In his final State of the Union address, the president opposed his optimistic view of the U.S. to the pessimistic assessment of the candidates to succeed him.
President Obama has 373 days left to convince Americans that his two terms have turned the U.S. into a country that is economically stronger, more respected in the world, and whose security is not at risk, including from outside enemies, like the Daesh Islamists. The president knew that his eighth State of the Union address, a kind of institutional and solemn road map that the incumbent in the White House has to yield to, was one of his last opportunities to be heard by his fellow citizens. Indeed, the campaign for who will succeed him will really start in two weeks with the beginning of the primaries, and it looks like it will be more controversial and polemical than usual, to the point of rendering the president, who is already a "lame duck,” inaudible until the end of his term.
This is probably why Obama chose first to describe the U.S. that, during his presidency, has regained its dynamic growth, its development, with 14 million jobs created; its debt has decreased, it has better Social Security coverage, and it is not threatened by anyone, he says. In short, “The United States of America is the most powerful nation on Earth. Period.” But, more surprisingly and, according to someone close to him, Obama used this flattering picture to transform part of his State of the Union speech into “a speech on the presidential campaign.” By getting involved in the electoral game of the moment, the president may have shown that he was more affected than it seems by the contrast between his vision of the U.S. during his presidency and the description of it made by the candidates to succeed him, both Republicans and Democrats. Because, if Hillary Clinton is an exception, even her Democratic opponent, Bernie Sanders, has been constantly criticizing a country where inequalities have increased and where average Americans do not benefit from the return of growth. By the way, this is an accusation that seems to be profitable to him since, according to the polls, he is leading the race, surpassing the former first lady in Iowa and New Hampshire, the first two states to vote in the primaries.
'Masses of Fighters on the Back of Pickup Trucks, Twisted Souls'
But it is obviously at the Republican candidates that the president launched his harshest attacks — particularly against the excesses of Donald Trump. Even if by taking advantage of this much institutionalized tribune to engage in some politicking, he did not go as far as to quote him or any other Republican candidate. “There will be voices urging us to fall back into our respective tribes, to scapegoat fellow citizens who don’t look like us, or pray like us, or vote like we do, or share the same background.” This was an obvious allusion to Trump’s proposals to ban Muslim entry into the U.S. or to build walls along the borders.
He also focused on Marco Rubio and Ben Carson and all those who, like them, would like to go back to the good old America of the past: “It’s a lot easier to be cynical; to accept that change is not possible, and politics is hopeless, and the problem is all the folks who are elected don't care, and to believe that our voices and actions don’t matter. But if we give up now, then we forsake a better future. (…) Anyone claiming that America’s economy is in decline is peddling fiction.”
Finally, the president, commander-in-chief, denounced those who would think that their country is less safe today than it was when George Bush passed it over to him: “It is wrong to say that we have entered World War III or that we have to answer to the threats by the carpet bombings.”* And Obama closed this chapter by making fun of those who, like the other Republican candidates — the likes of Ted Cruz or Chris Christie — are calling for a stronger military action against the Islamic State. “Masses of fighters on the back of pickup trucks, twisted souls plotting in apartments or garages — they pose an enormous danger to civilians; they have to be stopped. But they do not threaten our national existence. That is the story ISIL wants to tell.”
In short, Obama’s last speech was as an autosuggestion, magnifying the successes, and there were some, but minimizing the fact that during his presidency the U.S. has shown many weaknesses and inaction in its foreign policy. It is not certain that, in this period of elections, he managed to convince his fellow citizens of the merits of his presidency — those citizens who, according to a recent poll, were two out of three in thinking that their country is on a bad path today.
*Editor's Note: This quote has been paraphrased. The original quote reads, "But as we focus on destroying ISIL, over-the-top claims that this is World War III just play into their hands. (...) Our answer needs to be more than tough talk or calls to carpet-bomb civilians."
États-Unis : la méthode Coué du professeur Obama
Pour son dernier discours sur l'état de l'Union, le président a opposé sa vision optimiste de l'Amérique au constat pessimiste des candidats à sa succession.
Il reste 373 jours au président Obama pour convaincre les Américains que ses deux mandats ont fait des États-Unis un pays économiquement plus fort, mieux respecté dans le monde et qui ne court pas de risques pour sa sécurité - notamment à cause de ses ennemis de l'extérieur comme les islamistes de Daech. Le président n'ignorait pas que ce huitième discours sur l'état de l'Union, sorte de feuille de route institutionnelle et solennelle à laquelle doit se plier chaque année le locataire de la Maison-Blanche, était une de ses dernières occasions de se faire entendre par ses concitoyens. En effet, dans quinze jours, la campagne pour sa succession va vraiment commencer avec le début des primaires, et elle s'annonce bien plus controversée et polémique qu'à l'habitude. Au point de rendre inaudible jusqu'à la fin de son mandat celui qui est d'ores et déjà un « lame duck président », un canard boiteux.
C'est sans doute la raison pour laquelle Obama a choisi d'abord de décrire une Amérique qui, sous sa présidence, a retrouvé sa dynamique, sa croissance, avec 14 millions d'emplois créés, une dette en diminution, une meilleure couverture sociale et qui, dit-il, n'est menacée par personne. Bref : « Les États-Unis sont la nation la plus puissante du monde. Point final. » Mais ce bilan flatteur, de façon plus inattendue, Obama l'a utilisé pour transformer une partie de son discours sur l'état de l'Union en un « discours sur la campagne présidentielle », comme l'a qualifié un de ses proches. En rentrant dans le jeu électoral du moment, le président a peut-être montré qu'il était plus affecté qu'il n'y paraît par le contraste entre sa vision de l'Amérique sous sa présidence et la description qu'en font les candidats à sa succession, républicains et même démocrates. Car si Hillary Clinton fait exception, même Bernie Sanders, son adversaire démocrate, n'a de cesse de critiquer un pays où les inégalités se sont accrues et où les Américains moyens ne profitent pas du retour de la croissance. Une accusation qui, d'ailleurs, semble lui profiter puisqu'il mène maintenant la course en tête, en surclassant l'ancienne première dame, selon les sondages, dans l'Iowa et le New Hampshire, les deux premiers États qui vont voter pour les primaires.
"Grappes de combattants à l'arrière de pick-up et esprits malades"
Mais c'est évidemment à l'adresse des candidats républicains que le président a lancé ses attaques les plus rudes. Et en particulier contre les outrances de Donald Trump. Même si en profitant de cette tribune très institutionnelle pour faire de la politique politicienne il n'est pas allé jusqu'à le citer, ni lui ni aucun des prétendants républicains. « Rejetons les voix qui nous proposent de nous replier sur notre tribu, ou de faire de boucs émissaires ceux qui ne nous ressemblent pas, ou ne prient pas comme nous, ou n'ont pas eu la chance d'avoir eu l'éducation que nous avons reçue. » Allusion évidente aux propositions de Trump d'interdire aux musulmans l'entrée aux États-Unis ou d'ériger des murs le long des frontières.
Autre mise au point à l'adresse de Marco Rubio ou de Ben Carson et de tous ceux qui, comme eux, voudraient revenir à la bonne vieille Amérique du passé : « Il est parfois facile d'être cynique, de prétendre que le changement n'est pas possible, que nos paroles et nos actions n'ont aucune importance, mais nier tout ce qui a été fait et abandonner maintenant, n'est-ce pas se priver d'un avenir meilleur ? […] Ceux qui prétendent que l'Amérique est en déclin sont en pleine fiction. »
Enfin, le président-commandant en chef a fustigé ceux qui penseraient que leur pays est moins en sécurité aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque George Bush lui a passé le relais : « Il est faux de dire que nous sommes entrés dans la troisième guerre mondiale ou qu'il faut répondre aux menaces par des tapis de bombes. » Et Obama a clos ce chapitre en se moquant de ceux qui, comme ces autres candidats républicains que sont Ted Cruz ou Chris Christie, appellent à une opération militaire plus musclée contre le groupe État islamique : « Des grappes de combattants à l'arrière de pick-up et des esprits malades complotant dans des appartements ou des garages posent, certes, un énorme danger pour les civils, mais ils ne représentent pas, comme Daech veut le faire croire, une menace existentielle pour notre nation. »
Un dernier discours, en somme, en forme de méthode Coué, magnifiant les succès - et il y en a eu - mais minimisant le fait que sous la présidence d'Obama les États-Unis ont montré beaucoup de faiblesses et d'inactions dans leur politique étrangère. Il n'est pas sûr qu'en cette période électorale il ait réussi à convaincre ses concitoyens des mérites de sa présidence, eux qui, selon un récent sondage, étaient deux sur trois à penser que leur pays était aujourd'hui sur une mauvaise voie.
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