In response to Donald Trump's threats of new tariffs on Chinese imports, Beijing has let the yuan fall − a bit − triggering Washington's ire. This escalation does not bode well.
The escalation is mostly verbal for the moment, but it foreshadows worse problems. By letting the yuan devalue − a little − on Monday, Aug. 5, Beijing triggered the ire of Washington, which immediately formally accused China of manipulating its currency. Such an accusation "severely ruins the international financial order, triggering financial market turmoil," China replied the following day. Trade tensions are worsening and seem to be leading to a currency war, which risks weakening an already fragile global economy.
Allowing a decline in the yuan, which doesn’t have a free-floating price, is the People’s Bank of China’s response to the new 10% tariffs that Donald Trump is threatening to impose on $300 billion of Chinese imports that were so far spared. But make no mistake: In recent months, the People’s Bank has mainly worked to prevent excessive depreciation of the yuan, or renminbi (the official name of the Chinese currency). Excessive depreciation is likely to trigger an outflow of capital from the country, and not the other way around. Many observers point out that the United States has made the "currency manipulator" accusation at the wrong time, at least five years too late.
But it doesn't matter: Given the level of tension, a single act or a single word said too loudly can spark a crisis. And we are already seeing the downward spiral in which the two superpowers are in danger of getting caught up. In response to the decline of the yuan, the United States could impose new retaliatory measures on Beijing, which could respond by letting its currency fall further or by retaliating in turn. In response, the U.S. president could urge the Treasury to also intervene in the foreign exchange markets to weaken the dollar and boost the competitiveness of American exporters.
Collateral Victims
Such a maelstrom would force the other major central banks − starting with the European Central Bank − to intervene in turn to support their economies. It would unleash a storm on the currencies of emerging economies, the collateral victims of trade tensions.
The two countries might find common ground. However, the escalation over the last few days makes it seem unlikely. Beyond Trump's accusatory tweets and Beijing stating it was offended in response, the attitude of both sides gives rise to fears that neither one truly intends to reach an agreement in the near future. Already campaigning for the 2020 presidential election, Trump is betting that a hard-line stance concerning China will earn him points. In the U.S. administration, some are convinced that Chinese leader Xi Jinping’s inner circle is waiting for Trump to leave office to negotiate a more favorable agreement.
While the Communist regime knows that Trump’s attacks are chiefly aimed at ensuring his reelection, its position is more complex. In theory, it has enough ammunition to maintain a long trade and monetary front against the United States. In such a scenario, Europe would be the big loser. A Sino-U.S. struggle for a weaker dollar and yuan would automatically push up the euro, hitting the continent’s industrial exports, which have already been penalized by the German automotive crisis. It wouldn’t take much, then, for Europe to plunge back into a recession.
Etats-Unis - Chine : les dangers d’une guerre des monnaies
Editorial. Face aux menaces de nouvelles taxes sur les importations chinoises formulées par Donald Trump, Pékin a laissé – un peu – filer le yuan, déclenchant l’ire de Washington. Une escalade qui ne laisse rien présager de bon.
Editorial du « Monde ». Pour le moment, l’escalade est surtout verbale, mais elle présage le pire. En laissant – un peu – filer le yuan, lundi 5 août, Pékin a déclenché l’ire de Washington, qui a aussitôt formellement accusé la Chine de manipuler sa monnaie. Un tel reproche risque de « perturber gravement l’ordre financier international et de provoquer le chaos sur les marchés financiers », a répliqué la Chine, dès le lendemain. Les tensions commerciales s’enveniment encore et semblent en passe de se doubler d’une guerre des monnaies, au risque d’ébranler une économie mondiale déjà fragilisée.
En autorisant une baisse du yuan, dont le cours ne flotte pas librement, la Banque centrale de Chine a répondu aux nouvelles taxes de 10 % que Donald Trump menace d’imposer sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises jusqu’ici épargnées. Mais il ne faut pas s’y tromper : ces derniers mois, l’institution a surtout œuvré pour empêcher une dépréciation excessive du yuan, ou renminbi (nom officiel de la monnaie chinoise), susceptible de déclencher des sorties de capitaux du pays, et non l’inverse. Beaucoup d’observateurs soulignent que l’accusation de « manipulateur de monnaie » portée par les Etats-Unis intervient à contretemps, au moins cinq ans trop tard…
Mais qu’importe : à ce stade des tensions, le moindre acte ou le moindre mot un peu trop fort peut mettre le feu aux poudres. Et l’on voit déjà poindre la spirale dans laquelle les deux superpuissances risquent de s’engager : en réponse à la baisse du yuan, les Etats-Unis pourraient imposer de nouvelles mesures de rétorsion à Pékin, qui pourrait répondre en laissant filer encore sa monnaie ou en décidant de lancer des représailles. En retour, le président américain pourrait pousser le Trésor à intervenir lui aussi sur les marchés des changes pour affaiblir le dollar et doper la compétitivité des exportateurs américains.
Victimes collatérales
Un tel maelström contraindrait les autres grandes banques centrales – à commencer par la Banque centrale européenne (BCE) – à intervenir à leur tour pour soutenir leurs économies. Il déclencherait une tempête sur les devises des pays émergents, victimes collatérales des tensions commerciales.
Les deux pays trouveront peut-être un terrain d’entente. Mais l’escalade des derniers jours permet d’en douter. Au-delà des Tweet accusateurs de M. Trump et des communiqués offusqués de Pékin, l’attitude des deux parties laisse craindre qu’aucune n’a véritablement l’intention de trouver un accord à court terme. Déjà en campagne pour la présidentielle de 2020, M. Trump parie qu’une ligne dure vis-à-vis du géant asiatique lui permettra de gagner des points. Au sein de l’administration américaine, certains sont convaincus que l’entourage du leader chinois, Xi Jinping, attend que le milliardaire quitte le pouvoir pour négocier un accord plus favorable.
Si le régime communiste sait que les attaques de Donald Trump ont une visée en grande partie électoraliste, sa position est plus complexe. En théorie, il a suffisamment de munitions pour tenir un long front commercial et monétaire contre les Etats-Unis. Dans un tel scénario, l’Europe serait la grande perdante. Une lutte sino-américaine pour un dollar et un yuan plus faibles ferait automatiquement grimper l’euro, heurtant ses exportations industrielles, déjà pénalisées par la crise de l’automobile allemande. Il en faudrait peu, alors, pour que le Vieux Continent ne replonge dans la récession.
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The erratic tariff policy pursued by the U.S. president and his administration has so far mainly served to strengthen ties between countries in the Global South and Beijing, and, where relevant, Moscow.