The leaders of “the Western World,” as they consider themselves, concluded this past Monday’s U.S.-EU Summit with three small declarations (first from Obama, then Van Rompuy, followed by Barroso) without letting the journalists ask a single question. These summits “aren’t always the most dramatic meetings because we agree on so much that sometimes it’s hard to make news,” stated Obama. It is true that these types of conferences do not always interest people in the United States (not one line printed in major U.S. papers until this past Monday) and not many people in Europe either. (Thus far, not a line published in the print version of Libération. One must confess that only the Internet permits such forms of venting. ...) Yet if no one speaks at these meetings, it is mostly because the Europeans and Americans succeed in masking their disputes.
In reality, Barack Obama is very concerned about the euro crisis and made it known again this past Monday by inviting his Treasury Secretary, Tim Geithner, to the talks with European leaders. In his speeches in the U.S., Obama has made a habit of citing the euro crisis, along with the Japanese tsunami, as explanation for the current difficulties of the U.S. economy. In the event that the American president would make a fuss out of this subject, his European guests also had a prepared counter-argument on the American debt and the recent failure of the Washington “super committee,” which was supposed to reduce the deficit. According to a diplomat who participated in recent talks at the White House, European leaders have not yet needed to nag about the overspending and political paralysis on this side of the Atlantic. However, in his public statement, José Manuel Barroso recalled that the current European problems originate from the “financial crisis of 2008” — which really just refers to the American economic crisis. In the end, American government officials once again showed a willingness to help Europe ... but without spending taxpayers’ money, of course (at the last G20 in Cannes, Obama had already vetoed the idea of bailing out Europe with the help of the IMF).
The climate is another example of how the U.S.-EU “entente cordiale” [friendly understanding] (in the words of Van Rompuy this past Monday) hides some profound differences. Barack Obama has expressed his “concern” about the subject of European carbon emissions quotas, which, starting on January 1, 2012, will be applied to all airlines serving the European Union. This information was reported by American Ambassador to the European Union William Kennard and his European homologue in Washington, João Vale de Almeida, both of whom are charged with debriefing journalists. “Our view is that the best way to implement something like that is multilateral,” explained Kennard. “[B]ut the EU has decided not to act that way.” The argument is cocky, seeing as the United States has made such a big case out of multilateral negotiations on climate issues so far. The European ambassador was not wrong in retorting: “We are not opposed to a multilateral solution. ...But we have been waiting too long. If there was a good one, we would buy it.”
For the record, the House of Representatives voted in a law last October to prohibit U.S. airlines from observing the EU legislation on carbon emissions quotas. On the eve of the summit, European diplomats still hoped that Obama would put a stop to the “unprecedented” initiative that emerged from the House of Representatives. Given the White House’s reluctance to reason with Congress, Barroso and Van Rompuy were reduced on Monday to pay a visit to Harry Reid, leader of the Democratic majority in the Senate, to dissuade him from voting in a similar law. The idea is to “bien lui savonner la tête” [reprimand him well], explained a European diplomat before the meeting.
All of this deserves “to make news,” like Obama said — who apparently has no interest in doing so and is doing everything possible to let these summits fade into obscurity. Some European diplomats already expect a postponement of the next U.S.-EU summit, theoretically an annual event, perhaps until the spring of 2013 due to the American presidential election (which will occur in Nov. 2012). According to the alternation rules of these summits, Obama or his successor will have to travel to Europe for the next meeting. Already it is suspected that the president will have other priorities.
Ils ont osé : les leaders « de l’Occident », comme ils se définissent eux-mêmes, ont conclu ce lundi leur « sommet UE-US » par trois petites déclarations (d’abord Obama, puis Van Rompuy puis Barroso) sans permettre aux journalistes de leur poser la moindre question. Ces sommets « ne sont pas toujours les plus spectaculaires car nous sommes d’accord sur tellement de choses qu’il est parfois difficile de faire l’actualité » a asséné Barack Obama. Il est vrai que ces sommets n’intéressent pratiquement personne aux Etats-Unis (pas une ligne publiée dans les grands journaux américains jusqu’à ce lundi), et n’intéressent pas grand monde en Europe non plus (pas une ligne publiée dans la version papier de Libération jusqu’à présent, il faut l'avouer, seul l’internet permet de se défouler…). Mais si personne ne parle de ces sommets, c’est plutôt parce qu’Européens et Américains réussissent à masquer leurs différends.
En réalité, Barack Obama est très inquiet de la crise de l’euro et l’a fait savoir ce lundi encore, en invitant aussi son secrétaire au Trésor, Tim Geithner à se joindre aux entretiens avec les dirigeants européens. Dans ses discours aux Etats-Unis, Obama a pris l’habitude de citer la crise de l’euro, avec le tsunami japonais, comme explication des difficultés actuelles de l’économie américaine. Pour le cas où le président américain en ferait trop sur ce thème, ses invités européens avaient d’ailleurs préparé tout un contre-argumentaire sur la dette américaine et le récent échec du « super-comité » washingtonien censé réduire les déficits… Selon un diplomate qui a participé aux entretiens à la Maison Blanche, les Européens n’ont finalement pas eu besoin lundi de sortir leur couplet sur les dérives budgétaires et la paralysie politique de ce côté de l’Altantique. Mais dans sa déclaration publique, José Manuel Barroso a tout de même rappelé que les problèmes européens actuels proviennent de la « crise financière de 2008 », c’est-à-dire de la crise américaine… Sur le fond, les dirigeants américains ont encore une fois assuré qu'ils sont prêts à aider l'Europe... mais sans débourser l'argent du contribuable bien sûr (au dernier G20 de Cannes, Obama a déjà bloqué l'idée d'un renflouement de l'Europe avec l'aide du FMI).
Le climat est un autre exemple sur lequel "l'entente cordiale" (selon l'expression de Van Rompuy lundi) UE-US cache de profondes divergences. Barack Obama a exprimé sa « préoccupation » au sujet des quotas européens d’émission de carbone qui à partir du 1er janvier 2012 doivent s’appliquer à toutes les compagnies aériennes desservant l’UE, a rapporté William Kennard, l’ambassadeur américain à Bruxelles finalement chargé de « débriefer » les journalistes, avec son homologue européen à Washington, Joao Vale de Almeida. « Notre position est que la meilleure approche serait par le biais de forums multilatéraux, a expliqué l’ambassadeur américain. L’Union européenne a choisi de ne pas procéder par ce chemin ». L’argument est culotté, vu le grand cas que les Etats-Unis ont fait des négociations multilatérales sur le climat jusqu’à présent. L’ambassadeur européen n’a pas eu de mal à rétorquer: « Nous ne sommes pas opposés à des solutions multilatérales, s’il y en avait de bonnes. Mais il n’y en a pas sur la table ».
Pour mémoire, la Chambre des représentants a voté en octobre dernier une loi qui interdirait aux compagnies aériennes américaines de respecter la législation européenne sur les quotas d'émissions de CO2… A la veille de ce sommet, les diplomates européens espéraient encore qu’Obama pourrait mettre le holà à une initiative aussi « inouïe » des élus américains. Vu le peu d’empressement de la Maison Blanche pour raisonner le Congrès, Barroso et Van Rompuy en ont été réduits à rendre visite lundi à Harry Reid, le leader de la majorité démocrate au Sénat, pour le dissuader de voter une loi similaire à celle de la Chambre. L’idée est de « bien lui savonner la tête » expliquait un diplomate européen avant la rencontre.
Tout cela mériterait bel et bien de "faire l'actualité", comme dit Obama, qui n'y a visiblement pas intérêt et fait tout son possible pour expédier ces sommets aux oubliettes. Pour la prochaine édition, les diplomates européens s'attendent déjà à ce que cette rencontre UE-US, théoriquement annuelle, soit reportée peut-être jusqu'au printemps... 2013, du fait des élections américaines (prévues en novembre 2012). Selon la règle de l'alternance des sommets, Obama ou son successeur devront alors se rendre en Europe. Déjà on les soupçonne d'avoir d'autres priorités...
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