The American Exception

Published in Le Point
(France) on 25 October 2012
by Pierre-Antoine Delhommais (link to originallink to original)
Translated from by Amelie Filliatre. Edited by Molly Rusk  .
Goldman Sachs employees are ungrateful. Four years ago, they were among the most generous contributors to Barack Obama’s presidential campaign. This time around, according to the Wall Street Journal, 75 percent of their donations went to Republican candidate Mitt Romney. And yet they do not have much call to complain about President Obama’s mandate. While it is true that the president called them “fat cats,” he has also allowed them to carry on playing the game at which they excel: pure and unbridled speculation. Goldman Sachs has just announced a third quarter net profit of $1.5 billion and company executives should receive bonuses averaging around $500,000 for the year 2012. “Yes they can.”

Goldman Sachs, then, is as healthy as it is hated, Wall Street is in good shape (up 11 percent since Jan. 1) and the American economy is doing better —at least, much better than that of the Eurozone. But, to be fair, that is not saying much. The unemployment rate, which had reached 10 percent in late 2009, has just gone back down below 8 percent. Credit cards are once again burning holes in the pockets of consumers, whose spirits have perked up. Even the property market, where the subprime virus originated, is recovering.

As a result, while the European GDP will fall 0.2 percent this year, that of the United States will increase by 2.3 percent. This is a much slower rate than before the financial meltdown, but it is enough for Barack Obama to enter the election race as a favorite. It is also enough to induce jealousy in all the European leaders who lost political power because of this crisis, which originated in the United States.

To paraphrase the words of Boris Cyrulnik, the American economy has once again shown its power of resilience, its capacity to rebuild itself after a devastating blow, as it did after the Internet bubble burst. From one blow to another, economists always provide the same explanations: better reactivity of financial policies, the flexibility of the job market and technical innovations associated with the excellence of universities, which attract the best brains on the planet, allowing for substantial gains in productivity.

The novelty is that America is becoming re-industrialized, which is the big difference between the U.S. and the Eurozone. Manufacturing production has almost returned to its pre-crisis level, whereas in Europe it is still 12 points below pre-crisis level. The U.S. is not as incredibly lucky as we are to have a “Minister of Production Recovery.” They do, however, have shale gas, which they are exploiting massively. This is consequently reducing their energy bill and thus their production costs (one can naturally only hope that the environmental impact was measured properly, that groundwater sources are not going to dry up and that rivers will continue to flow in Montana and elsewhere). It remains that production costs have been so greatly reduced that American businesses have been prompted to relocate their China-based factories, where wages are rising rapidly. According to the Boston Consulting Group, in 2015, tires made in the U.S. will be only 2.5 percent more expensive than those produced in China.

Today, thanks to the charisma of its president and, more importantly, to its rich underground resources, America has become again a conquering America. It seems the page has been turned on declinism. Indeed. The country remains faced with inequality and, notably, a poverty rate that has soared as never before under Obama’s mandate (over 10 million poor), which is somewhat embarrassing for a left-leaning White House occupant.

Moreover, while American companies are bursting with cash ($100 billion for Apple), the State is close to bankruptcy. Taking advantage of the dollar’s status as reserve currency and of the servility of the Fed, which had the printing presses cranking night and day to buy Treasury bonds, President Obama turned a blind eye to the degradation of public finances. In 2012, the budget deficit has reached 7 percent. In the space of four years, the public debt has gone from $10,000 billion to $16,000 billion, rising twice as fast as France’s debt. If the United States were a Eurozone country, the troika (IMF, ECB and EC) would have long ago given them a financial rebuke and prescribed them a compulsory cure of austerity.

Mitt Romney maintains that his country is following in Greece’s footsteps. It certainly will if he is elected and his tax cut policy is implemented, the Democrats retort. President Obama’s friends are not necessarily wrong, but they could be more right if they themselves offered credible solutions to rebalance the budget. This is not the case. In itself, it is already highly problematic to reduce a national debt, but it becomes mission impossible in a country allergic to taxes and fascinated by its own military supremacy. In the United States, a public taking of accounts is approaching. At last.


Les salariés de Goldman Sachs sont des ingrats. Il y a quatre ans, ils avaient figuré parmi les contributeurs les plus généreux au financement de la campagne de Barack Obama. Cette fois, selon le Wall Street Journal, 75 % de leurs dons se sont portés vers le candidat républicain Mitt Romney. Ils n'ont pourtant pas lieu de se plaindre du mandat de M. Obama, qui les a certes traités un jour de "fat cats", mais leur a permis de continuer à pratiquer ce jeu où ils excellent : la spéculation pure et dure. Goldman Sachs vient d'annoncer 1,5 milliard de dollars de bénéfice net au troisième trimestre, et ses cadres devraient toucher en moyenne autour de 500 000 dollars de bonus pour l'année 2012. "Yes they can."



Goldman Sachs, donc, va aussi bien qu'elle est haïe, Wall Street est en forme (+ 11 % depuis le 1er janvier), et l'économie américaine va mieux. Nettement mieux en tout cas que celle de la zone euro, ce qui certes n'est pas bien difficile. Le taux de chômage, qui avait atteint 10 % fin 2009, vient de repasser sous la barre des 8 %, les cartes de crédit brûlent de nouveau les doigts de consommateurs qui ont retrouvé le moral. Même le marché immobilier, d'où était parti le virus des subprimes, se redresse.

Résultat, quand le PIB européen reculera de 0,2 % cette année, celui des États-Unis progressera de 2,3 %. Un rythme beaucoup moins rapide que celui observé avant la débâcle financière, mais suffisant pour que Barack Obama se présente en favori à l'élection. De quoi donner des bouffées de jalousie à tous les leaders politiques européens qui, eux, ont été chassés du pouvoir par cette crise made in USA.

Pour parler comme Boris Cyrulnik, l'économie américaine a une nouvelle fois fait la preuve de sa résilience, de sa capacité à se reconstruire après un choc dévastateur. Comme cela avait déjà été le cas après l'éclatement de la bulle Internet. D'un choc à l'autre, les économistes avancent toujours les mêmes explications : plus grande réactivité des politiques budgétaire et monétaire, flexibilité du marché du travail, innovations techniques liées à l'excellence d'universités attirant les meilleurs cerveaux de la planète et permettant d'importants gains de productivité, etc.

La grande nouveauté, et la grande différence avec la zone euro, c'est que l'Amérique se réindustrialise. La production manufacturière est quasi revenue à son niveau d'avant la crise, alors qu'en Europe elle y est toujours inférieure de 12 points. Pourtant les États-Unis n'ont pas cette chance inouïe d'avoir un ministre du Redressement productif. Ils ont en revanche du gaz de schiste, qu'ils exploitent massivement, avec pour conséquence de réduire la facture énergétique, et donc les coûts de production (il faut bien sûr espérer que l'impact environnemental a été bien mesuré, que les nappes phréatiques ne vont pas s'assécher et qu'au milieu continueront de couler les rivières dans le Montana et ailleurs). Toujours est-il que les coûts baissent tellement qu'ils commencent à inciter les entreprises américaines à relocaliser leurs usines installées en Chine, où les salaires progressent à toute vitesse : selon le Boston Consulting Group, les pneus fabriqués aux États-Unis ne coûteront en 2015 que 2,5 % plus cher que ceux produits en Chine.

Grâce au charisme de son président et surtout à la richesse de son sous-sol, l'Amérique serait donc redevenue aujourd'hui une Amérique conquérante ayant tourné la page du déclinisme. Voire. D'abord, elle reste confrontée à des inégalités et surtout à une pauvreté qui ont explosé comme jamais sous le mandat de M. Obama (plus de 10 millions de pauvres), ce qui est un peu gênant pour un locataire de la Maison-Blanche étiqueté à gauche.

Surtout, si les entreprises américaines regorgent de cash (100 milliards de dollars pour Apple), l'État, lui, est au bord de la banqueroute. Profitant du statut de monnaie de réserve du dollar et de la servilité de la Fed qui a fait fonctionner jour et nuit la planche à billets pour acheter des bons du Trésor, M. Obama a fermé les yeux sur la dérive des finances publiques. Le déficit budgétaire a atteint 7 % en 2012 ; en quatre ans, la dette publique est passée de 10 000 à 16 000 milliards de dollars, augmentant deux fois plus vite qu'en France. Si les États-Unis étaient un pays de la zone euro, il y a bien longtemps que la troïka (FMI, BCE, Commission) lui aurait remonté les bretelles budgétaires et imposé une cure d'austérité.

Mitt Romney affirme que son pays est sur le même chemin que la Grèce. Surtout s'il est élu, rétorquent les démocrates, et que sa politique d'offre et de baisse d'impôts tous azimuts est mise en oeuvre. Les amis de M. Obama n'ont pas forcément tort, mais ils auraient encore plus raison si eux-mêmes proposaient des solutions crédibles pour rééquilibrer le budget. Ce n'est pas le cas. Il est déjà problématique en soi de réduire la dette d'un État, mais cela devient mission presque impossible dans un pays allergique à l'impôt et fasciné par sa toute-puissance militaire. Aux États-Unis, l'heure des comptes publics approche. Enfin.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Spain: A NATO Tailor-Made for Trump

OPD 26th June 2025, edited by Michelle Bisson Proofer: See...

Germany: Trump’s Disappointment Will Have No Adverse Consequences for Putin*

             

Palestine: Ceasefire Not Peace: How Netanyahu and AIPAC Outsourced Israel’s War to Trump

China: 3 Insights from ‘Trade War Truce’ between US and China

Singapore: The US May Win Some Trade Battles in Southeast Asia but Lose the War

Topics

India: Peace Nobel for Trump: It’s Too Long a Stretch

Ecuador: Monsters in Florida

Austria: It’s High Time Europe Lost Patience with Elon Musk

Singapore: The US May Win Some Trade Battles in Southeast Asia but Lose the War

Ethiopia: “Trump Guitars” Made in China: Strumming a Tariff Tune

Egypt: The B-2 Gamble: How Israel Is Rewriting Middle East Power Politics

China: 3 Insights from ‘Trade War Truce’ between US and China

United Kingdom: We’re Becoming Inured to Trump’s Outbursts – But When He Goes Quiet, We Need To Be Worried

Related Articles

France: Donald Trump’s Dangerous Game with the Federal Reserve

France: Trump Yet To Make Progress on Ukraine

France: Tariffs: The Risk of Uncontrollable Escalation

France: Donald Trump’s Laborious Diplomatic Debut

France: Trump’s Greenland Obsession