Une arme à deux tranchants
Un homme libre est un homme armé
Pour la majorité des Québécois, cette affirmation tient de la pensée magique. Or, cette idée est profondément ancrée dans l’histoire et l’inconscient collectif des Américains. C’est pourquoi ce pays, frappé par des tragédies liées aux armes à feu, persiste à défendre le deuxième amendement de leur Constitution, rédigée en 1791 : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. »
Malgré les 30 000 morts par an reliés aux armes à feu (homicides, suicides et accidents confondus), leur réglementation demeure impossible. Si, ces dernières années, des juristes ont reconnu qu’on devrait encourager « la discussion intelligente » autour de solutions pour diminuer les crimes violents aux États-Unis, la Cour suprême a toujours refusé de toucher au deuxième amendement.
Au-delà des lois et de la culture, il y a la politique. Et les lobbys. D’un côté, le très puissant lobby pro-armes de la NRA (4,5 millions de membres) qui bloque la moindre mesure de contrôle à Washington. À chaque tragédie, l’association ressort son slogan : « Ce sont les humains qui tuent, pas les armes ».
De l’autre côté, les militants pour le contrôle des armes rêvent d’une nation désarmée. Une utopie. Ce pays s’est bâti autour de la notion de l’héroïsme, du shérif au justicier, en passant par les soldats, fierté de la nation qui scande « Support our troops ! »
Le fusil fait partie de la mythologie de l’Amérique. Ce n’est pas un hasard si on y retrouve presque une arme par habitant, avec 300 millions de pistolets, de fusils, carabines et autres fusils de chasse. Malgré les tragédies et les massacres à répétition, les États-Unis sont dans l’impasse. Et ce débat est toujours à recommencer. Quoi faire alors ?
Lorsque deux parties sont devant un cul-de-sac, la solution n’est pas l’antagonisme, encore moins l’hostilité.
Il faut plutôt faire confiance à la bonne foi de l’autre camp, mettre de l’eau dans son vin. Si les partisans du contrôle des armes à feu souhaitent que la NRA fasse des compromis, ils doivent aussi en faire.
Par exemple, cesser de se mettre à dos ces millions de citoyens qui possèdent des armes et les utilisent de façon responsable, à la chasse ou dans les sports de tir. À l’opposé, ceux qui font la promotion des armes doivent accepter certains amendements ; comme empêcher que des gens vulnérables, avec des problèmes de santé mentale, puissent se procurer des pistolets. C’est un début.
Au lendemain du meurtre des deux journalistes de Virginie, un chroniqueur du New York Times a dressé un parallèle entre les armes et les voitures. Il y a 40 ans, on roulait sans ceinture de sécurité, une bière entre les jambes, sans se soucier des limites de vitesse. Depuis, de nouvelles lois ont balisé la conduite automobile en Amérique du Nord. Si on a pu réduire la mortalité sur les routes, on devrait pouvoir contrôler la violence associée aux armes à feu.
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