A Risk of Losing Vietnam Again

Published in Le Devoir
(Canada) on 3 February 2018
by Julien Tourreille (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Margaret Dalzell.
Launched on Jan. 30, 1968 by North Vietnam and its Viet Cong allies, the Tet Offensive completed the illusion of a U.S. victory in Southeast Asia. Fifty years later, the specter of war has certainly not disappeared completely. Last week’s Vietnam visit by Defense Secretary James Mattis was not for commemorative purposes. His primary goal was to stress the importance of the strategic relationship between Hanoi and Washington in a region where China’s assertiveness has raised worry and tension.

The Tet Offensive concluded in late February 1968 with the retaking of the city of Huế by the Americans and their South Vietnamese allies. If, from a strictly military point of view they could claim victory, politically speaking, it was North Vietnam and their Viet Cong allies who won the battle despite suffering 40,000 casualties. After weeks of violent combat, the bond of trust between the American population and its political and military leaders was broken, the United States’ will to fight was defeated, and the prospects for success had evaporated.

A half-century after the decisive turning point in the most traumatic conflict in contemporary American history, Mattis could not escape these painful memories during his 2-day visit. He met with members of the Defense Department agency responsible for finding and identifying the remains of some 1,300 still-missing soldiers. He also noted that propaganda saluting the victory against the Americans is still present in the streets of Hanoi.

Although the traces of a troubled past have not disappeared, Vietnam and the United States have an increasingly close and strategically important relationship. In fact, in the last five years, no other Southeast Asian country aside from Vietnam has so determinedly opposed Chinese ambitions in the region. In this context, Hanoi and Washington established a strengthened partnership under the Obama administration that resulted in the lifting of the ban on U.S. weapons sales in Vietnam and increased military cooperation.

In the national defense strategy presented about 10 days ago by the Trump administration, Vietnam even constitutes a pillar of the security architecture that the U.S. wants to put in place in Asia. Yet, since Donald Trump’s arrival in the White House, Vietnamese leaders seem less certain about betting on their relationship with Washington at the expense of Vietnam’s traditional approach of maintaining a balance between the United States and China.

Over the course of recent months, Vietnam has acted less virulently toward China. For example, after granting exploration rights to the Spanish oil company Repsol in the South China Sea, Vietnam suspended drilling permits following pressure from Beijing. At the end of November, Vietnamese and Chinese leaders issued a cordial joint statement in which they pledged to do everything possible to preserve the peace in these highly disputed waters.

Several factors explain Hanoi’s more conciliatory attitude toward China. China is a major economic partner that should not be offended. The Philippines were an important ally in defending the interests of countries surrounding the South China Sea against Beijing’s claims. They are now led by Rodrigo Duterte, a president who is positioning himself resolutely in the Chinese camp. Domestic policy issues, such as the fight against corruption, have also shifted the attention of Vietnamese leaders away from foreign policy matters.

President Trump’s mistrust of free-trade agreements and his decision to withdraw the United States from the Trans-Pacific Partnership (which would have significantly benefitted the Vietnamese economy) are nevertheless instrumental in explaining Hanoi’s suddenly more cautious behavior. Mattis would do well to use the Vietnamese, Indonesian and Filipino names to describe the disputed areas in the South China Sea. It is easy to recall Washington’s determination to conduct regular free movement operations there. Until Trump understands the strategic importance of trade agreements to establish the credibility of U.S. engagement, he will weaken the U.S. position in the Asia-Pacific region.





Un risque de reperdre le Vietnam
Lancée le 30 janvier 1968 par le Vietnam du Nord et ses alliés Viet-cong, l’offensive du Têt acheva les illusions de victoire américaine en Asie du Sud-Est. Cinquante ans plus tard, le spectre de la guerre n’est certes pas totalement dissipé. Le déplacement au Vietnam la semaine dernière du secrétaire à la Défense James Mattis n’avait pourtant pas vocation commémorative. Son objectif était avant tout de souligner l’importance de la relation stratégique entre Hanoï et Washington dans une région où l’affirmation de la Chine suscite quelques inquiétudes et tensions.

L’offensive du Têt se termina fin février 1968 avec la reprise de la ville de Hue par les Américains et leurs alliés sud-vietnamiens. Si, d’un strict point de vue militaire, ceux-ci purent clamer victoire, politiquement, c’est bien le Vietnam du Nord et son allié Viet-cong, malgré leurs 40 000 pertes, qui remportèrent la bataille. À la fin de ces quelques semaines de combats violents, le lien de confiance entre la population américaine et ses dirigeants politiques et militaires était rompu, la volonté de combattre des États-Unis défaite et les perspectives de succès évaporées.

Un demi-siècle après le tournant décisif du conflit le plus traumatisant de l’histoire américaine contemporaine, James Mattis ne put totalement échapper à ce souvenir douloureux lors de sa visite de deux jours. Il a ainsi rencontré les membres de l’agence du département de la Défense chargée de retrouver et d’identifier les restes de quelque 1300 soldats toujours manquants. Il a également pu constater que la propagande saluant la victoire contre les Américains reste bien présente dans les rues de Hanoï.

Bien que les traces d’un passé tourmenté n’aient pas disparu, le Vietnam et les États-Unis entretiennent une relation de plus en plus étroite et à l’importance stratégique croissante. En effet, au cours des cinq dernières années, aucun autre pays d’Asie du Sud-Est que le Vietnam ne s’est opposé avec autant de détermination aux ambitions chinoises dans la région. Dans ce contexte, Hanoï et Washington ont établi sous la présidence Obama un partenariat renforcé s’étant traduit par la levée de l’interdiction de ventes d’armes américaines au Vietnam et par une coopération militaire accrue.


Dans la stratégie de défense nationale présentée il y a une dizaine de jours par le gouvernement Trump, le Vietnam constitue même un pilier de l’architecture de sécurité qu’il entend mettre en place en Asie. Toutefois, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les dirigeants vietnamiens semblent moins certains de vouloir tout miser sur leur relation avec Washington au détriment de leur approche traditionnelle cherchant à maintenir un équilibre entre les États-Unis et la Chine.

Au cours des derniers mois, ils se sont ainsi montrés moins virulents vis-à-vis de cette dernière. Par exemple, après avoir accordé des droits d’exploration à la compagnie pétrolière espagnole Repsol en mer de Chine méridionale, ils ont suspendu les permis de forage à la suite de pressions exercées par Pékin. Fin novembre, les dirigeants vietnamiens et chinois ont publié une déclaration commune cordiale dans laquelle ils s’engagent à tout faire pour préserver la paix dans ces eaux hautement disputées.

De nombreux facteurs peuvent expliquer cette attitude plus conciliante de Hanoï à l’égard de la Chine. Celle-ci est un partenaire économique majeur qu’il ne faudrait pas froisser. Les Philippines furent un allié de poids dans la défense des intérêts des pays limitrophes de la mer de Chine méridionale face aux revendications de Pékin. Elles sont aujourd’hui dirigées par un président, Duterte, qui se positionne résolument dans le camp chinois. Des enjeux de politique intérieure, tels que la lutte contre la corruption, ont également détourné l’attention des dirigeants vietnamiens des dossiers de politique étrangère.

La défiance du président Trump vis-à-vis des accords de libre-échange et sa décision de retirer les États-Unis du partenariat transpacifique (dont aurait largement bénéficié l’économie vietnamienne) sont néanmoins déterminantes pour expliquer le comportement soudainement plus prudent de Hanoï. Mattis peut bien utiliser les appellations vietnamiennes, indonésiennes, ou philippines pour qualifier les zones disputées en mer de Chine méridionale. Il a beau jeu de rappeler la détermination de Washington à y mener régulièrement des opérations de libre circulation maritime. Tant que Trump ne comprendra pas l’importance stratégique des accords commerciaux pour asseoir la crédibilité de l’engagement américain, il affaiblira la position des États-Unis en Asie-Pacifique.
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