The Specter of Deglobalization Is before Us

Published in Les Echos
(France) on 1 January 2020
by Mohamed el-Erian (link to originallink to original)
Translated from by Haley Frevert. Edited by Elizabeth Cosgriff.
The year 2019 finished on a relatively positive note. Hope for a return to global growth has been revived; trade tensions are subsiding. But this improvement, for Mohamed el-Erian, will not endure. Microeconomic and geopolitical uncertainties are such that, in the next five years, a prolonged and growing breakdown of international economic and financial relations is poised to take root. A deglobalization for which nobody, especially the markets, is prepared.

How can political decision-makers and investors anticipate what is to come in 2020? The year 2019 finished on a relatively high note. Hope was restored for the recovery of global growth, trade tensions diminished, and central banks reaffirmed their intention to maintain low interest rates by continuing to provide massive liquidity. Financial volatility is currently under control, and there are good reasons to believe in high yields for investors in many asset classes.

The Disengagement of the United States

But as tempting as it is to be satisfied with current financial and macroeconomic conditions, we must be careful not to disregard a key element of future perspectives. There is indeed a curious contrast between the relative clarity of short-term expectations and the haziness that emerges when the horizon is extended to a period of, say, five years.

Many countries are today confronted with structural uncertainties. Over the course of the next five years, the European Union, for example, will endeavor to establish a new working relationship with the United Kingdom, all while having to manage the negative social and political effects of slow and insufficiently inclusive growth. The EU will have to navigate the rough waters of a prolonged period of negative interest rates, while striving to consolidate its economic and financial heart. As long as the architecture of the eurozone remains incomplete, the risk of instability will endure.

Moreover, over the course of the next years, the United States, which considerably outperforms most other economies, will decide whether or not it intends to continue its disengagement from the rest of the world – a process in contradiction with America’s historical position at the center of the global economy.

Avoiding an Open Confrontation

As for China, its large-scale utilization of short-term stimulus measures stands in contradiction to the longer-term reforms that the country needs. And its geopolitical ambitions, along with its regional economic and financial engagements (including the Belt and Road Initiatives) are becoming more and more costly. More important still, over the next five years China and the United States, the two greatest economic powers on the planet, will have to walk an increasingly narrow path to secure their own interests while avoiding an open confrontation.

The macroeconomic and geopolitical uncertainties of today are bound to amplify doubts that are fed by technological breakthroughs, climate change and demographics. These medium-term structural trends could lay the foundation for a political and social fragmentation even more pronounced than that which we observe today and bring about the specter of deglobalization. If there is something for which the world economy is not equipped, it is a prolonged and growing breakdown of international economic and financial relations. If such a paradigm were to materialize, current trade, monetary and investment-related tensions would intensify and spread to the realms of national security and geopolitics.

This terrible fate can still be avoided (at least for now). We can still escape it by promoting stronger and more inclusive growth, reestablishing true financial stability and creating a more just and more credible (though free) system of trade, investment and policy coordination at an international level.

Current Political Paralysis

Nevertheless, much will depend on policy workings in the very near future. Concerns about a global recession are fading, financial conditions are currently ultra-accommodating and trade tensions between the United States and China are deescalating. But these favorable conditions will not last forever.

Unfortunately, political momentum that would improve and clarify the medium-term outlook seems unlikely. The United States is headed into a tense and divisive election year. Germany, Italy and Spain are each undergoing difficult political transitions. The EU must cope with Brexit, as well as with other regional divisions. As for China, its government is endeavoring to consolidate its power amid declining growth and unwavering protests in Hong Kong. Ignored by too many of the markets’ actors, the primary concern is this: Over the course of the next five years, it is not impossible that a deterioration of economic conditions and world markets to the point of crisis will be necessary for national, regional and multilateral political systems to finally develop an adequate response.

I hope I am wrong about the current political paralysis. As long as there is still time, there is still a hope that political decision-makers will follow the wise advice of Christine Lagarde, then-director of the International Monetary Fund, in October 2017: “The time to repair the roof is when the sun is shining.”


L'année 2019 s'est terminée sur une note relativement positive. L'espoir d'un retour de la croissance mondiale renaît, les tensions commerciales s'apaisent. Mais cette embellie, pour Mohamed A. El-Erian, ne devrait pas durer éternellement. Les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques sont telles que, d'ici à cinq ans, une rupture prolongée et croissante des relations économiques et financières transfrontalières pourrait s'instaurer. Une démondialisation à laquelle personne, notamment les marchés, n'est préparé.

Comment aider les décideurs politiques et les investisseurs à anticiper ce qui pourrait arriver en 2020 ? L'année 2019 s'est terminée sur une note relativement positive. L'espoir d'une reprise de la croissance mondiale renaît, les tensions commerciales se sont atténuées, et les banques centrales ont réaffirmé leur volonté de maintenir des taux d'intérêt très faibles en poursuivant l'apport de liquidités massives. La volatilité financière est actuellement maîtrisée, et il existe de bonnes raisons de croire à de solides rendements pour les investisseurs dans de nombreuses catégories d'actifs.

Désengagement des Etats-Unis

Mais aussi tentant soit-il de se satisfaire des conditions financières et macroéconomiques actuelles, prenons garde à ne pas négliger un élément clef des perspectives futures. Il existe en effet un curieux contraste entre la relative clarté des attentes à court terme et le flou qui se dégage lorsque l'on étend davantage l'horizon, disons sur une période de cinq ans.

De nombreux pays sont aujourd'hui confrontés à des incertitudes structurelles. Au cours des cinq prochaines années, l'Union européenne travaillera par exemple à l'instauration d'une nouvelle relation de travail avec le Royaume-Uni , tout en ayant à gérer les effets sociaux et politiques défavorables d'une croissance lente et insuffisamment inclusive. L'UE devra naviguer sur les eaux agitées d'une période prolongée de taux d'intérêt négatifs, tout en oeuvrant pour consolider son coeur économique et financier. Tant que l'architecture de la zone euro demeurera incomplète, des risques constants d'instabilité existeront.

Par ailleurs, au cours des prochaines années, les Etats-Unis, qui surclassent nettement la plupart des autres économies, décideront s'ils entendent ou non poursuivre leur désengagement par rapport au reste du monde - un processus en contradiction avec la position historique de l'Amérique en tant que centre de l'économie planétaire.

Eviter une confrontation ouverte

Quant à la Chine, le recours massif à des mesures de relance de court terme s'inscrit de plus en plus en distorsion avec les réformes à plus long terme dont le pays a besoin. Et ses ambitions géopolitiques, ainsi que ses engagements économiques et financiers régionaux (dont la nouvelle route de la soie) se font de plus en plus coûteux. Plus important encore, au cours des cinq prochaines années, la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grandes puissances économiques de la planète, devront arpenter un chemin de plus en plus étroit dans leurs efforts de sécurisation de leurs propres intérêts, tout en évitant une confrontation ouverte.

Les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques d'aujourd'hui sont vouées à amplifier les incertitudes alimentées par les ruptures technologiques, le changement climatique, et la démographie. Ces tendances structurelles à moyen terme pourraient poser les bases d'une fragmentation politique et sociale plus prononcée encore que celle que l'on observe aujourd'hui, et faire apparaître le spectre d'une démondialisation séculaire. S'il est une chose face à laquelle l'économie mondiale et les marchés ne sont pas armés, c'est bien une rupture prolongée et croissante des relations économiques et financières transfrontalières. Si un tel paradigme venait à se concrétiser, les actuelles tensions commerciales, monétaires, et frictions liées à l'investissement s'intensifieraient et se propageraient jusque dans la sphère de la sécurité nationale et de la géopolitique.

Cette terrible issue est encore évitable (du moins pour l'heure). Nous pouvons encore y échapper à condition de promouvoir une croissance plus forte et plus inclusive, de rétablir une véritable stabilité financière, et de créer un système plus juste et plus crédible (pour autant libre) de commerce, d'investissement et de coordination des politiques au niveau international.

Paralysie politique actuelle

Beaucoup dépendra toutefois du fonctionnement des politiques dans un avenir très proche. Les inquiétudes quant à une récession mondiale s'estompent, les conditions financières sont actuellement ultra-accommodantes, et les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine connaissent une désescalade. Mais ces circonstances favorables ne dureront pas éternellement.

Malheureusement, un élan politique susceptible d'améliorer et de clarifier les perspectives à moyen terme apparaît peu probable. Les Etats-Unis s'orientent vers une année électorale tendue et créatrice de divisions . L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne vivent chacune actuellement une transition politique difficile. L'UE doit faire face au Brexit, ainsi qu'à d'autres divisions régionales. Quant à la Chine, son gouvernement s'efforce de consolider son pouvoir face à une croissance déclinante ainsi qu'à des manifestations qui ne faiblissent pas à Hong Kong . Ignorée par un trop grand nombre d'acteurs des marchés, la principale inquiétude est la suivante : au cours des cinq prochaines années, il n'est pas impossible qu'une détérioration des conditions économiques et des marchés mondiaux soit nécessaire, jusqu'à des niveaux de crise, pour que les systèmes politiques nationaux, régionaux et multilatéraux élaborent enfin une réponse adéquate.

J'espère me tromper quant à la paralysie politique actuelle. Tant qu'il est encore temps, il existe un espoir de voir les décideurs politiques suivre les judicieux conseils formulés en octobre 2017 par la directrice du FMI de l'époque, Christine Lagarde : « C'est quand le soleil brille qu'il faut réparer le toit. »
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