The Ethnic Illusion

Published in La Presse
(Canada) on 6 November 2020
by Agnès Gruda (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Gillian Palmer.
In January 2020, at one of the first mega-rallies at the start of the year's presidential campaigning, Donald Trump addressed the faithful of the El Rey Jesus church in Miami. The location was not chosen at random. This evangelical church is majority Latino, a population courted by Trump. Among Latino voters, the evangelicals are his most avid supporters.

Since this stop in Miami, Trump has assiduously courted the Latinos of this crucial state — and it paid off. According to exit polls, he succeeded at convincing half of Florida’s Hispanic population to vote for him. In 2016, it was 40%, which means his share of the Latino vote in Florida increased by 25% in four years.

However, his disastrous management of the COVID-19 pandemic has had a devastating health and economic impact on the Latino community. Millions have lost their jobs and close to one-quarter, 22%, have either tested positive or are believed to have been stricken with the virus. Yet, in two key states, their support for the president, who has never taken COVID-19 seriously, has been strengthened.

How is this possible?

The mystery of the Latino vote is all the more fascinating as this voting segment is growing exponentially. There were 27 million Latino voters in the U.S. in 2016; today, there are 32 million. They represent, at the national level, the minority with the greatest impact on the electoral scale. In Arizona, one of the states where the fate of Nov. 3 election is playing out, Hispanic voters represent nearly one-quarter of the electorate. In 2010, they were 10%.

According to the Pew Research Center, the proportion of Latino voters is growing everywhere in the U.S. while the proportion of “non-Hispanic white” voters is on the decline. On the Democratic side, these demographic shifts are usually cause for rejoicing. After all, the majority of Latinos vote blue. But Latinos are not a monolithic bloc. As Trump understood, the evangelicals among them are more conservative than the rest. They are, for one thing, sensitive to issues like abortion.

For their part, Latinos from Cuba and Venezuela, of which there are many in Florida, are more likely to see in Joe Biden a socialist lined with a communist, as Trump has often described him. After all, they have known and fled such regimes. This message, hammered by the president, found an audience conquered in advance. The straw man hit the mark with this segment of the Latino constituency.

It must not be assumed that Latino voters are automatically open to immigration, either. This is not the case. Third-generation immigrants, those born in the United States who define themselves as “white Americans,” can very well vote for a president who does not hesitate to separate migrant children from their parents and detain them in inhumane conditions.

Conversely, Latinos of Mexican origin, but also those who are younger and more educated, lean more in the Democratic direction. As the journalist Jose A. Del Real wrote recently in The Washington Post, the political allegiances of Latinos “diverge based on factors like where they live, their race, ancestry, gender, income and faith.”

In short, neither party can take them for granted. And it is not by playing “Despacito,” as Biden did during a rally targeting the Latino community, that one automatically earns their allegiance.

The share of “Caucasian white” voters in the U.S. is in freefall. It is now only 51% in Texas, for example. And they could become minorities at the national level sometime between 2045 and 2050, upending the demographic fabric of the country. But as the Latino vote shows, to believe that the political map will come out blue would be an illusion.


L’illusion Ethnique

Un jour de janvier 2020, dans un des premiers méga-rassemblements de la campagne présidentielle qui s’amorçait, Donald Trump s’est adressé aux fidèles de l’église El Rey Jesús à Miami.

L’endroit n’était pas choisi au hasard. Cette église évangélique rejoint majoritairement une population latino – communauté courtisée par Donald Trump. Or, parmi les électeurs latinos, les évangéliques sont ceux qui le soutiennent avec le plus de ferveur.

Depuis ce passage à Miami, Donald Trump a fait une cour assidue aux Latinos de cet État crucial.

Pari gagné : selon les sondages effectués à la sortie des urnes, il a réussi à convaincre la moitié des Hispaniques de Floride à voter pour lui. En 2016, ils étaient 40 %. Sa part du vote latino en Floride a donc augmenté de 25 % en quatre ans.

Selon l’institut Edison Research, si le président républicain a pu remporter les États de la Floride et du Texas, c’est en grande partie grâce au vote latino.

Pourtant, sa gestion catastrophique de la pandémie de COVID-19 a eu un impact sanitaire et économique dévastateur sur cette communauté. Ils ont été des millions à perdre leur emploi. Et près du quart (22 %) ont eu un test positif ou croient avoir été frappés par le coronavirus. Or, dans deux États-clés, leur appui au président qui n’a jamais pris la COVID-19 au sérieux s’est renforcé.

Comment est-ce possible ?

Le mystère du vote latino est d’autant plus fascinant que cette frange de l’électorat croît à une vitesse exponentielle. Les États-Unis comptaient 27 millions d’électeurs latinos en 2016 ; ils sont 32 millions aujourd’hui. Au point de représenter, à l’échelle nationale, le groupe minoritaire qui pèse le plus lourd dans la balance électorale.

En Arizona, l’un des États où se joue le sort du scrutin du 3 novembre, les électeurs hispaniques représentent presque le quart de l’électorat. En 2010, ils étaient 10 %.

La proportion d’électeurs latinos croît partout aux États-Unis alors que la portion d’électeurs « blancs non-latinos » décline, constate le centre de recherche Pew.

Du côté démocrate, on a tendance à se réjouir de ces changements démographiques. Après tout, la majorité des Latinos votent bleu.

Sauf que les Latinos ne forment pas un bloc monolithique. Comme l’avait compris Donald Trump, parmi eux, les évangéliques sont plus conservateurs que les autres. Ils sont sensibles à des questions comme l’avortement, par exemple.

De leur côté, les Latinos d’ascendance cubaine et vénézuélienne, nombreux en Floride, sont les plus susceptibles de voir en Joe Biden un socialiste doublé d’un communiste, comme l’a décrit à répétition Donald Trump. Après tout, ils ont connu et fui ce genre de régimes. Ce message, martelé par le président, a trouvé là un public conquis d’avance. L’épouvantail a fait mouche auprès de cette frange de l’électorat latino.

Il ne faut pas s’imaginer non plus que les électeurs latinos sont automatiquement ouverts à l’immigration. Ce n’est pas le cas. Les immigrants de la troisième génération, ceux qui sont nés aux États-Unis et se définissent comme des « Américains blancs », peuvent très bien voter pour un président qui n’hésite pas à séparer les enfants migrants de leurs parents et à les détenir dans des conditions inhumaines.

À l’inverse, les Latinos d’origine mexicaine, mais aussi ceux qui sont plus éduqués, plus jeunes, penchent davantage du côté démocrate.
Comme l’écrivait récemment le journaliste Jose A. Del Real dans le Washington Post, les allégeances politiques des Latinos « varient en fonction de leurs origines, de leur éducation, de leur situation économique, de leur genre et de leur religion ».

Bref, aucun parti ne peut les tenir pour acquis. Et ce n’est pas en faisant jouer Despacito, comme l’a fait Joe Biden dans un rassemblement ciblant cette communauté, que l’on obtient automatiquement leur adhésion…

La part d’électeurs « caucasiens blancs » est en chute libre aux États-Unis. Ils ne sont plus que 51 % au Texas, par exemple. Et ils pourraient devenir minoritaires à l’échelle nationale quelque part entre 2045 et 2050.

Cela bouleversera le tissu démographique des États-Unis. Mais comme le montre l’exemple du vote latino, croire que la carte politique du pays en sortira bleuie relève d’une illusion.


This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Malaysia: The Tariff Trap: Why America’s Protectionist Gambit Only Tightens China’s Grip on Global Manufacturing

Russia: Trump the Multipolarist*

Israel: Antisemitism and Anti-Israel Bias: Congress Opens Investigation into Wikipedia

Thailand: Brazil and the US: Same Crime, Different Fate

Guatemala: Fanaticism and Intolerance

Topics

Malaysia: The Tariff Trap: Why America’s Protectionist Gambit Only Tightens China’s Grip on Global Manufacturing

Singapore: Several US Trade ‘Deals’ Later, There Are Still More Questions than Answers

Venezuela: Charlie Kirk and the 2nd Amendment

Spain: Charlie Kirk and the Awful People Celebrating His Death

Germany: Trump Declares War on Cities

Japan: US Signing of Japan Tariffs: Reject Self-Righteousness and Fulfill Agreement

Russia: Trump the Multipolarist*

Turkey: Blood and Fury: Killing of Charlie Kirk, Escalating US Political Violence

Related Articles

Canada: Carney Takes Us Backward with Americans on Trade

Canada: Minnesota School Shooting Is Just More Proof That America Is Crazed

Canada: Common Sense on Counter-Tariffs

Canada: CUSMA-Exempt — the 93% Mirage