomas Blanton. Le vrai danger de la "Wikimanie" est que nous pourrions revenir à des notions de secrets dignes de la guerre froide, au genre de pensée en silos qui nous a laissés à découvert avant le 11 septembre 2001; à des poursuites en vertu de la Loi sur l'espionnage qui ne sont que du gaspillage de fonds publics et qui sont ultimement abandonnées; à des pressions sur les fournisseurs d'accès internet qui s'apparentent à de la censure inspirée davantage du modèle chinois de contrôle d'État que du premier amendement» de la Constitution américaine.
Tout ce que Thomas Blanton a évoqué devant le Congrès est connu. Quiconque se renseigne un peu sait que WikiLeaks n'agit pas comme un Al-Qaïda numérique. Quiconque n'achète pas la propagande politico-patriote du moment se souvient du constat de Robert Gates, secrétaire à la Défense, à propos des révélations de WikiLeaks, début décembre: emmerdantes, oui; dévastatrices, non.
Sachant tout cela, comment expliquer la guerre sainte menée par les États-Unis contre WikiLeaks?
Peut-être que ce n'est pas une guerre, justement, peut-être que c'est seulement une autre bataille d'une autre guerre sainte, celle lancée en 2001 contre le terrorisme, au nom de laquelle les Américains ont accepté un tas de bêtises, de l'invasion de l'Irak au tripotage de leurs bijoux de famille dans les aéroports en passant par le recours à la torture pour faire parler des «combattants ennemis» qui n'ont été accusés de rien.
C'est pourquoi, bien sûr, ils vont accepter docilement qu'on fasse d'Assange un exemple. Au nom de la guerre au terrorisme, aujourd'hui, tout se justifie.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link
.
It wouldn’t have cost Trump anything to show a clear intent to deter in a strategically crucial moment; it wouldn’t even have undermined his efforts in Ukraine.