Familial Atmosphere and Buying Frenzy at Gun Show

Published in Le Monde
(France) on 10 January 2013
by Corine Lesnes (link to originallink to original)
Translated from by Michelle Boone. Edited by Rachel Smith.
What? A two-week waiting period to buy a semi-automatic AR-45? Which amendment are we mocking? On December 30, 2012 in Denver, customers jostled in front of the entries at the last gun show of the year. The show took place 20 kilometers from the Century cinema in Aurora where one of the deadliest shootings in 2012 took place (12 dead, on the premier of the Batman movie). Yet, you would think you were light years away.

Rifles on tables, rifles in the parking lot, pistols, revolvers — every color, every shape — there are firearms everywhere. Admittedly, after the first moment of terror, you get used to it. In this part of America, nothing is more common than the gun show. On the night before New Year’s Eve, the atmosphere is familial. The youngest children are perched on the shoulders of their fathers. Teens have a table, just for them, that holds a blazing pink “My First Rifle” for girls.

The Tanner Gun Show is one of the biggest gun shows in the area: 700 stalls packed with firearms, knives (on sale, hurry, it’s Sunday), bullet proof vests and jackets with pockets where you can slide a hidden firearm that state law gives you the right to carry everywhere — except in schools and public places (a mistake, as everyone knows. The proof: Killers particularly target schools, knowing that no one there is legally armed). The saloon manager, excuse me, stall manager tries to sell a cattle prod to a Latino family. “11,000 volts!” she boasts, “and only 70 dollars.” Her partner, a bull dressed in leather, insists, “She tried it on me. I cried like a four-year-old kid!” The customers defy stereotypes, like this 27 year-old woman with piercings and baggy pants; black and set on buying a pistol. Does she feel threatened? Not in the least. But she’s determined to “defend her family” just in case.

In mid-December, Barack Obama announced the creation of a national commission on gun violence headed by Vice President Joe Biden. It must present its conclusions by the end of January, but Republicans can always be counted on to put on the brakes. The legislative priority, they say, is the reduction of the budget deficit and austerity measures.

After shootings, people go overboard at gun shows. In December, 53,450 requests for purchase authorization were presented to the FBI in Colorado. That is an increase of 50 percent since October. It is the same on the national level: 2.8 million requests in December as opposed to 1.6 million in October. Before, the background check (verification that the buyer has no criminal or psychological history) took a half hour in Denver. Now, it’s necessary to wait two weeks.

In front of the FAST booth — an association that proposes accelerated training (half a day) to carry a weapon — an instructor makes a detailed list of his training courses. No need to buy a pistol; you can rent one. There are even “ladies only” days. “We really have fun. After Halloween we have a shooting competition on pumpkins,” he says. The man offers T-shirts bearing a quote from Wayne LaPierre of the National Rifle Association: “The only thing that stops a bad guy with a gun is a good guy with a gun.” This unquestionable logic is universally shared at gun shows. According to one sign, banning arms after a shooting is like saying “Get rid of spoons. They made me fat.”


Quoi ? Deux semaines d’attente pour pouvoir acheter un semi-automatique AR-45 ? De quel amendement se moque-t-on ? Au dernier gun show de l’année, ce 30 décembre à Denver, les clients se bousculent devant les entrées. La foire aux armes se déroule à 20 km du cinéma Century d’Aurora où a eu lieu l’une des fusillades les plus meurtrières de 2012 (12 morts, en juillet, à l’occasion de la première de Batman) mais on se croirait à des années lumière. Fusils sur les tables, fusils sur le parking, pistolets, revolvers. De toutes les couleurs, de toutes les formes, des armes partout. Et il faut le reconnaître, passé le premier moment d’effroi, on s’habitue.
Dans cette partie de l’Amérique, rien de plus banal que le gun show. En cette veille de réveillon, l’ambiance est familiale. Les plus petits sont juchés sur les épaules de leur père. Les ados ont une table rien que pour eux où trône "mon premier fusil" : flambant rose pour les filles.

Le Tanner Gun show est l’une des plus grandes foires de la région : 700 étals bourrés d’armes à feu, de couteaux (en solde, dépêchez-vous, c’est dimanche), de gilets pare-balles, de blousons à poches où glisser les armes cachées que la loi de l’Etat donne le droit de porter partout – sauf dans les écoles et dans les lieux publics (une erreur, comme chacun sait. La preuve : les tueurs visent particulièrement les établissements scolaires sachant que personne n’y est légalement armé).
Une tenancière de saloon, pardon, de stand, essaie de vendre à une famille latino une torche qui envoie des décharges électriques. "11 000 volts ! vante-t-elle, et seulement 70 dollars". Son compagnon, une armoire à glace vêtue de cuir, appuie : "Elle l’a essayée sur moi. Je criais comme un enfant de quatre ans" ! Les clients défient les clichés, comme cette jeune femme de 27 ans, à piercings et pantalon baggy. Noire, et bien décidée à acheter un pistolet. Menacée ? Pas le moins du monde. Mais déterminée à "défendre sa famille" au cas où elle le serait…

Tom F., 36 ans, se balade dans les allées avec un fusil dans le dos et une pancarte accrochée au canon. "A vendre : AR-15 Sig Sauer". En 2008, il l’a acheté 800 dollars. Aujourd’hui, il en demande 2000. Vente de particulier à particulier : aucun papier n’est nécessaire. Depuis que 20 enfants ont été tués en décembre à l’école primaire de Newtown, dans le Connecticut, le marché s’est emballé. "C’est de la folie", dit-il. Les clients veulent des semi-automatiques, et le même, tant qu’à faire, que le Bushmaster qui a servi à la fusillade. Non que ce soit la Rolls des armes à feu. "C’est juste parce que quelqu’un veut vous l’interdire". Combien d’armes possède-t-il lui-même ? "Oh, une trentaine", répond-il sans sourciller. Des fusils de différents calibres, "quelques pistolets", des fusils à pompe.. Vous ne voudriez quand même pas viser un cerf avec le même calibre qu’un coyote ?


Mi-décembre, Barack Obama a annoncé la création d’une commission nationale de réflexion sur la violence et les armes à feu, présidée par le vice-président Joe Biden. Elle doit rendre ses conclusions avant la fin janvier. Mais on peut compter sur les républicains pour freiner des quatre fers. La priorité législative, disent-ils, c’est la réduction du déficit et les mesures d’austérité.

Pendant ce temps-là, dans les gun shows, on s’empiffre, comme après chaque shooting. En décembre, 53 450 demandes d’autorisation d’achat ont été présentées au FBI dans le Colorado. Soit une augmentation de 50% par rapport à octobre. Il en va de même au niveau national : 2,8 millions de demandes en décembre contre 1,6 million en octobre. Avant, le background check (la vérification des éventuels antécédents criminels ou psychiatriques de l’acheteur) prenait une demi-heure à Denver. Il faut maintenant plus de deux semaines.

Devant le stand de FAST, l’une des associations qui proposent une formation accélérée (une demi-journée) pour obtenir le port d’armes, l’instructeur fait l’article de ses stages. Pas besoin de s’acheter de pistolet, on peut louer. Et il y a des journées "ladies only". "On s’amuse bien, dit-il. Après Halloween, on fait des concours de tirs sur les citrouilles". L’homme offre des T-shirts marqués de la citation de Wayne LaPierre, de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes : "La seule chose qui peut arrêter un malfaiteur avec une arme, c’est un homme bon avec une arme". Une logique imparable, universellement partagée dans les gun shows. Interdire les armes après une fusillade, proclame une pancarte, c’est comme dire : "A bas les cuillères. Elles me rendent obèse"…
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