Beyond the problem concerning the legality of the strikes in Syria, recent statements made by the Obama administration seem to have upgraded the old “preventive war” doctrine, which was proclaimed by George W. Bush after Sept. 11. It is also one of the stakes of the intervention that a new coalition is currently leading against the Islamic State.
A new war has been in the news headlines for a few days now: a war aiming to put an end to the criminal extremist activities linked to the Islamic State group, which controls a part of Iraq and Syria. Nobody seems to have challenged the appropriateness of such a cause, even though we can legitimately ask ourselves whether the method employed – i.e. launching a military strike campaign along with a massive dispatch of weapons in the region, in favor of Washington’s allies – can create more disadvantages than advantages. The cases of Afghanistan, Libya, Mali, and above all, Iraq itself, cannot but demand the attention of those who lightheartedly go to war, thinking that the problem will be resolved in a few weeks’ time through a new military campaign.
In this context, international law does not appear to be of concern for the various actors in this new global spectacle. Contrary to what we were able to observe in 2003 when Bush launched the Gulf War, it is true that this war does not involve attacking a “state” in the legal sense of the term, but rather an irregular criminal group. Moreover, military action is being taken at the request of the Iraqi authorities, with the Security Council having “urge[d] the international community, in accordance with international law to further strengthen and expand support for the Government of Iraq as it fights ISIL and associated armed groups.” In the case of Syria, local authorities may not have formally given their consent, but this can easily be inferred through the government’s reaction when strikes were first launched. Not only did Damascus show no signs of protest against the launch, even though the U.S. gave them the heads up just moments before, but they also declared their support for “any international effort” that aims at combating the Islamic State jihadi. At the time when an official report was being drafted, Syria had still not shown any opposition. Though some ambiguity remains in this regard, we could thus consider that this war is compatible with the respect for the regional states’ sovereignty, and is being led under the aegis of the Security Council, without authorization nonetheless. This is why the U.N. secretary-general recently welcomed “the international solidarity to confront this challenge.”
Yet, the problem is actually the fact that the highest U.S. authorities refrained from relying on the argument of (implicit) consent from the Syrian state. However, over the past few days, the U.S. has asserted its power to act, where necessary, against Damascus’ will. In his speech delivered on Sept. 10, Obama stated, in very general terms, that “we will hunt down terrorists who threaten our country, wherever they are,” just as Bush similarly stated after the Sept. 11 attacks, as well as Vladimir Putin, who, soon after taking up his presidential duties, asserted that we must “waste terrorists in the outhouse.” More precisely, in a letter to the Security Council dated Sept. 23, the day the strikes commenced, the U.S. maintained a legitimate defense under Article 51 of the United Nations Charter. According to the text, the Islamic State and “other terrorist groups in Syria are a threat not only to Iraq, but also to many other countries, including the United States and our partners in the region and beyond.” This threat would justify the strikes in Syria, since Syria would be “unwilling or unable” to put an end to the very same threat. It is obvious that such a position does not reflect international law, which stipulates that in the event of a threat originating in a state which does not hold total control over its territory, parties must either gain consent from the government of said state, or place themselves under the Security Council’s authority. While it could have followed at least one of these routes with a real chance of success, the Obama administration opted for a radical and bellicose line of action, giving itself the extensive power to intervene in any country in the world, without conforming to the U.N. framework. Here we can see the notion of “preventive war” in a broad sense, a doctrine that has been repeatedly condemned by an overwhelming majority of states, especially during the onset of the war against Iraq in 2003 – the current events of which incidentally stem from its prolongation. Initially, Barack Obama was greatly opposed to such rhetoric, since he had insisted on the need to realign the U.S. with a multilateral vision that is more respectful of international law. It seems that these statements of intention no longer stand today. In light of the official position that he chose to adopt, President Obama appears to be taking the preventive war doctrine on board … along with all the potential consequences that it may hold for other states in the international society.
De la doctrine Bush à la doctrine Obama: le retour des guerres préventives
mercredi 24 septembre 2014 à 16h20
Au-delà du problème de la légalité des frappes en Syrie, les déclarations récentes de l’administration Obama semblent avoir remis au goût du jour la vieille doctrine de la "guerre préventive" proclamée par Georges W. Bush après le 11 septembre : c’est aussi l’un des enjeux de l’intervention menée aujourd’hui contre l’ "Etat islamique" par une nouvelle coalition.
Depuis quelques jours, une nouvelle guerre est au centre de l’actualité, celle visant à mettre fin aux activités des extrémistes criminels de l’ "Etat islamique", qui contrôlent une partie de l’Irak et de la Syrie. La justesse d’une telle cause ne semble être contestée par personne, même si on peut légitimement se demander si la méthode employée (le déclenchement d’une campagne de frappes militaires associée avec l’envoi massif d’armes dans la région, au profit des alliés de Washington) ne peut, sur le long terme, entraîner plus d’inconvénients que d’avantages. Les exemples de l’Afghanistan, de la Libye, du Mali, … et avant tout de l’Irak lui-même, ne peuvent qu’interpeller face à ceux qui semblent partir en guerre la fleur au fusil, en pensant que le problème sera réglé en quelques semaines par la grâce d’une nouvelle campagne militaire.
Dans ce contexte, le droit international ne semble pas au centre des préoccupations des divers protagonistes de cette nouvelle pièce. Il est vrai que, au contraire de ce qu’on a pu observer en 2003 avec le déclenchement de la guerre du Golfe de Georges W. Bush, il ne s’agit pas d’attaquer un Etat, au sens juridique du terme, mais plutôt un groupe irrégulier et criminel. L’action militaire est d’ailleurs menée à la demande des autorités irakiennes, le Conseil de sécurité ayant quant à lui "pri[é] instamment la communauté internationale de renforcer et d’élargir, dans le respect du droit international, l’appui qu’elle fournit au Gouvernement iraquien dans sa lutte contre l’EIIL et les groupes armés qui lui sont associés" (déclaration du 19 septembre, S/PRST/2014/20). Quant à la Syrie, si elle n’a pas formellement donné son consentement, celui-ci pourrait sans doute être déduit de son comportement au moment du déclenchement des frappes. Averties peu avant par les Etats-Unis de l’imminence de celles-ci, non seulement les autorités de Damas n’ont pas protesté, mais elles ont encore déclaré soutenir "tout effort international" pour combattre les djihadistes de l’ "Etat islamique" (AFP, 23 septembre). A l’heure où ces lignes sont écrites, la Syrie n’a toujours pas émis de protestation. Même si une ambiguïté subsiste à cet égard, on pourrait donc considérer que cette guerre n’est pas incompatible avec le respect de la souveraineté des Etats de la région, et est menée, si pas avec l’autorisation, en tout cas sous l’égide du Conseil de sécurité. En ce sens, le Secrétaire général de l’ONU s’est récemment réjoui de la " solidarité internationale pour faire face à ce défi " (déclaration du 23 septembre).
Mais, précisément, le problème est que les plus hautes autorités des Etats-Unis se sont bien gardées de se prévaloir de l’argument du consentement (implicite) de l’Etat syrien. Depuis plusieurs jours, elles ont au contraire affirmé leur pouvoir d’agir le cas échéant à l’encontre de la volonté de Damas. Dans son discours du 10 septembre dernier, Barack Obama déclarait de manière très générale que "nous pourchasseront les terroristes qui menacent notre pays où qu’ils se trouvent", une formule qui rappelle à la fois celle utilisée par Georges W. Bush après le 11 septembre et par Vladimir Poutine qui, peu après son arrivée à la présidence, affirmait qu’il fallait "buter les terroristes jusque dans les chiottes". De manière plus précise, les Etats-Unis ont envoyé une lettre au Conseil de sécurité le 23 septembre, jour du déclenchement des frappes, en se prévalant de la légitime défense au sens de l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Selon ce texte, l’Etat islamique et les "autres groupes terroristes en Syrie" ne constituent "pas seulement une menace pour l’Irak, mais aussi pour beaucoup d’autres pays, y compris les Etats-Unis et certains de nos alliés dans la région et au-delà". Cette menace justifierait des frappes en Syrie, en raison du fait que ce pays serait "peu soucieux ou incapable" —"unwilling or unable"— de mettre fin à la menace (S/2014/695). Une telle position ne reflète bien évidemment pas le droit international, qui prescrit en cas de menace qui trouve sa source dans un Etat qui ne contrôle pas l’entièreté de son territoire, soit de demander l’autorisation du gouvernement de cet Etat, soit de se placer sous l’autorité du Conseil de sécurité. Alors qu’elle aurait pu suivre, avec des chances réelles de succès, l’une au moins de ces deux voies, l’administration Obama a opté pour un discours radical et belliciste, qui lui ouvre une faculté très large d’intervenir dans n’importe quel pays du monde sans même chercher à s’inscrire dans le cadre de l’ONU. On retrouve ici la notion de "guerre préventive" entendue dans un sens très large, doctrine qui a été condamnée de manière répétée par une écrasante majorité des Etats, notamment à l’occasion de la guerre déclenchée contre l’Irak en 2003, guerre dont les événements actuels ne constituent d’ailleurs que le prolongement. Une telle rhétorique avait initialement suscité une vive opposition de Barack Obama, qui avait insisté sur la nécessité de replacer les Etats-Unis dans une optique multilatérale davantage respectueuse du droit international. Il semble que ces déclarations d’intention aient aujourd’hui fait long feu. Au vu de la position officielle qu’il a choisi d’adopter, le président Obama semble au contraire avoir repris à son compte la doctrine de la guerre préventive, … avec toutes les conséquences potentielles pour les autres Etats de la société internationale.
Olivier Corten
Centre de droit international ULB
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[T]he Republican president managed to make the meeting revolve around his interests — the debate about the 5% — and left out ... the White House’s attitude toward the Kremlin.