Romney vs. Leviathan: Who Will Win?

Published in La Tribune
(France) on 23 April 2012
by Pierre Lemieux (link to originallink to original)
Translated from by Eliza Perrotta. Edited by Laurie Henneman.
Pierre Lemieux is a professor at the University of Quebec in Ottawa and author of “Une crise peut en cacher une autre” ["One crisis may mask another"], (Les Belles Lettres, 2010).


Many observers believe that the American presidential campaign, in which Barack Obama will likely run against Mitt Romney, will center on the subject of government size. The Economist magazine (which supported Obama in 2008) echoed this last week. The Republican candidate, urged by the Tea Party, will suggest reducing the size of government, whereas the Democratic president, supported by trade unions and leftist intellectuals, will defend the status quo; in other words, fattening government even more.

It isn’t clear whether this debate will define the electoral campaign. One reason is the possibility that the candidates will converge toward the middle, a complex matter I will come back to in future columns. But if this does become the theme of the campaign, Mr. Romney will find himself on dangerous ground, as he does not have much up his sleeve to attack the size of federal government, which has now reached 24 percent of the U.S. GDP (with state and local administrations adding another 11 percent). He promises to bring federal expenses down to 20 percent of the GDP, slightly above the average 19 percent of the past forty years. But he does not know how, and with good reason.

The worn out plan to shrink government by “reduc[ing] waste and fraud,” that Mr. Romney picked up, will go nowhere. This objective is part of well known political sawmills: Ronald Reagan already raised this issue without much success during the '80s; Barack Obama’s last budget included the same terms. However, one could estimate that raising productivity of federal employees by 25 percent would allow at most a reduction of 2 to 5 percent of federal government spending, barely a drop of water in a sea of deficit equal to 30 percent of federal spending.

During both his terms, Ronald Reagan made federal expenses drop from 22 to 21 percent of the GDP — mostly because economic growth made the denominator go up. The harsh reality, which Ronald Reagan came up against and which will haunt Mitt Romney’s White House, is that is it impossible to reduce the U.S. federal government without a radical rethinking of the missions it undertakes.

The numbers speak for themselves. Mr. Romney basically promises not to touch public pensions (Social Security), or health insurance for older Americans (Medicare), or national defense. These three spending categories respectively make up 23 percent, 15 percent and 24 percent of federal spending programs (expenses other than interest). Their total exceeds 60 percent of expenses. It is therefore only on 40 percent of the budget that Mr. Romney can plan cuts. This is a bad start.

The Republican candidate promises that yearly federal spending will be reduced by 13 percent by the end of his first term. Since this 13 percent only aims at 40 percent of spending, it means that he needs to reduce by a third those non-untouchable expenses, which include public healthcare for the poor (Medicaid), income security and education — especially grants of this type to the states and local administrations. It’s going to end badly.

It’s understandable that Mr. Romney is stingy with the details on the nature of the cuts. The very broad examples he gives on his website barely add up to $300 billion in savings, which is less than two thirds of the goal he has in mind.

Once again: reducing federal government spending in a significant manner would require radically challenging government interventionism and the power of the state. Now, it is doubtful that Mr. Romney, who lacks a well-defined philosophy, would want to take on such a challenge. Like other conservatives, he does not hate government power, as long as it serves his own values. And even if he genuinely wanted to reduce the size of the government, it is even more doubtful he would be able to do so. He would fail, just as Ronald Reagan did before him.

In the U.S., just as elsewhere in the world, government seems out of control. It carries the name Leviathan very well, just as Thomas Hobbes called it with admiration in his book in 1651.


Romney contre Léviathan : qui va gagner ?

Pierre Lemieux
Pierre Lemieux est professeur associé à l'université du Québec en Outaouais et au-teur de « Une crise peut en cacher une autre » (Les Belles Lettres, 2010).
Plusieurs observateurs croient que la campagne à la présidence américaine, où Barack Obama affrontera vraisemblablement Mitt Romney, sera axée sur le thème de la taille de l'État. Le magazine The Economist (qui avait soutenu Obama en 2008) s'en est fait l'écho la semaine dernière. Le candidat républicain, aiguillonné par le Tea Party, proposerait de réduire la taille de l'État, alors que le président démocrate, porté par les syndicats et les intellectuels de gauche, défendra le statu quo, voire la nécessité d'engraisser l'État davantage.

Il n'est pas certain que ce débat définira la campagne électorale. Une raison concerne la possibilité que les candidats convergent vers le centre, une question complexe sur laquelle je reviendrai dans des chroniques ultérieures. Mais si tel était le thème de la campagne, M. Romney se retrouverait en terrain dangereux, car il n'a pas grand-chose dans sa manche pour attaquer la taille de l'État fédéral, qui atteint maintenant 24% du PIB américain (les États et les administrations locales y ajoutent 11%). Il promet de ramener les dépenses fédérales à 20% du PIB, légèrement au-dessus du ratio moyen de 19% des quarante dernières années. Mais il ne sait pas comment faire, et pour cause.

Le projet usé d'amincir l'État en « réduisant le gaspillage et la fraude », que M. Romney reprend, ne mènera nulle part. Cet objectif fait partie des scies politiciennes connues : Ronald Reagan l'avait déjà invoqué sans grand succès durant les années 1980 ; le dernier budget de Barack Obama l'a repris dans les mêmes termes. Or, on peut calculer qu'augmenter la productivité des fonctionnaires fédéraux de 25% permettrait au grand maximum de réduire les dépenses de l'État fédéral de 2% à 5%, presqu'une goutte d'eau dans la mare d'un déficit qui équivaut à 30% des dépenses fédérales.

Au cours de ses deux mandats, Ronald Reagan avait fait passer les dépenses fédérales de 22% à 21% du PIB, et ce en bonne part parce que la croissance économique avait poussé le dénominateur à la hausse. La dure réalité, à laquelle s'était heurté Ronald Reagan et qui viendrait hanter la Maison Blanche de Mitt Romney, est qu'il est impossible de réduire l'État fédéral américain sans une remise en question radicale des missions qu'il s'est arrogées.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. M. Romney promet en gros de ne pas toucher aux retraites publiques (la Social Security), ni à l'assurance-maladie des Américains âgés (Medicare), ni à la défense nationale. Ces trois catégories de dépenses comptent respectivement pour 23%, 15% et 24% des dépenses fédérales de programmes (les dépenses autres que d'intérêt). Leur total dépasse 60% des dépenses. C'est donc seulement dans 40% du budget que M. Romney envisage des coupures. Ça commence mal.

Le candidat républicain promet que les dépenses fédérales annuelles auront été réduites de 13% à la fin de son premier mandat. Ces 13% ne visant que 40% des dépenses, c'est du tiers qu'il devrait réduire ces dépenses non intouchables, qui comprennent essentiellement l'assurance-maladie publique pour les pauvres (Medicaid), la sécurité du revenu et l'éducation - et surtout les subventions à ce titre aux États et aux administrations locales. Ça va mal finir.

On comprend que M. Romney soit avare de précisions sur la nature des coupes. Les exemples très généraux qu'il donne sur son site web produisent à peine plus de 300 milliards de dollars d'économies, soit moins des deux tiers de l'objectif qu'il se fixe.

Répétons-le : réduire les dépenses de l'État fédéral de manière significative exigerait de remettre radicalement en cause l'interventionnisme étatique et le pouvoir de l'État. Or, il est fort douteux que M. Romney, qui n'a pas de philosophie bien campée, veuille procéder à une telle remise en cause. À l'instar des conservateurs, il ne déteste pas le pouvoir étatique, pourvu qu'il serve ses propres valeurs. Et même s'il souhaitait vraiment réduire la taille de l'État, il est encore plus douteux qu'il soit capable d'y arriver : il échouerait tout comme Ronald Reagan avant lui.

En Amérique comme ailleurs dans le monde, l'État semble incontrôlable.Il porte bien le nom de Léviathan dont le philosophe Thomas Hobbes, dans son livre de 1651, l'avait avec admiration baptisé.
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