Getting Down to Business

Published in Le Devoir
(Canada) on 26 April 2017
by Denis Ferland (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Helaine Schweitzer.
It’s the end of “minor adjustments,” reassuring words perceived to be spoken by Donald Trump after Justin Trudeau’s visit to Washington in February. It’s also the end of the “model” trade relationship a Trump emissary boasted of during a Cabinet meeting in Calgary a few weeks earlier.

After a week of resounding and rather drastic statements from Trump about the Canadian dairy sector, softwood lumber and even energy, the first concrete restrictions have been directed at Canada.

On all these fronts, Trudeau’s government has been laying the groundwork for weeks with various missions, meetings and campaigns, aimed at Washington and toward individual states who are seen as potential allies. These efforts seem to have been in vain, but it’s not clear the price to be paid will be all that heavy.

Many Canadian stakeholders in the United States and other experts have played down the most virulent statements from last week, such as when the president characterized Canada’s actions toward U.S. farmers as a “disgrace.”

This may be a simple “tirade,” typical of Trump-the-negotiator in opening remarks. Members of Trudeau’s team have kept calm, avoiding directly undercutting the American president’s argument – or the lack thereof.

Is this Trump’s negotiating tactic? Or is it a diversion at a time when his government is arriving with a mixed record at the milestone of his first 100 days?

It’s probably both, when you take into account the character you’re dealing with.

It’s a diversion orchestrated by the American president that the Trudeau government could well benefit from in the current Canadian political context.

Trudeau and his troops have effectively lost momentum since the beginning of the year. Campaign promises abandoned and distorted, a budget without an immediate impact, and embarrassing controversies have all clouded the sunny skies of the liberal government.

Electoral reform is at the top of the list of unfulfilled commitments, but the omnibus budget plan, the attempts to muzzle members of Parliament, the halting reform of access to information and the odd independence accorded to the Parliamentary budget director can’t be neglected. The failure – to put it lightly – of the Phoenix payroll system* and the prime minister’s vacation with the Aga Khan have fueled attacks from the opposition as well as a certain cynicism from voters.

In such a context, what better way to rally the troops behind the government than a trade “aggression” led by a leader who earns little sympathy from Canadians? Trudeau speaks of a strong defense of Canadian interests, but still insists on respectful discussion, leaving the qualifiers and superlatives to his American counterpart.

His political opponents find themselves in a delicate position. Maxime Bernier agreed with Trump on supply management in Canada, but Canadians, regardless of their political allegiance, are overwhelmingly satisfied with the Canadian dairy sector.

His acting boss, Rona Ambrose, pleaded in a letter to Trudeau for nonpartisan assistance with respect to Trump.** She recently returned from Washington saying that she could reassure the business community of the importance of a Canada-U.S. economic relationship with the Trump administration. But this occurred after discussions with Wilbur Ross, who put in place the import tariffs on wood!

Thomas Mulcair called for an end to “backing up” to the “bully” and said we must “push back.”*** By doing what exactly? Through an information campaign in the U.S. on American interests! Everyone knows it is difficult to do more than what the Trudeau government is already doing in this area.

Pierre Elliott Trudeau told Americans that being their neighbor “is in some ways like sleeping with an elephant. No matter how friendly and even-tempered is the beast … one is affected by every twitch and grunt.”

His son is now coming to this concrete realization, but the fact that the elephant has the head of Donald Trump could give him some respite. As an example, consider the dairy trade: the respondents of an Abacus poll were all much more likely to resist American requests when informed that it was Trump who made them. Add to this negative perception the numerous somersaults and flip-flops of Trump’s government, and Trudeau’s government gives off the relative impression of consistency in comparison. This diverts attention from the hot issues already on the fire, as well as important but forgotten imminent reforms: defense policy and national security.

*Editor’s note: The reference to the Phoenix payroll system concerns a payroll system inaugurated by the Canadian government earlier this year, which malfunctioned and affected pay to tens of thousands of Canadian public servants.

**Editor’s note: Maxime Bernier is a Canadian businessman, lawyer and member of Canadian Parliament. Rona Ambrose is a Canadian politician who is the interim leader of both the Conservative Party and the Official Opposition.

***Editor’s note: Thomas Mulcair is a Canadian politician who leads the New Democratic Party of Canada.


On passe aux choses sérieuses
Finis les « ajustements mineurs », propos perçus comme rassurants dans la bouche de Donald Trump lors de la visite de Justin Trudeau à Washington en février. Finie aussi la « relation commerciale modèle » vantée par son émissaire à la retraite du cabinet Trudeau à Calgary quelques semaines plus tôt.

Après une semaine de déclarations retentissantes et plutôt réductrices de la part de Donald Trump sur le secteur laitier canadien tout d’abord et — au point où on en est, semble s’être dit le président — sur le bois d’oeuvre et même l’énergie, une première mesure vise directement le Canada.

Sur tous ces fronts, le gouvernement Trudeau avait préparé le terrain depuis des semaines avec des missions, rencontres et campagnes diverses tant à Washington que dans des États vus comme des alliés potentiels. En vain, semble-t-il, mais il n’est pas évident que le prix à payer sera si lourd.

Plusieurs intervenants canadiens aux États-Unis et autres experts dédramatisaient les sorties plus virulentes de la semaine dernière alors que le président accusait le Canada d’avoir traité de manière « disgracieuse » les fermiers américains.

Simple « tirade » typique du négociateur Trump en ouverture de pourparlers. Les membres de l’équipe Trudeau s’en sont tenus à des propos mesurés, évitant même de sabrer directement l’argumentaire — ou sa quasi-absence — du président américain.

Tactique de négociation de Trump ? Ou de diversion au moment où son gouvernement arrive à l’échéance des 100 premiers jours avec un bilan plus que mitigé ? Probablement les deux, quand on tient compte du personnage auquel on a affaire.

Une diversion orchestrée par le président américain dont le gouvernement Trudeau pourrait bien tirer profit lui aussi dans le contexte politique actuel au Canada.

M. Trudeau et ses troupes ont en effet perdu de leur élan depuis le début de l’année. Des promesses de campagne abandonnées ou dénaturées, un budget sans impact immédiat et des controverses embarrassantes ont ennuagé le ciel ensoleillé du gouvernement libéral.

La réforme électorale arrive en tête de liste des engagements non respectés, mais le projet omnibus sur le budget, la tentative de musellement des députés, la réforme hésitante de l’accès à l’information ou la drôle d’indépendance accordée au Directeur parlementaire du budget ne sont pas à négliger. Les ratés — et le mot est faible — du système de paie Phoenix ou encore les vacances du premier ministre chez l’Aga Khan alimentent à la fois les attaques de l’opposition et un certain cynisme de l’électorat.

Dans un tel contexte, quoi de mieux, pour sonner le rassemblement des troupes derrière le gouvernement, qu’une « agression » commerciale menée de surcroît par un dirigeant qui est loin d’avoir la sympathie des Canadiens ? M. Trudeau parle d’une défense ferme des intérêts canadiens, mais insiste toujours sur des discussions respectueuses, laissant les qualificatifs et superlatifs à son vis-à-vis américain.

Ses adversaires politiques se retrouvent dans une position délicate. Maxime Bernier a donné raison à M. Trump sur la gestion de l’offre au Canada, mais les Canadiens, peu importe leur allégeance, sont largement majoritaires à trouver que le secteur laitier canadien les sert bien.

Sa patronne intérimaire, Rona Ambrose, plaidait dans une lettre à Justin Trudeau en faveur d’un travail non partisan face à Donald Trump. Elle est récemment revenue de Washington en se disant en mesure de rassurer les milieux d’affaires sur l’importance de la relation économique canado-américaine aux yeux du gouvernement Trump. Et ce, après discussion avec Wilbur Ross, celui qui met en place les droits compensateurs sur le bois !

Thomas Mulcair a réclamé qu’on cesse de « reculer devant l’intimidateur et qu’on réplique ». En faisant quoi ? Une campagne d’information aux États-Unis sur les intérêts réels des Américains ! Tout le monde convient qu’il est difficile d’en faire davantage que le gouvernement Trudeau à ce chapitre.

Pierre Elliott Trudeau avait dit aux Américains qu’être leur voisin « donnait l’impression de la souris qui dort aux côtés d’un éléphant qui, bien qu’amical et paisible, dérange à chaque sursaut ou grognement ».

Son fils est en train de le réaliser concrètement, mais le fait que l’éléphant ait la tête de Donald Trump pourrait lui valoir un certain répit. Un exemple justement lié au commerce des produits laitiers, les répondants à un sondage Abacus sont beaucoup plus enclins à résister aux demandes américaines lorsqu’informés du fait que c’est M. Trump qui en est l’auteur. Ajoutez à cette perception négative les nombreux soubresauts et volte-face du gouvernement Trump et le gouvernement Trudeau dégage une relative impression de cohérence en comparaison. De quoi détourner l’attention des dossiers chauds déjà sur le feu ainsi que d’importantes réformes imminentes mais oubliées : celles de la politique de défense et de la sécurité nationale.
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