Rise Up, Latinos

Published in Le Devoir
(Canada) on 18 April 2016
by Guy Taillefer (link to originallink to original)
Translated from by Kristin Dale. Edited by Rachel Pott.
In spring 2006, Latinos in the United States mobilized like never before against Republican anti-immigration policies. “Today we march, tomorrow we vote,” the demonstrators shouted. Ten years later, the Latino minority’s influence during elections remains secondary to their astonishing demographic growth.

On March 26, 2006, in the city of Los Angeles, 500,000 people descended on the streets to protest measures voted on by congressional Republicans to criminalize illegal immigrants. It was an even larger collective outburst than the protests against the Vietnam War, 35 years earlier. Other “A Day Without Immigrants” protests would be held in several American cities during the month of April, with Latinos going on strike in the hundreds of thousands to remind Americans of their key contributions to the economy and the American job market.

Fifty years ago, Latinos comprised 3 percent of the American population. Today, they are a community of around 55 million (17 percent of the population), although these figures are inevitably inaccurate, given the presence of some 10 million illegal immigrants. Whatever the number may be, Latinos are now the country’s most important minority, in front of blacks. In a state as electorally important as Texas, they represent almost 40 percent of the population, and their proportion continues to grow. However, “today we march, tomorrow we vote” has largely been abandoned. Why?

It’s surprising, given everything else, that the outrageous statements uttered by Donald Trump, who promised to throw out all illegal immigrants and to seal the border at Mexico’s cost if he becomes president, haven’t provoked more massive denunciations. Alongside the Black Lives Matter movement, which was born over the past few years out of multiple cases of police violence against blacks, the Latino community seems apathetic, despite their having every reason to turn against the brutality of illegal immigrant deportation policies that Washington has implemented for far too long.

The proportion of Latino voters who are casting ballots has grown in the last ten years, but remains distinctly inferior to that of whites, and to that of blacks. Could that change during the next presidential election? It will be difficult. The arsenal of measures employed by Republicans to obstruct minorities’ right to vote – most of whom are won over by Democrats – will not diminish. The hijacking of the democratic process that allowed George W. Bush to take power in 2000 could theoretically be repeated.

This is all the more possible considering that the next presidential election will be the first held since the Supreme Court’s June 2013 nullification of a cornerstone (Article 5) of the Voting Rights Act of 1965. In the United States’ modern history, Article 5 has played a fundamental role in giving the federal government the power to block discriminatory electoral laws in states with a heavy segregationist past, such as Tennessee, Georgia and Alabama. In 2013, the Supreme Court determined, in a tight 5-4 decision, that this article had become useless for the reason that, at the very least, the United States had now overcome its racist past.

Redistricting for a Republican advantage, the reduction of advance voting times, increased demands for identification at polling stations (under the completely false pretext that non-citizens rush to the ballot boxes to vote illegally) … Republicans have developed a veritable science for controlling the right to vote. This science allows “Anglo” votes to be shielded from the growing demographic pressure of minorities in states, like Texas, that are essential to the party’s survival.

This dynamic is combined with a more “psycho-political” dimension.

To be a native of Latin America is to know and to have internalized a repressive political history. In the southern United States, where deep-rooted ethnic and racial distrust persist, the white majority perpetuates a culture of intimidation. As a result, while they may have become American citizens, many Latinos will keep themselves from voting for fear that they might be taken for illegal immigrants. This power struggle has no end in sight, but, by walling themselves up, the Republicans will eventually lose. Things will change quickly, as soon as Latinos dare to defend their political rights with more audacity.


Printemps 2006, les Latinos se sont mobilisés comme jamais aux États-Unis contre les politiques anti-immigrants des républicains. « Aujourd’hui on marche, demain on vote », clamaient les manifestants. Dix ans plus tard, l’influence de la minorité latino en temps d’élections reste secondaire au regard de sa formidable croissance démographique.

Dans la seule ville de Los Angeles, en ce 26 mars 2006, 500 000 personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre les mesures de criminalisation des clandestins, votées au Congrès par les républicains. Un coup de gueule collectif plus grand encore que les protestations contre la guerre du Vietnam, 35 ans plus tôt. D’autres « journées sans immigrés » allaient se tenir dans plusieurs villes américaines pendant tout le mois d’avril, les Latinos faisant grève par centaines de milliers, afin de rappeler aux consciences leur contribution clé à l’économie et au marché de l’emploi américains.

Il y a 50 ans, les Latinos formaient 3 % de la population américaine. Ils sont aujourd’hui une communauté d’environ 55 millions de personnes (17 % de la population), encore que ces chiffres soient nécessairement imprécis, vu la présence de quelque 10 millions d’illégaux. Quoi qu’il en soit, les Latinos constituent maintenant la plus importante minorité du pays, devant les Noirs. Dans un État électoralement aussi important que le Texas, ils représentent presque 40 % de la population, et leur proportion va croissant. Pour autant, le « aujourd’hui on marche, demain on vote » est largement resté lettre morte. Pourquoi ?

Étonnant, tout de même, que les énormités proférées par Donald Trump, qui a promis s’il devient président d’expulser les illégaux et d’étanchéifier la frontière aux frais du Mexique, n’aient pas suscité de dénonciations plus massives. À côté du mouvement Black Lives Matter, né ces dernières années des cas multiples de violence policière contre des Noirs, la communauté latino a l’air apathique, alors qu’elle aurait toutes les raisons de se braquer contre la brutalité des politiques d’expulsion des illégaux appliquées par Washington depuis trop longtemps.

La proportion des électeurs latinos qui vont aux urnes a crû depuis dix ans, mais elle demeure nettement inférieure à celle des Blancs, comme en fait à celle des Noirs. Pourrait-il en être autrement lors de la prochaine présidentielle ? Difficilement. L’arsenal des mesures utilisées par les républicains pour faire obstruction à l’exercice du droit de vote des minorités — majoritairement acquises aux démocrates — ne faiblira pas. Le détournement de démocratie qui a permis à George W. Bush de prendre le pouvoir en 2000 peut théoriquement se reproduire.

D’autant plus que le prochain scrutin présidentiel sera le premier à se tenir depuis l’invalidation par la Cour suprême, en juin 2013, d’un pilier (l’article 5) de la Loi sur les droits de vote de 1965. L’article 5 aura joué dans l’histoire contemporaine des États-Unis un rôle fondamental dans la mesure où il donnait au gouvernement fédéral le pouvoir de bloquer des lois électorales jugées discriminatoires dans des États — comme le Tennessee, la Géorgie et l’Alabama — au lourd passé ségrégationniste. En 2013, la Cour suprême jugeait, dans une décision serrée de 5 contre 4, que cet article était devenu inutile pour la raison, pour le moins discutable, que les États-Unis avaient maintenant surmonté leur passé raciste…

Redécoupage des districts à l’avantage des républicains, réduction des périodes de vote par anticipation, exigences accrues de preuves d’identité dans les bureaux de vote au prétexte, totalement fallacieux, que les non-citoyens se ruent sur les urnes et votent illégalement… Les républicains ont développé une véritable science du contrôle du droit de vote. Cette science permet de prémunir le vote des « Anglos » contre la pression démographiquement croissante des minorités dans des États essentiels à la survie du parti comme l’immense Texas.

À cette dynamique se conjugue une dimension de nature plus « psycho-politique ».

Être originaire d’Amérique latine, c’est en connaître l’histoire politique répressive et l’avoir intériorisée. Dans les États du Sud, où persistent les vieilles méfiances ethniques et raciales, la majorité blanche perpétue une culture d’intimidation. Avec le résultat que, tout citoyens américains qu’ils soient devenus, beaucoup de Latinos vont s’empêcher d’aller voter par peur de passer pour des illégaux. Dans cette lutte de pouvoir qui n’est pas près de prendre fin, mais dont les républicains, à se murer, seront finalement perdants, les choses changeront plus vite à partir du moment où les Latinos oseront défendre leurs droits politiques avec plus d’aplomb.
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