The Danger of the ECB Mimicking the Fed

Published in Le Figaro
(France) on 16 November 2011
by Pierre-Yves Dugua (link to originallink to original)
Translated from by Cynthia Perez. Edited by Jennifer Pietropaoli.
I'm constantly reading worrisome propositions from investors, ministers and European bank policymakers concerning the role the ECB should play in stopping the surge in Italian bond yields.

They all refer to the role of the Fed or the Bank of England as a last resort buyer of government bonds. We hear: "The ECB just needs to follow in the Fed’s footsteps and buy Italian government bonds in large quantities. The Fed did that for U.S. treasuries and by doing so showed its unconditional support for the treasury market.”

All this is completely untrue and frankly, pretty crazy.

What is the Italian (or Spanish) crisis about? It's about defending access to the market, that is, artificially maintaining the rates at which a deeply indebted country can borrow below the threshold (which is about 7 percent) on the capital market. The ECB would be expected to buy pre-announced Italian government bonds in massive and unlimited amounts in order to lower the yield to a level that would render Italian debt capable of being refinanced.

But the Fed never had to defend access to the market by way of the Treasury.

Saving Uncle Sam from not having enough buyers for his bonds has never been an objective of the Fed’s quantitative easing policy. Perhaps this day will come, but for the moment, that hasn't occurred.

The quantitative easing applied in 2009 and then in 2010-2011, was limited in duration and quantity. Its objective was to control the interest rate curve. It was a question of lowering long-term bond yields, which although already very low, the Fed wanted to lower even further.

Why? Because the housing crisis was at the origin of the financial crisis in the United States and low mortgage prices are considered essential for supporting the market.

But to say that the Fed used quantitative easing to save the American bond market is completely inaccurate.

On the other hand, the crisis lowered American bond yields to unprecedented levels. America's problem since 2008 is not at all the same Italy, Spain, or Greece’s current problem. There is no loss of confidence in American paper currency. Even S&P’s downgrade of American debt hasn't prevented U.S. Treasury bonds yields from falling.

The Fed, which was ridiculed by Europe in 2010 for practicing quantitative easing, is now being referred to as a role-model to push the ECB to churn out paper money. It’s amazing.

Conclusion

1) One can question the legitimacy of the Fed's quantitative easing. One can also point out the bad message it’s giving concerning the risk of weakening the dollar and therefore causing inflation. One can be also alarmed at the disappearing line between monetary and fiscal policy. That is all legitimate and important.

2) It cannot be said, however, that the Fed had to come to the rescue of a disappearing demand for American dollars. That has not yet happened.

3) It has previously proven very dangerous for a central bank to defend exchange rates against the market (as was done in the 70s and 80s). The market is much more powerful than a central bank. Today some would like the ECB to defend Italian bond prices, but that would be repeating the same mistake and there would be major interventions for several quarters.

I am not an expert on the European economy, but this action seems unrealistic unless we also agree to inflate the ECB's balance sheet because after Italy, the same would have to be done for Spain, France and so on.

The market will always be more powerful than central banks. Minor interventions that prevent a loss of control are fine, but the return of credibility is the only way to solve the confidence crisis. In order for that to happen, there needs to be growth (which isn’t brought up enough) and discipline, that is, a stable political consensus with a healthy budget policy and job market reforms. The idea that upcoming elections will challenge all of this scares investors.

Let's not use currency to make serious economic structural policy.


Je lis partout des propos inquiétants de ministres, de hauts responsables de banques centrales européennes et d'investisseurs à propos du rôle que la BCE pourrait jouer pour couper court à l'envolée des rendements obligataires italiens.

Tous font référence au rôle de la Fed ou de la Banque d'Angleterre comme acheteur de dernier ressort de titres d'État. On dit: "la BCE n'a qu'à faire que comme la Fed et racheter des titres italiens en grande quantité. La Fed l'a fait pour les bons du Trésor. Elle a montré qu'elle était là et soutenait sans limite le marché du Trésor."

Tout cela est totalement faux et franchement, assez délirant.

De quoi parle-t-on aujourd'hui dans le cas de la crise italienne (et espagnole) ? On parle de défendre "l'accès au marché". C'est à dire de maintenir artificiellement en dessous d'un seuil (de l'ordre de 7%) les taux auxquels un pays surendetté peut emprunter sur les marchés des capitaux. La BCE serait censée acheter massivement et sans limite pré-annoncée des titres italiens pour faire baisser les rendements à un niveau qui rende refinancable la dette italienne.

Or jamais la Fed n'a eu à défendre l'accés au marché par le Trésor.

Jamais sa politique d'assouplissement quantitatif n'a eu pour objet de sauver l'Oncle Sam de l'incapacité de trouver preneur pour ses obligations. Ce jour viendra peut-être. Mais pour l'instant cela ne s'est pas produit.

Le "quantitative easing" pratiqué en 2009, puis 2010-2011, était limité dans le temps et dans ses montants. Son objectif était de manipuler la courbe des taux. Il s'agissait de faire baisser les rendements des obligations à long terme. Ces derniers étaient déjà très bas. On voulait les faire baisser encore plus.

Pourquoi ? parceque la crise immobiliaire est le point de départ de la crise financière aux États-Unis. La baisse des taux hypothécaires est jugée essentielle pour soutenir ce marché.

Dire que la Fed a pratiqué l'assouplissement quantitatif pour sauver le marché obligataire américain est totalement inexact.

La crise a au contraire fait baisser les rendements obligataires américains à des niveaux sans précédent. Le problème de l'Amérique depuis 2008 n'est pas du tout le même que le problème italien, espagnol ou grec. Il n'y a pas de perte de confiance dans le papier américain. Même la dégradation par S&P de la notation américaine n'a pas empêché la chute des rendements des T bonds.

La Fed aujourd'hui citée comme modèle pour pousser la BCE à faire tourner la planche à billets par ceux-là même qui en Europe en 2010 l'a trainaient dans la boue pour pratiquer le "quantitative easing". C'est stupéfiant.

Conclusion:

1) On peut contester le bien fondé de l'assouplissement quantitatif de la Fed. On peut souligner le mauvais signal qu'il donne sur le risque de dilution du dollar et donc d'inflation. On peut aussi s'alarmer de l'effacement de la frontière entre politique monétaire et fiscale. Tout cela est légitime et important.

2) On n'a pas le droit de dire que la Fed a dû voler au secours d'une demande pour le papier américain qui se serait évanouie. Cela ne s'est pas encore produit.

3) Il s'est révélé jadis très dangeureux pour une banque centrale de défendre une parité de change (comme on le faisait dans les années 70 et 80) contre le marché. Le marché est beaucoup plus riche que la banque centrale. Aujourd'hui certains voudraient que la BCE défende les prix des obligations italiennes. Ce serait commettre la même erreur.

Pour ce il faudrait des interventions massives sur plusieurs trimestres. Je ne suis pas un expert de l'économie européenne, mais cela me semble irréaliste à moins d'accepter l'idée de gonfler le bilan de la BCE dans des proportions extrêmes. Car après l'Italie, il faudrait qu'elle fasse la même chose pour l'Espagne, la France etc...

Le marché est toujours plus riche que les banques centrales. De petites interventions pour éviter des dérappages, d'accord. Mais le retour de la crédibilité est le seul moyen de résoudre la crise de confiance. Pour cela il faut de la croissance (on n'en parle pas assez) et aussi de la discipline, c'est à dire un grand concensus politique durable sur une politique budgétaire saine et des réformes structurelles des marchés du travail. L'idée que des élections au coin de la rue vont venir tout remettre en question faire peur aux investisseurs.

Ne cherchons à faire par le biais de la monnaie, l'économie de politiques structurelles sérieuses.


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