The next Oscars night will be white, but it will not be tranquil. Infuriated by the absence of black actors nominated in actor categories, director Spike Lee and actress Jada Pinkett Smith, two African-Americans, have decided to boycott the ceremony.
At the root of the movement is The Los Angeles Times, which last Friday put the photos of the 20 nominated actors and actresses on its front page and crowned it all with the headline: "Where's the Diversity?"
Spike Lee followed it by announcing a boycott of the awards evening. Ever since, reactions and support have come from all sides. Will this call have serious repercussions at the Feb. 28 event, hosted by Chris Rock, who is himself black? We shall see.
In the meantime, they're taking things very seriously within the organizing committee. The president of the Academy of Motion Picture Arts and Sciences, the African-American Cheryl Boone Isaacs, has said she is “heartbroken and frustrated about the lack of inclusion" of black actors. When she began her presidency two years ago, she promised change. Last June, she named 322 new members, including women, African-Americans and Europeans, to diversify the vote.
These efforts don't seem to have borne fruit. After Lee's announcement, Boone Isaacs hurried to promise more radical changes to promote diversity among the nominees.
Changes? But What? Quotas for the Voters?
Let's remember that the 6,000 people in the movie world who have the right to choose Oscar winners are 94 percent white. It would be difficult, even impossible, to right the balance because only the members of the Academy can admit new people after a long sponsorship process.
A new system of categories? Can you imagine categories for black or Latino actors? Does it have to come to that? No, that would be completely ridiculous.
In this respect, I still don't understand why in 2016 we have a category for best actor and a category for best actress. Why couldn't Cate Blanchett and Leonardo DiCaprio be evaluated in the same category? It seems absurd to me.
Deep down, I can sense pretty well why these two categories still exist after 88 years. With men comprising 76 percent of the voters, the actresses know very well that if they were judged with their male counterparts, they wouldn't win very often.
That said, I don't believe for a second that cosmetic changes would fix the situation of racism at the Oscars. The real problem is found in the heads of those who hold the ballots — and in our own heads.
Those voters are us. This situation at the Oscars sends us back to the serious problem of racism in general. It sends us back to the nomination of people of color in leadership positions, to the hiring system in businesses, to the way that we evaluate foreign students in schools.
I am convinced that after having seen the films, the voters have the same love for the performances of white, black, Latino or Asian actors.
It's at the moment of marking an X that everything plays out. That X goes naturally to the side of a white person. It's what we call quiet or unconscious racism.
Tuesday, on social media, I saw the same phrase a lot. One that said basically this: "It's not a question of color but of talent. We should choose actors for their talent." I find this thought a nice refuge for laziness.
Lee is right to shake up the sacrosanct Hollywood world. I hope that his call for a boycott spreads and that it includes not only black people, but also all of film’s artisans.
I hope that because of this boycott, the room will be full of B-rated actors you hardly recognize, anonymous bimbos who will serve as window dressing, and old farts who can't even remember that they made movies.
During this whitewashed evening, I hope to see grand gestures by the dozen and hear impassioned speeches meant to wake up the country that has known its share of race riots in the last few months.
This way we will be able to have a real understanding.
You think I'm a hopeless optimist? You're right. But I remind you that the Americans who nominated white actors this year are also those who elected the first black president.
Des Oscars à l'eau de Javel
La prochaine soirée des Oscars sera blanche, mais elle ne sera pas tranquille. Excédés par l'absence d'acteurs noirs dans les catégories d'acteurs, le réalisateur Spike Lee et la comédienne Jada Pinkett Smith, deux Afro-Américains, ont décidé de boycotter la cérémonie.
À l'origine de ce mouvement, il y a le Los Angeles Times qui mettait à sa une de vendredi dernier les photos des 20 acteurs et actrices sélectionnés et couronnait le tout avec le titre «Where's the diversity?».
Spike Lee a enchaîné en annonçant un boycottage de cette soirée. Depuis, les réactions et les appuis fusent de toutes parts. Cet appel aura-t-il de graves répercussions sur la soirée du 28 février animée par Chris Rock, lui-même un Noir? On verra bien.
En attendant, on prend les choses très au sérieux au sein du comité organisateur. La présidente de l'Académie du cinéma et des sciences, l'Afro-Américaine Cheryl Boone Isaacs, s'est dite «navrée et frustrée par le manque d'inclusion» des acteurs noirs. Lors de son arrivée à la présidence il y a deux ans, elle avait promis des changements. En juin dernier, elle a nommé 322 nouveaux membres, dont des femmes, des Afro-Américains et des Européens, afin de diversifier le vote.
Ces efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits. À la suite de l'annonce de Spike Lee, elle s'est empressée de promettre des changements plus radicaux pour promouvoir la diversité parmi les sélectionnés.
Des changements? Mais lesquels? Des quotas chez les votants?
Rappelons que les 6000 personnes du milieu cinématographique qui ont le droit de choisir les finalistes sont à 94 % des Blancs. Il serait difficile, voire impossible, de revoir l'équilibre car seuls les membres de l'académie peuvent intégrer de nouvelles personnes à la suite d'un long processus de commandite.
Un nouveau système de catégories? Imaginez-vous un instant des catégories d'acteurs noirs ou hispaniques? Faut-il en arriver là? Non, ça serait complètement ridicule.
À cet égard, je ne comprends toujours pas pourquoi en 2016 on se retrouve avec une catégorie du meilleur acteur et une catégorie de la meilleure actrice. Pourquoi Cate Blanchett et Leonardo DiCaprio ne pourraient-ils pas être évalués dans la même catégorie? Cela m'apparaît aberrant.
Au fond, je devine assez bien pourquoi ces deux catégories cohabitent encore aujourd'hui après 88 ans. Avec 76 % d'hommes chez les votants, les actrices savent très bien que si elles étaient évaluées avec leurs camarades masculins, elles ne gagneraient pas souvent.
Cela dit, je ne crois pas une seconde que des changements cosmétiques régleraient la situation du racisme aux Oscars. Le véritable problème se trouve dans la tête de ceux qui détiennent les bulletins de vote. Et dans notre tête à nous tous.
Ces votants, c'est nous. Cette situation aux Oscars nous renvoie au grave problème du racisme en général. Elle nous renvoie à la nomination des personnes de couleur dans les postes de direction, au système d'embauche dans les entreprises, à la manière dont on évalue les étudiants étrangers dans les écoles.
Je suis persuadé qu'après avoir vu les films, les votants ont des coups de coeur égaux pour les performances des acteurs blancs, noirs, latinos ou asiatiques.
C'est au moment d'inscrire leur X que tout se joue. Ce X va naturellement du côté d'un Blanc. C'est ce qu'on appelle le racisme tranquille ou inconscient.
Mardi sur les réseaux sociaux, j'ai beaucoup vu la phrase qui disait à peu près ceci: «Ce n'est pas une question de couleur, mais de talent. Nous devons choisir les acteurs en fonction de leur talent.» Je trouve que cette pensée est un beau refuge pour la paresse.
Spike Lee a raison de secouer le sacro-saint milieu hollywoodien. Je souhaite que son appel au boycottage prenne de l'ampleur et qu'il implique non seulement des Noirs, mais encore l'ensemble des artisans du cinéma.
Je souhaite qu'en raison de ce boycottage, la salle soit tapissée d'acteurs de séries B en mal de reconnaissance, de bimbos anonymes qui feront office de potiches et de vieux croûtons de l'industrie qui ne se souviennent même plus qu'ils ont fait des films.
Au cours de cette soirée passé à l'eau de Javel, j'espère voir des coups d'éclat par dizaines et entendre des discours enflammés afin de réveiller ce pays qui a connu son lot d'émeutes raciales au cours des derniers mois.
C'est ainsi qu'il pourra y avoir une véritable prise de conscience.
Vous pensez que je suis un indécrottable optimiste? Vous avez raison. Mais je vous rappelle Que les Américains qui ont choisi les acteurs blancs en nomination cette année sont aussi ceux qui ont élu un premier président noir.
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