One Year of Louisiana Oil Slick

Published in Libération
(France) on 19 April 2011
by Lorraine Millot (link to originallink to original)
Translated from by Allison Ahlgrim. Edited by Rica Asuncion-Reed.
Barely a year after the explosion of the Deepwater Horizon oil rig off the Louisiana coast, this is how Bay Jimmy has fared, about 60 kilometers south of New Orleans. Oil has been washing up there since at least June, reports Capt. Zach Mouton, who took us and a team of ecologists from the Gulf Restoration Network to survey the damage.

All along the sullied coastline, the only visible measure of protection seems to be propane cannons, to scare off the birds and prevent them from getting bogged down in oil. Every few seconds, they sound a dull, gloomy tone, which provides a nice soundtrack to the drama.

Half an hour further by boat, on Grand Terre Island, the oil has seeped into the old vaulted cellars of Fort Livingston, constructed beginning in 1834 to protect New Orleans. Traces of oil are clearly seen on the cave walls. Jonathan Henderson, the guide from the GRN, used a stick to mop up an oily-smelling black paste. It wasn’t too strong of a smell, but the aroma resembled fresh asphalt or a gas station as it approached our noses.

Tar pellets littered the beach around Fort Livingston. The GRN experts pointed out the freshest ones, which could have come from either the Macondo wells drilled by BP after the Deepwater Horizon explosion, or from another spill. In March, an old, unused Anglo-Suisse well started leaking — a well which the company had supposedly sealed. This is a further reminder of how frequent oil spills are in the Gulf of Mexico. Last year’s accident was not exceptional because it happened, but instead because of its severity and the size of the well. In some places around Fort Livingston, oil mixed in with the sand. It had the appearance and consistency of homemade chocolate cake, but still smelled like oil. “The older oil is definitely from the BP spill,” explained Henderson. “And we don’t really see any cleanup crews from BP like they show on TV commercials. This place is abandoned, away from public view, so they don’t do anything.”*

Still, it’s misleading to only show places sullied by the oil slick. As BP’s former CEO, Tony Hayward, said last year (with worse intentions), “the Gulf of Mexico is a very big ocean,” and the amount of oil being dumped in is “tiny” compared to the volume of water being churned around. We had every chance on our boat ride of not seeing any of the decimated coastline.

On Queen Bess Island, the nesting brown pelicans gave off the feeling of a Hitchcock film. The swarm of flying birds seemed to retain perfect dominion over their lands.

In Venice — at less than 80 kilometers away from the rig explosion, the nearest place to the accident — the fishermen proudly displayed their magnificent blue crabs and sheepshead fish that they have fished and eaten all throughout the past year, in waters quite close to the exploded rig.

Below, Matt O’Brien, owner of four fishing warehouses in Venice, showed off a sheepshead fish in his refrigerated truck.

To finish our tour, Capt. Zach Mouton took us from the sullied coasts closest to New Orleans to several small fishing villages that are now sinking into the swamp.

But this is not BP’s fault. Here, the diking of the Mississippi is to blame; it limits sediment dispersion to a few hollowed-out channels used by the entire oil industry and to hurricanes, like Katrina, which occasionally devastate the region. These factors have all contributed to Louisiana’s sinking swamps over the last century, which even now are creeping up on New Orleans. Our boat’s GPS used maps up to 30 years old, and indicated land where our widened eyes only saw blue sea drowning the land underwater. This house will most likely also complete its dive very soon. This phenomenon is even more serious than last year’s oil slick accident, according to fishermen and scientists alike. But it lacks spectacle, and there’s no rich British oil company to indict for the crime.

*Editor's note: This quote, while accurately translated, could not be verified.


Un an tout juste après l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon au large de la Lousiane, voici à quoi ressemble la baie Jimmy, une soixantaine de kilomètres au sud de la Nouvelle-Orléans. Le pétrole est là depuis juin dernier au moins, raconte le capitaine Zach Mouton qui nous a emmené voir les dégâts avec une équipe d'écologistes du Gulf Restoration Network.

Tout le long de la côte souillée, la seule mesure de protection visible sont ces canons à propane, pour effrayer les oiseaux et les dissuader de venir s'engluer dans le pétrole. Toutes les quelques secondes, ils émettent un bruit sourd et lugubre, qui met bien en musique le drame.

A une demi-heure de là en bateau, sur l'île de Grand Terre, le pétrole s'est coulé dans les anciennes caves voutées du Fort Livingston, un fort construit à partir de 1834 pour protéger la Nouvelle-Orléans. Sur les murs, on distingue bien la trace du pétrole. Jonathan Henderson, notre guide du Gulf Restoration Network, montre en plongeant un bâton comment récolter une pâte noire qui sent le pétrole. L'odeur n'est pas très forte, mais en approchant le nez, le fumet rappelle l'asphaltage d'une route ou une visite à la station-service.

Sur la plage qui entoure le Fort Livingston, des boulettes de goudron. Certaines sont toutes fraîches, signalent les experts du Gulf Restoration Network. Elles peuvent provenir non seulement du puits Macondo que BP faisait forer l'an dernier quand la plate-forme Deepwater Horizon a explosé, mais aussi d'un autre accident survenu en mars: la fuite d'un puits désaffecté que la compagnie Anglo-Suisse était censée sceller. Cela rappelle d'ailleurs que les épanchements de pétrole sont fréquents dans le golfe du Mexique. L'accident de l'an dernier n'avait d'exceptionnel que sa gravité et l'ampleur de la fuite. Par endroits, autour du Fort Livingston, le pétrole s'est mélangé au sable. L'apparence et la consistance est celle d'un gâteau au chocolat fait maison, mais l'odeur là encore est celle du pétrole. "Ce pétrole plus ancien est bien celui de BP, explique Jonathan Henderson. Et l'on ne voit guère ici les nettoyeurs de BP montrés dans les pubs à la télévision. L'endroit est abandonné, loin des regards, donc rien n'est fait".

Il serait trompeur pourtant de ne montrer que ces endroits souillés par la marée noire. Comme le disait, fort mal à propos, l'ancien patron de BP Tony Hayward l'an dernier, le golfe du Mexique "est un très grand océan" et la quantité de pétrole déversée "minuscule" par rapport aux volumes d'eau ici brassés. En se baladant aujourd'hui en bateau au large de la Louisiane, on a toutes chances de ne rien voir de ces quelques côtes décimées.

Sur l'île de Queen Bess, où viennent nicher les pélicans bruns, on se croirait plutôt dans le film de Hitchcock, pris sous un essaim de volatiles qui semblent restés parfaitement maîtres des lieux.

A Venice, le point le plus près, à moins de 80 kilomètres de l'explosion de la plate-forme, les pêcheurs montrent fièrement aussi les magnifiques crabes bleus ou les spares têtes de mouton qu'ils ont continué de pêcher et consommer toute cette année, dans des eaux souvent très proches de l'accident.

Ci-dessous, Matt O'Brien, patron d'un des quatre docks de pêche de Venice, avec un spare tête de mouton, dans son camion frigorifique.




Pour finir, le capitaine Zach Mouton, qui nous a fait faire le tour des côtes souillées les plus proches de la Nouvelle-Orléans, nous emmène aussi voir un des nombreux petits villages de pêcheurs en train de s'écrouler dans le marécage.

Ici, la faute ne revient pas à BP, mais plutôt à l'endiguement du Mississippi qui limite les apports de sédiments, aux canaux creusés pour servir toute l'industrie pétrolière ou aux ouragans comme Katrina qui dévastent périodiquement la région. Tous ces facteurs contribuent à l'engloutissement des marais de Louisiane, qui se poursuit depuis plus d'un siècle et menace maintenant la ville même de la Nouvelle-Orléans. Sur le GPS de notre bateau, dont les cartes remontent à une trentaine d'années, partout sont signalés des terres qui, on a beau écarquiller les yeux, ne sont plus aujourd'hui que des fonds sous-marins, noyées sous les flots bleus. Selon toute vraisemblance, cette maison aussi achèvera bientôt son plongeon. Le phénomène est autrement plus grave encore que la marée noire de l'an dernier, soulignent pêcheurs et scientifiques de la région, mais c'est moins spectaculaire, et il n'y a pas là une riche compagnie pétrolière britannique à qui imputer le crime.
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