Noirs et Blancs, tous Américains
Les Américains s’apprêtent à vivre un temps fort dans leur histoire collective. Le président Barack Obama prononcera en effet vendredi dans la journée l’éloge funèbre de Clementa Pinckney, pasteur assassiné avec huit paroissiens – deux hommes et six femmes – le 17 juin, dans une église protestante de Charleston, en Caroline du sud. Toutes les victimes étaient Noires et leur assassin, un Blanc de 21 ans, a clairement justifié son crime par des propos racistes.
Depuis plus d’une semaine, les États-Unis sont de nouveau confrontés à un passé qui a profondément marqué les esprits et la culture de ses habitants, notamment dans les États du Sud. L’esclavage avait été érigé à l’état de système par des pères fondateurs pourtant épris de liberté. Les Noirs étaient considérés par les Blancs comme des êtres inférieurs, des sous-humains qui ne méritaient pas d’être libres.
Après l’abolition de l’esclavage, cette vision a perduré dans un système de ségrégation. Celui-ci a été à son tour renversé, notamment par la mobilisation de pasteurs noirs comme Martin Luther King, mais des adeptes de l’apartheid continuent de s’exprimer, certains pouvant basculer dans le crime. Plus largement, à travers tout le territoire, les Afro-américains ont aujourd’hui une plus grande probabilité d’être contrôlés par la police, poursuivis par la justice et condamnés à de longues peines de prison que les Blancs.
Depuis une cinquantaine d’années, l’immigration latino-américaine et asiatique a toutefois transformé les États-Unis en une société multiethnique. Les réactions à la tragédie de Charleston montrent une large volonté de surmonter les divisions et de saper les références culturelles des racistes irréductibles. Dans les États du sud, beaucoup comprennent qu’il faut se défier d’une glorification nostalgique du passé et de symboles pourtant populaires : ainsi, le drapeau confédéré doit être mis au musée.
Au fil des ans, grâce à des politiques publiques déterminées et à de profondes évolutions culturelles, les opportunités professionnelles se sont développées pour les Noirs américains, le mur racial a été abattu et un métis s’assumant comme Noir préside aux destinées du pays depuis plus de six ans. Les mots que Barack Obama prononcera vendredi 26 juin marqueront sans doute une nouvelle pierre blanche sur un douloureux chemin.
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