Midterm Elections: Unpleasant Surprises for Trump

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Élections de mi-mandat : de mauvaises surprises pour Trump

Le scrutin du 8 novembre aura été riche en rebondissements et en surprises, certaines agréables pour les démocrates et amères pour les républicains… sauf pour ceux qui cherchent à chasser le magnat de l’immobilier de leur parti.

Il est vrai qu’on vous avait avertis ici même de possibles erreurs dans les sondages et qu’on avait fait état de certaines courses très serrées, particulièrement au Sénat. Il reste que même si on est encore en train de dépouiller les bulletins de vote dans plusieurs États et qu’une analyse plus approfondie du verdict demandera des semaines, voire des mois, il est déjà clair que les élections de mi-mandat 2022 aux États-Unis auront été le théâtre de plusieurs surprises.

Outre le fait qu’une fois toutes les voix comptées, il y aura probablement une Chambre des représentants à courte majorité républicaine et un Sénat à courte majorité démocrate, voici les trois aspects les plus frappants des résultats de ce scrutin.

Un choix plus qu’un simple référendum

Les élections de mi-mandat permettent habituellement de « sanctionner » le parti du président. C’est d’ailleurs pour cela que le taux d’approbation de ce dernier est si intimement lié à la performance de sa formation à ces élections législatives. Les derniers présidents — Clinton en 1994, Bush en 2006, Obama en 2010 et en 2014, Trump en 2018 — dont la cote était faible au moment du scrutin ont tous vu leur parti encaisser des pertes importantes.

Les sondages nationaux effectués à la sortie des bureaux de vote étaient largement en phase avec les sondages préélectoraux : Joe Biden est impopulaire. Son taux d’approbation est à 44 %, contre 55 % qui disent désapprouver sa gestion du pays. Qui plus est, lorsque l’on a demandé aux électeurs s’ils jugeaient que les politiques de Biden aidaient le pays ou lui nuisaient, à peine le tiers (33 %) ont affirmé qu’elles aidaient. Une pluralité de 47 % ont soutenu le contraire, les autres étant plutôt d’avis qu’elles n’avaient aucun effet.

Et pourtant… le parti de Biden aura connu un sort semblable à celui des démocrates sous John F. Kennedy en 1962 et des républicains sous George H.W. Bush en 1990 — des pertes très limitées à la Chambre, et le maintien du statu quo au Sénat —, alors que Kennedy et Bush étaient nettement plus populaires que ne l’était Biden cette année.

Une théorie d’abord avancée il y a plusieurs mois semble ainsi avoir été validée, du moins en partie : même s’ils ne raffolaient pas de la présidence Biden, les Américains n’ont pas considéré la solution de rechange « trumpiste » comme crédible…

Le verdict des électeurs indépendants

On disait en début d’année que Joe Biden avait perdu le centre de l’échiquier politique. Depuis plus d’un an, c’était la base démocrate qui lui permettait de conserver ses appuis ; les électeurs dits « indépendants » (non affiliés aux deux partis majeurs) l’avaient largué. Son taux d’approbation auprès de ceux-ci atteignait rarement le cap des 40 %. En fait, dans le tout dernier sondage national NBC publié avant les élections, le taux d’approbation de Biden avait touché son plus bas niveau depuis le début de sa présidence : à peine 28 %.

Et pourtant, toujours selon les coups de sonde menés à la sortie des bureaux de vote, ces électeurs plus modérés auraient tranché : dans l’ensemble du pays, ils ont voté à 49 % pour les candidats démocrates et à 47 % pour les républicains. Dans une ère de si grande polarisation, où les partis sont beaucoup plus homogènes que par le passé, il s’agit d’une donnée remarquable.

Certes, le Parti démocrate est parvenu à inciter une large partie de sa base à aller voter en exploitant des enjeux comme l’avortement et les menaces à la démocratie ; au bout du compte toutefois, plus d’électeurs républicains que d’électeurs démocrates ont exercé leur droit de vote.

Ces élections se sont donc jouées au centre de l’échiquier politique — et ce centre a préféré les démocrates… ou peut-être a-t-il plutôt repoussé les républicains.

La Floride séparée du reste du pays

Au cours des 100 et quelques dernières années, la Floride a voté pour le candidat présidentiel gagnant à seulement trois exceptions (1960, 1992 et 2020). Ce n’est qu’un hasard, car presque chaque fois, la lutte y a été très chaude.

De 2000 à 2012 inclusivement, sur les quelque 30 millions de bulletins de vote dépouillés lors des élections présidentielles, c’est moins de 77 000 voix (ou 0,25 %) qui ont départagé les candidats démocrates et républicains. Bien que la Floride ait penché depuis plutôt du côté républicain, toutes les courses majeures y sont demeurées très serrées… jusqu’à cette année.

C’est dans ce contexte que doit être vue la victoire spectaculaire, par près de 20 points de pourcentage, du gouverneur républicain sortant, Ron DeSantis. Il s’agit de la plus imposante marge pour tout candidat au poste de gouverneur du « Sunshine State » en 40 ans. Combiné à la performance décevante, sinon catastrophique, des candidats dits « trumpistes » dans la plupart des autres États clés (notamment la Pennsylvanie, où les républicains ont perdu par près de 15 points le poste de gouverneur pour une troisième élection de suite, du jamais vu depuis les années 1840), le triomphe de DeSantis est d’autant plus saisissant.

Ce succès le place devant une décision difficile : doit-il tenter sa chance à la présidence, probablement contre Donald Trump à l’investiture républicaine ?

La campagne de 2022 se termine à peine, on continue à creuser les résultats… et on regarde déjà en avant vers une course présidentielle qui s’annonce des plus intrigantes.

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