Three American Views on World Security

Published in Les Echos
(France) on 14 June 2013
by Julien Damon (link to originallink to original)
Translated from by Lauren Messina. Edited by Lydia Dallett.
A New York police officer stands in front of the Ground Zero Memorial, erected in honor of the victims of the Sept. 11 terrorist attacks. Even with the issues raised by the PRISM spy software scandal, the theme of security has been at the forefront of concerns and controversies in the United States for decades. Three recent American works are addressing the effectiveness of security policies. Although they can serve to clear the air, they can also inspire concern.

Dehumanized Security

Harvey Molotch, a professor of sociology in New York, worries about security abuses post-Sept. 11. However, he doesn’t participate in the denunciation of supposed abuses and draconian security. He is more broadly concerned with dehumanization on behalf of the fight against insecurity in public spaces and facilities, as he believes this dehumanization feeds fears and anxieties. Technological intensification on trains and subway platforms enables a constant insistence of insecurity, which distills the idea of a widespread and continuing threat. The sophistication of control points (airports in particular) creates congestion and anxiety.

If all of these security guideline policies don’t cause insecurity, they do contribute to a reduction in well-being. Molotch doesn’t simply make this observation; he’s not naïve. He suggests that everyone should be more invested in the quality of life without excessive delegation to machines and specialized professional bodies. He highlights the ambiguities and difficulties of security measures: should data be more easily available (and increase the risk of being attacked)? What are the right priorities when it comes to protecting populations and territories? Molotch is certainly open to criticism for having an overly optimistic view of humanity (according to him, the antidote to fear is beauty). But he places great emphasis on the virtues of more civilized security (involving everyone) than a militarized security. Pointing out that it is easier to spot a shark in calm than rough seas, he pleads for a soothing design and civic involvement. Specifically, many experts agree on ideas to better ventilate, light and regulate public spaces (with staff) – provided, however, that such an option can be found in the economic model.

Linguistic Voyage

John Hamilton, a Harvard literature professor, is not a security expert. But his academic study has made him a leading scholar on the word “security”; its linguistic journey from part of a phrase to the term’s predominance: security forces, but also cybersecurity, social, health, civil security, etc. He doesn’t dwell on vague semantics, but gives a detailed analysis that moves from ancient Greek poetry to Heidegger all while addressing contemporary variations. Even if it’s not all perfectly accessible, some lessons can still be drawn. If “se-curi-tas” means a state of separation from problems, it follows that perpetual security can only be divinely ordained. And even if we “know” God, we still cannot be fully reassured with peace and stability. Total security is neither in this world or any other. In this way, Hamilton points out that a fully human life cannot be fully secure, at the risk of being completely sanitized.

Experience in Defense

Harold Brown doesn’t take offense to either sociology or etymology. A physicist by training, he was most notably the secretary of defense under Jimmy Carter. In his memoirs, he spoke of meetings with Carter and Clinton, as well as Madeleine Albright and Henry Kissinger, and he recalls his service (nuclear investment, the Vietnam War, the Iranian Revolution, the Cold War, provocations – already – by North Korea, et cetera). Far from philosophical considerations, he traces paranoia of complex challenges when the price of errors can be extremely high. At the head of a considerable administration (2 million soldiers and 1 million civilians in 1977), he believes that the key for security is not bureaucratic, and that it is always necessary to prioritize. One of his highest priorities for defending the United States is having a good defense budget, which is a sensitive issue. He wrote that budget cuts might affect the muscles without reducing the fat (a formula that hits the target). More typically, he is in favor of a military-industrial complex as a key to economic stimulation. At the end of his fascinating overview on the recent history of U.S. security, he expresses fears over facing a divided America, such as the one he sees today. Or, in his words, cohesion is the best protection.


Trois regards américains sur la sécurité du monde
Par Julien Damon | 14/06 | 06:00
Un sociologue, un universitaire et un ancien secrétaire d'Etat à la Défense livrent leur vision sur un thème majeur outre-Atlantique comme en France.

Policier new-yorkais devant le Ground Zero Memorial, dressé en hommage aux victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001.
Avant même les questions soulevées par le scandale du logiciel espion Prism, le thème de la sécurité figure depuis des décennies au premier rang des préoccupations et des polémiques aux Etats-Unis. Trois ouvrages américains récents se penchent sur l'efficacité des politiques de sécurité. De quoi s'aérer, mais aussi de quoi s'inspirer ou s'inquiéter.

Sécurité déshumanisée
Harvey Molotch, professeur de sociologie à New York, s'inquiète des dérives sécuritaires post-11 septembre 2001. Attention, il ne verse pas dans la dénonciation lyrique des supposées dérives sécuritaires et liberticides. Il s'inquiète, plus largement, de la déshumanisation, au nom de la lutte contre l'insécurité, des espaces et équipements publics. Une déshumanisation qui alimente les peurs et les angoisses. L'intensification technologique des rames et quais de métro permet d'insister en permanence sur l'insécurité, ce qui distille l'idée d'une menace généralisée et permanente. La sophistication des points de contrôle (dans les aéroports notamment) engendre de la congestion et de l'inquiétude.

Si toutes ces orientations des politiques de sécurité ne provoquent pas l'insécurité, elles contribuent à une dégradation du bien-être. Molotch ne fait pas seulement dans l'observation, qui n'a rien de naïve. Il propose que tout un chacun soit plus investi dans la qualité de la vie quotidienne, sans délégation excessive à des machines et des corps professionnels spécialisés. Il insiste sur les ambiguïtés et difficultés des mesures de sécurité : faut-il mettre à disposition les données (au risque d'être plus aisément attaqué) ? quelles sont les justes priorités quand il s'agit de protéger des populations et des territoires ? Molotch prête certainement le flanc à la critique pour une vision trop optimiste de l'humanité (l'antidote à la peur serait, selon-lui, la beauté). Mais il met bien l'accent sur les vertus d'une sécurité plus civilisée (impliquant tout un chacun) par rapport à une sécurité militarisée. Notant que l'on repère plus facilement un requin dans une mer calme que dans une mer agitée, il plaide pour un design apaisant et l'implication civique. Concrètement, nombre d'experts s'accorderont sur ses idées de mieux ventiler, éclairer et réguler les espaces publics (avec du personnel). A condition toutefois que l'on trouve le modèle économique d'une telle option.

Voyage linguistique
Professeur de littérature à Harvard, John Hamilton n'est pas un expert de la sécurité. Mais son étude érudite le fait compter comme éminent spécialiste du mot sécurité. Son voyage linguistique part du constat de la proéminence du terme : forces de sécurité, mais aussi cybersécurité, sécurité sociale, sanitaire, civile, etc. Il ne se lance pas dans une vague méditation sémantique, mais dans une analyse fouillée qui va de la poésie grecque antique à Heidegger en passant par des variations plus contemporaines. Si l'ensemble n'est certainement pas d'une remarquable accessibilité, on peut tout de même tirer certaines leçons. Si « sé-curi-tas » désigne un état de séparation vis-à-vis des problèmes, il s'ensuit que la sécurité perpétuelle ne peut être que d'ordre divin. Et quand on connaît, un peu, les dieux, on ne peut tout de même pas être totalement rassuré sur la tranquillité et la stabilité. La sécurité totale n'est donc ni de ce monde ni d'un autre. Hamilton signale, à sa manière, qu'une vie pleinement humaine ne saurait être parfaitement sécurisée, au risque d'être totalement aseptisée.

Expérience de la Défense
Harold Brown ne se pique ni de sociologie ni d'étymologie. Physicien de formation, il fut, notamment, secrétaire à la Défense sous Jimmy Carter. Dans cet ouvrage de mémoires, salué par Carter et Clinton mais aussi par Madeleine Albright et Henry Kissinger, il rappelle ses états de service (investissements nucléaires, guerre du Vietnam, révolution iranienne, guerre froide, provocations - déjà - de la Corée du Nord, etc.). Loin de considérations trop philosophiques, il retrace un panorama de défis complexes quand le prix des erreurs pouvait être extrêmement élevé. A la tête d'une administration considérable (2 millions de militaires et 1 million de civils en 1977), il estime que le point essentiel, pour la sécurité, est de ne pas se bureaucratiser. Et de toujours se fixer des priorités.
Sur le point sensible des moyens, il considère que défendre les Etats-Unis, c'est d'abord défendre le budget de la défense. Et il écrit que les coupes budgétaires peuvent toucher les muscles sans réduire vraiment le gras (une formule qui peut faire mouche…). De manière plus classique, il plaide en faveur du complexe militaro-industriel comme clef de la stimulation économique. Au terme de son passionnant survol de l'histoire récente de la sécurité américaine, il se dit inquiet face à une Amérique qu'il voit aujourd'hui divisée. Or, selon ses termes, c'est la cohésion qui est la meilleure des protections.
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