War or Peace

Published in Le Temps
(Switzerland) on 7 February 2015
by Frédéric Koller (link to originallink to original)
Translated from by Daniel Pick. Edited by Nicholas Eckart.
After nearly 10 months of fighting in Donetsk, all parties agree on at least one point: this is war. Declared between the separatists and Kiev. But also undeclared, between Ukraine and Russia, even if Moscow continues to deny — against all evidence — its involvement in the fighting. For some time, Europeans have been able to believe that it would remain a low-intensity conflict, contained and without consequence for the continent. It is true that the economic crisis, tensions of identity, questions on Greece and the emergence of the Islamic State have ceaselessly diverted attention from this slow Ukrainian rotting, which today threatens to destabilize all of Europe.

For this is a conflict which Europe has refused to see thus far: Vladimir Putin is also at war against the “West,” being persuaded himself that he is victim to a warped plot by the United States and its sidekicks to weaken Russia. That war is, for the moment, pure propaganda. But the risk of such a blaze is not out of the question. The risk is that Western arms — though Washington hesitates, several European capitals are pushing this direction — would respond to those of Moscow in a fight becoming more and more bloody between Kiev and the separatists.

France and Germany finally took action on this reality when they announced, Feb. 5, their new peace initiative. "It will not be said that France and Germany together have not tried everything, undertaken everything to preserve the peace," explained Angela Merkel, while François Hollande added that “the diplomatic option cannot be prolonged indefinitely.” That is where we stand. The threat does not come solely from Russia. The Ukrainian crisis represents a significant risk of division between Europeans and between Europe and the United States.

If this plan has failed so far — due in large part to the offensive of the separatists — how should it be given a second chance today? The “global” approach requires a determination of Ukraine’s sovereignty — Crimea included — and its future economic rebuilding. This sovereignty cannot be negotiated. On the other hand, what can be offered to Russia by France and Germany — backed up by the EU, the United States and NATO — are new guarantees on a form of neutralization of Ukraine, to ensure that it does not rejoin a military alliance. Kiev must understand that this would also be in its best interest.

Some will think this is too much concession toward Moscow. But what is the alternative? Putin is ready for a war of attrition. It could well become “total,” as the French president clearly said.


«Il ne sera pas dit que la France et l’Allemagne n’auront pas tout tenté pour préserver la paix.» La déclaration de la chancelière allemande ne pouvait être plus claire. L’Europe devra-t-elle entrer en guerre contre la Russie?
Après bientôt dix mois de combats dans le Donbass, toutes les parties s’accordent au moins sur un point: c’est la guerre. Déclarée, entre les séparatistes et Kiev. Mais aussi non déclarée, entre l’Ukraine et la Russie, même si Moscou continue de nier – contre toute évidence – son implication dans les combats. Longtemps, les Européens ont pu croire qu’on en resterait à un conflit de basse intensité, circonscrit, et sans conséquence pour le continent. Il est vrai que la crise économique, les crispations identitaires, les interrogations sur la Grèce ou encore l’émergence de l’Etat islamique ont sans cesse détourné les regards de ce lent pourrissement ukrainien, qui menace aujourd’hui de déstabiliser toute l’Europe.


Car il est un conflit que les Européens ont refusé de voir jusqu’ici: Vladimir Poutine est aussi en guerre contre l’«Occident», lui-même persuadé d’être victime d’un complot ourdi par les Etats-Unis et ses supplétifs européens pour affaiblir la Russie. Cette guerre-là est pour l’heure de pure propagande. Mais le risque d’un embrasement n’est plus à exclure. Les armements occidentaux – Washington hésite, quelques capitales européennes poussent dans cette voie – répondant à ceux de Moscou dans une lutte de plus en plus sanglante entre Kiev et les séparatistes.

La France et l’Allemagne ont finalement pris acte de cette réalité lorsqu’ils ont annoncé, jeudi, leur nouvelle initiative de paix. «Il ne sera pas dit que la France et l’Allemagne, ensemble, n’auront pas tout tenté, tout entrepris, pour préserver la paix», a expliqué Angela Merkel, alors que François Hollande ajoutait que l’«option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment». On en est là. La menace ne vient pas que de la Russie. La crise ukrainienne représente un risque majeur de division entre Européens et entre l’Europe et les Etats-Unis.

Pour éviter le pire, il y a désormais urgence à agir. Du moment que ni les Européens, ni les Etats-Unis ne sont prêts à se battre pour l’Ukraine, seul un accord politique avec Moscou est envisageable. Un «accord global», comme le dit désormais François Hollande. A quoi devrait ressembler ce plan pour donner une chance à la paix? Dans l’immédiat, il s’agit de mettre un terme au bain de sang dans le Donbass en appliquant enfin l’accord de paix négocié à Minsk en septembre dernier. Cet accord en douze points a été signé par l’Ukraine, les séparatistes, la Russie et l’OSCE. Il implique un cessez-le-feu, un retrait des troupes et des armes lourdes des zones de combat et un dialogue politique prévoyant une «décentralisation» du pouvoir en Ukraine.

Si ce plan a échoué jusqu’ici – en grande partie du fait de l’offensive des séparatistes – comment lui donner une seconde chance aujourd’hui? L’approche «globale» nécessite de statuer sur la souveraineté de l’Ukraine – Crimée comprise – et sa future reconstruction économique. Cette souveraineté ne peut être négociée. Ce que peuvent, en revanche, offrir à la Russie les Français et les Allemands – appuyés par l’UE, les Etats-Unis et l’OTAN – ce sont de nouvelles garanties sur une forme de neutralisation de l’Ukraine afin qu’elle ne rejoigne pas une alliance militaire. Kiev doit pouvoir comprendre que c’est aussi dans son intérêt.

Certains penseront que c’est trop céder à Moscou. Mais quelle est l’alternative? Vladimir Poutine est prêt à une guerre d’usure en Ukraine. Elle pourrait bien devenir «totale», comme l’a clairement dit le président français.
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