Separating Banking Activities Isn’t A Good Idea

Published in La Tribune
(France) on 17 February 2010
by Jérôme Mathis (link to originallink to original)
Translated from by Andrew Lusztyk. Edited by Jessica Boesl.
Barack Obama’s proposed banking reform, which aims to separate commercial banking activity from investment banking, could paradoxically exacerbate the kind of manipulation of information that was at the root of the sub-prime mortgage crisis. The fact that several banks had separated these activities hardly helped them evade the consequences.

President Obama is proposing to separate commercial banks (collecting deposits and granting loans) from investment banks (operating in the market). This proposition is derived from an idea that seems natural enough. Since it is in the state’s general interest to support commercial banks in case of trouble, it makes sense to ask them to end their speculative activity. Unfortunately, as is often the case with regulation, things are not so simple.

Take for example the sub-prime mortgage crisis, which is really what this is all about. We can see the macroeconomic factors at the origin of this crisis, like monetary policy or the state of the real estate market, but there are also a number of microeconomic causes, all of which have in common the manipulation of information between different financial institutions (accounting agencies, portfolio managers, issuers, credit brokers, etc.). And there’s the rub. Once you separate the activities of commercial and investment banks, you also open the door to the manipulation of information between the two universes and take the risk of reinforcing precisely what we are fighting.

To understand, remember the financial context at the start of the crisis. In the United States, securities backed by mortgages, whose probability of defaulting was largely underestimated, were traded in the markets. When the markets realize they’re dealing with fraudulent merchandise, panic breaks out. Everybody loses confidence. Banks stop lending and companies suffer from a drastic rationing of their credit.

How could the markets be so easily abused? The answer to this question takes us to the heart of the matter. It is a question of mortgages, granted by commercial banks to individuals, which have then been transformed by investment banks into negotiable financial securities. The commercial bank has an informational advantage over investment banks in that it knows the characteristics of its borrowers and is therefore better equipped to evaluate risk. The deceit lies in the fact that commercial banks, in the process of peddling loans, haven’t always relayed this information to the investment banks.

Banks were expected to behave this way especially when the information was damaging to the reputation of the borrower, thus depreciating the resale value of the credit. In this way, the withholding of information was one of the main causes of the failure of the investment bank Lehman Brothers. Within a single bank, active in both investment and commercial activities, we can imagine that such information registered in computer files by the loans department could be readily accessed by the securitization department. This exchange of information therefore ultimately depends on the strength of the group as a whole.

The idea of separating commercial and market activities is nothing new. A strict separation was legislated in the United States in 1933 following the 1929 crash, but was ultimately repealed in 1999 to encourage competition and allow mergers in order to respond to the race for growth led by European and Japanese banks. Thus, in the lead up to the sub-prime mortgage crisis, certain American banks limited themselves to only one of the two activities, while others have established diversified groups. It should be noted that the Lehman Brothers investment bank didn’t hold a single deposit and the commercial bank that granted most of the mortgages entrusted their securitization to other institutions.

Should we forget about these proposed reforms entirely? Not necessarily. But we should have a good idea of the range of scenarios that might independently generate this reform before we go about adopting it.


La réforme bancaire proposée par Barack Obama, visant à mieux séparer les activités de banque commerciale de celles de la banque d'investissement, pourrait paradoxalement accentuer la manipulation de l'information à l'origine de la crise des "subprimes". Et la séparation de fait de ces activités dans de nombreuses banques n'a aucunement évité les dérives.

Le président Obama propose de séparer les banques commerciales (collecte de dépôts et octroi de prêts) des banques d’investissement (activités de marché). Cette proposition fait suite à une idée qui semble naturelle. Puisqu’il relève de l’intérêt général que l’Etat soutienne les banques de dépôt en cas de difficulté, il est logique de leur demander de cesser leurs activités spéculatives. Malheureusement, comme c’est souvent le cas en matière de réglementation, les choses ne sont pas aussi simples.

Prenons l’exemple de la crise des "subprimes", puisque c’est de cela qu’il s’agit. On peut identifier à l’origine de cette crise des causes macroéconomiques, comme la politique monétaire ou la situation du marché immobilier, mais aussi de nombreuses causes microéconomiques, qui ont en commun une manipulation de l’information entre différents corps de métier de la finance (agences de notation, gestionnaires de portefeuille, émetteurs de titres, courtiers de crédit…). Et c’est justement là que le bât blesse. Séparer les activités de banque d’investissement et de celles de banque commerciale, c’est aussi ouvrir la porte à des manipulations de l’information entre les deux univers, et finalement prendre le risque de renforcer ce que l’on cherchait à combattre.

Pour le comprendre, rappelons le contexte financier à l’origine de la crise. Des titres portant sur des prêts immobiliers aux Etats-Unis, dont la probabilité de non-remboursement est largement sous-évaluée, sont échangés sur les marchés. Lorsque les marchés se rendent compte de la tromperie sur la marchandise, c’est la panique générale. Plus personne ne se fait confiance. Les banques ne se prêtent plus de liquidités et les entreprises subissent un rationnement drastique du crédit.

Comment dès lors comprendre que les marchés ont pu être si facilement abusés ? La réponse à cette question nous fait entrer dans le vif du sujet. Il est question en effet de prêts immobiliers accordés par des banques commerciales à des particuliers, puis transformés par les banques d’investissement en titres financiers négociables. La banque commerciale a un avantage informationnel par rapport à la banque d’investissement, car elle connaît les caractéristiques de ses emprunteurs et elle est donc mieux armée pour évaluer le risque. La tromperie est due au fait que les banques commerciales, revendeuses des prêts octroyés, n’ont malheureusement pas toujours transmis ces informations aux banques d’investissement.

En particulier, elles se sont bien gardées de le faire lorsque ces informations desservaient la qualité de l’emprunteur et donc dépréciaient la valeur de revente du crédit. Cette rétention d’information est entre autres à l’origine de la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers. Au sein d’une même banque regroupant à la fois activité commerciale et d’investissement, on peut imaginer que de telles informations saisies dans des fichiers informatiques par le service d’octroi de prêt puissent être consultables par le service de titrisation. Car, de cet échange d’informations, dépend finalement la santé de l’ensemble du groupe.

L’idée de séparer les activités commerciales et de marché n’est pas nouvelle. Une séparation stricte a été votée en 1933 aux Etats-Unis après le krach de 1929, puis finalement abrogée en 1999 pour promouvoir la concurrence et permettre des fusions pour répondre à la course à la taille menée par les banques européennes et japonaises. Ainsi, à la veille de la crise des "subprimes", certaines banques américaines se limitent à l’une des deux activités tandis que d’autres ont constitué des groupes diversifiés. Il est intéressant d’observer que la banque d’investissement Lehman Brothers n’avait aucun dépôt et la banque commerciale qui a octroyé le plus de prêts immobiliers avait confié leur titrisation à d’autres établissements.

Doit-on pour autant jeter cette proposition de réforme aux oubliettes ? Pas nécessairement. Mais il est nécessaire d’avoir une bonne vision des divers scénarios que pourrait engendrer cette réforme avant de l’adopter.
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