In September 2001, George W. Bush launched a “crusade against terror,” the highlight of which was a disastrous and illegitimate war in Iraq that lasted 10 years. No doubt looking to celebrate this glorious episode, today he invites visitors to his all-new presidential library to play an interactive game on the aforementioned war, which offers a soothing explanation of a just and inevitable conflict to ensure America’s safety against the threat of “terrorism” — that all-powerful word.
In the name of this war against terrorism, torture is today practiced in Guantanamo, where close to 20 detainees on a hunger strike to denounce the inhumane conditions of their detention were forcibly attached to a chair and fed by a tube.
Because of his status as a declared terrorist, Dzhokhar Tsarnaev, the surviving brother implicated in the Boston marathon bombing, was deprived of his constitutional right as an American citizen to be read his rights, including the right to remain silent.* Perhaps Tsarnaev wanted a mass killing of innocent civilians for political reasons and thus deserves the title of terrorist.
But we can’t help but notice that this stigmatizing word is a condemnation that symbolically attempts to exclude U.S. nationals. To call Dzhokhar Tsarnaev a “terrorist,” to insist on his “dark” complexion, as the press did, and to assume his identity as a jihadist, creates a rhetoric that obliterates the harsh reality: This young man is an American and is largely a product of the United States. In this way, he is just like Adam Lanza, who gunned down dozens of children in Newtown. Senator Claire McCaskill is now wondering whether Lanza should not also be called a “terrorist.”
American Security Services
It is in this context that we must understand the decision made last week by American security services — including the Department of Justice — to include the black activist Assata Shakur on the list of most wanted terrorists in the country, a list created after the Sept. 11, 2001 attacks, which contains the names of 32 men, mostly Middle Eastern Muslims. Shakur (birth name JoAnne Byron), the aunt of rapper Tupac Shakur, had already been labeled a “domestic terrorist” pursuant to the Patriot Act (an antiterrorism law).
The former Black Panthers activist has lived in Cuba for 29 years, where she benefits from her status as a political refugee. Today, she saw the “price” of her capture double. With her new status and a $2 million reward, the American government is likely hoping to sway the aging Castro regime and obtain Shakur’s extradition.
In 1973, the New York-based activist was arrested and convicted for the death of a policeman during a shootout in New Jersey. Even though she herself had been shot twice in the back and the charges against her were quickly revealed to have been false, she remained in prison where she received abusive treatment until her escape in 1979 and her move to Cuba.
A sister cause to the fight of Angela Davis, whose struggle is currently playing in cinemas, Shakur is the mirror image of Tsarnaev: We know that her cause and her fight were and continue to be political, but we can’t say that she is a criminal and that she killed for her cause.
Each day, the illusion that America has escaped from the dark days of the war on terror is more striking. While the drone war is in full swing, the country continues to live in a state of democratic suspension that, each day, further dismays defenders of civil liberties. Here, students from Yale University were upset by the proposed establishment of an interrogation training center that the Pentagon would like to see run by a psychiatrist renowned for his studies on how Arabs and Muslims “lie;” there, thousands of undocumented Latinos are checked, monitored and jailed in the name of the Patriot Act.
We should add that since 2001, on the streets of New York or Atlanta, a black person is 18 times more likely to be stopped by police than a white person, an intolerable example of discrimination that we justify as necessary in the war on terror.
President Barack Obama has a historic responsibility in perpetuating this state of lawlessness. He speaks today about closing Guantanamo, an old promise, but forgets a little too quickly that it was he who signed the National Defense Authorization Act in 2005, which to date prohibits funding for the transfer of prisoners on American soil, and that it is in his power to release or extradite the 86 prisoners. Far from being in line with his commitments and declarations of good intentions, his administration, by this incomprehensible decision to put Shakur on the list of “major terrorist threats against the country,” participates in the venomous pursuit of identifying “swarthy” terrorists and lends its weight to the disastrous crusade against terror, which is now part of Obama’s legacy, too.
*Editor’s note: Dzhokhar Tsarnaev was, in fact, read his Miranda rights after an initial delay.
La "croisade" d'Obama contre le terrorisme
En septembre 2001, Georges W. Bush lançait une "croisade contre la terreur" dont le point d'orgue fut une guerre d'Irak désastreuse et illégitime qui dura dix ans. Sans doute pour célébrer ce glorieux épisode, il propose aux visiteurs de sa toute nouvelle bibliothèque présidentielle un jeu interactif sur ladite guerre, qui offre la belle légende d'un conflit juste et inévitable pour assurer la sécurité de l'Amérique contre la menace "terroriste". Mot tout-puissant.
Au nom de cette guerre contre les terroristes, la torture est aujourd'hui pratiquée à Guantanamo, où près de 20 détenus en grève de la faim, pour dénoncer les conditions indignes de leur détention, sont attachés de force à une chaise et gavés par une sonde.
Au nom de son statut décrété de terroriste, Dzhokhar Tsarnaev, le frère survivant impliqué dans l'attentat du marathon de Boston, se vit privé de son droit constitutionnel de citoyen américain de se voir lire ses droits, dont celui de demeurer silencieux. Peut-être ce dernier a-t-il voulu tuer en masse des civils innocents pour des motifs politiques et mérite-t-il donc à ce titre le nom de terroriste.
Mais on ne peut s'empêcher de constater que ce mot-stigmate est une condamnation à l'exclusion symbolique de l'espace national américain. Appeler Dzhokhar Tsarnaev "terroriste", insister sur sa carnation "sombre" comme le fit la presse et présumer de son identité de djihadiste est un effacement rhétorique d'une réalité crue : le jeune homme est un Américain et ce sont en grande partie les Etats-Unis qui l'ont produit, comme ils ont produit Adam Lanza, qui tua par armes des dizaines d'enfants à Newton et dont la sénatrice Claire McKaskill se demande aujourd'hui s'il ne devrait pas être lui aussi appelé "terroriste".
SERVICES DE SÉCURITÉ AMÉRICAINS
C'est dans ce contexte que l'on doit comprendre la décision prise la semaine dernière par les services de sécurité américains – dont le département de la justice – d'inscrire la militante noire Assata Shakur sur la liste des terroristes les plus recherchés du pays, liste créée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, qui contient les noms de 32 hommes, essentiellement des musulmans moyen-orientaux. Shakur, tante du rappeur Tupac Shakur, de son nom de naissance Joanne Byron, avait déjà été, suite au Patriot Act (loi antiterroriste), nommée "terroriste domestique" (on parlerait de "terrorisme intérieur" en France).
Aujourd'hui, l'ancienne militante des Black Panthers installée depuis vingt-neuf ans à Cuba, où elle bénéficie du statut de réfugiée politique, voit le "prix" de sa capture doubler. Avec ce nouveau statut et 2 millions de dollars, le gouvernement américain espère sans doute faire plier un régime castriste vieillissant et obtenir l'extradition de Shakur.
En 1973, cette activiste new-yorkaise fut arrêtée et condamnée pour le meurtre d'un policier lors d'une fusillade dans le New Jersey. Alors même qu'elle avait elle-même reçu deux balles dans le dos et que l'ensemble des charges retenues contre elles s'étaient rapidement révélées fallacieuses, elle demeura en prison où elle subit nombre de mauvais traitements avant son évasion en 1979 et son installation à Cuba.
Sœur de lutte d'Angela Davis, dont le combat est actuellement porté à l'écran, elle est le reflet inversé de Tsarnaev : on est certain que sa cause et son combat étaient et sont encore politiques mais on ne peut dire qu'elle est criminelle et qu'elle a tué pour la cause.
Chaque jour, l'illusion selon laquelle l'Amérique est sortie des heures sombres de la guerre à la terreur est plus éclatante : alors que la guerre des drones bat son plein, le pays continue à vivre dans un état de suspension démocratique qui, chaque jour, consterne davantage les défenseurs des libertés civiles : ici, les étudiants de l'université Yale s'émeuvent du projet d'implantation d'un centre de formation à l'interrogatoire que le Pentagone voudrait voir orchestrer par un psychiatre qui s'est illustré par ses études sur la façon dont "mentent" Arabes et musulmans ; là des milliers de Latinos sans papiers sont contrôlés, fichés et emprisonnés au nom du Patriot Act.
Ajoutons que depuis 2001, dans les rues de New York ou d'Atlanta, un Noir a dix-huit fois plus de chances de se faire interpeller par la police qu'un Blanc, discrimination intolérable que l'on justifie par la nécessaire guerre contre la terreur.
Le président Barack Obama porte une responsabilité historique dans la perpétuation de cet état de non-droit. Il évoque aujourd'hui la fermeture de Guantanamo, vieille promesse, en oubliant un peu vite que c'est lui qui a signé le National Defense Authorization Act en 2005, qui interdit jusqu'à aujourd'hui le financement du transfèrement des prisonniers sur le sol américain et qu'il est en son pouvoir de faire libérer ou extrader les 86 prisonniers blanchis par la justice. Loin d'être en cohérence avec ses engagements et ses déclarations de bonnes intentions, son administration, par cette incompréhensible élection de Shakur au nombre des "principales menaces terroristes contre le pays", participe de l'identification venimeuse des basanés au terrorisme et elle apporte sa pierre à la funeste croisade contre la terreur qui est désormais la sienne.
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The Department of War's aggressive name, while doing nothing to change the actual state of the U.S. military, is nothing more than “pretense of power” theatrics.
The attempted assassination of Hamas negotiators marks a turning point. ... Added to the genocide and ethnic cleansing in Gaza, international law has finally died.