American Blaze, Canadian Smoke

Published in La Presse
(Canada) on 10 February 2021
by Laura-Julie Perreault (link to originallink to original)
Translated from by Maren Daniel. Edited by Gillian Palmer.
Ah! How easy it is to roll our eyes from this side of the border as we watch Donald Trump’s impeachment trial, which began on Feb. 9. It was mostly decided in advance, as most Republican senators have said that they will not convict him.

Ah! How easy it is to feel safe from the turpitudes of American democracy, which four years of a populist presidency and a violent attack on the Capitol have shown to be quite fragile.

But when the neighbor’s beautiful mansion that many thought fireproof is set on fire, that is the best time to check how well our own firewalls are working.

Now, we see that those walls are not impervious.

A Prime Minister Whose Power Is Almost Complete

In Canada’s constitutional monarchy, there are far fewer safeguards against an authoritarian or populist minister’s potential overreach.

This assessment is not new. The Canadian political commentator Donald J. Savoie came to that conclusion in his 1999 book "Governing from the Centre," which has become a classic taught in universities throughout the country ever since. He argues that since Pierre Trudeau, the Canadian system has disproportionately concentrated powers in the hands of the prime minister and his close advisors.

It is hard to contradict him. The prime minister names all of the ministers and deputy ministers. Ministers and deputies rarely stand in the way of the party they belong to, and have religiously respected party discipline for around 100 years. If they go against the prime minister, he can unseat them or throw them out of the caucus. One could certainly think of Jody Wilson-Raybould and Jane Philpott, whom Justin Trudeau expelled in 2019.

In the case of a minority government, the deputies can withdraw their confidence from the prime minister, but once again, party discipline makes this scenario improbable if the government has a majority.

There is, of course, the Supreme Court, which has a certain independence from the head of state and can block unconstitutional laws, but it does not have the power to remove an elected official from office.

The American Contrast

In comparison, the American system seems fortified with all of its balances in place. Members of Congress have relative independence from their party. It is the states, rather than an agency of the federal government, that oversee the federal election process. The elected Senate must confirm hundreds of political nominations after long hours of debate.

If That System Could Fall off the Rails, Imagine Ours!

The last four years have certainly taught us that the majority of Western democracies hold on because the politicians in place agree to unwritten rules, such as the one that says that the loser of an election must concede to the winner. Experts of American politics have spent this time asking what can be done when the occupant of the White House decides to leave respect for these political traditions on the doorstep. When he lies without shame. When he kicks government officials who do not want to do his dirty work out of office. The answer was often: not much. And it would be the same in Canada, in the context of a majority government.

Dusting off the Rules

Fortunately, we have the luxury of thinking about these catastrophic scenarios as fire purrs in the hearth of our democracy. But is now not the time to think about the renovations that are necessary for keeping the house in order?

When he took power in 2015, Justin Trudeau promised in an interview not to fall into the same centralist trap that his father did, but we must recognize that the office of prime minister always makes one overly confident. With rumors of federal election in the air, now is the time for all parties to take lessons from the Trump era and to include promises of reform in their platforms.

There are grounds for revisiting our constitution — yes, a tall order — for the purpose of better defining the prime minister’s job. A reconsideration of party discipline will be needed; reinforcing the role and the independence of parliamentarians will also be necessary. We must also discuss a way of removing elected officials from office in the case of serious wrongdoing, beyond asking them to resign.

Establishing new limits will require a big dose of selflessness and political courage; ironically, the same prime minister who benefits the most from our system’s current architecture is the one with the power to change it. Further proof that it is time to take action.


Ah ! Comme il est facile de notre côté de la frontière de rouler les yeux en suivant le procès en destitution de Donald Trump qui a débuté mardi. Le tout est pas mal bouclé à l’avance puisque la grande majorité des sénateurs républicains ont déjà dit qu’ils ne le condamneront pas.

Ah ! Comme il est facile de se sentir à l’abri des turpitudes de la démocratie américaine, révélée bien fragile par quatre ans d’une présidence populiste et par un assaut violent du Capitole.

Mais quand le feu est pris chez le voisin qui habite une belle grosse maison que beaucoup croyaient ininflammable, c’est le meilleur moment de vérifier comment se portent nos propres murs coupe-feu.

Or, il s’avère que ces derniers ne sont pas très étanches.

Presque tout-puissant, le premier ministre

Il y a dans la monarchie constitutionnelle canadienne beaucoup moins de garde-fous contre les dérives potentielles d’un premier ministre autoritaire ou populiste à la tête d’un gouvernement majoritaire.

Ce constat n’est pas nouveau. Le politologue canadien Donald J. Savoie y arrivait en 1999 dans son livre Governing from the Centre [Gouverner du centre] qui est depuis devenu un classique enseigné dans les universités du pays entier. Il y avance que depuis Trudeau père, le système canadien concentre les pouvoirs de manière démesurée dans les mains du premier ministre et de ses proches conseillers.

Il est difficile de le contredire. Le premier ministre nomme tous les ministres et les sous-ministres. Les ministres et députés du parti auquel il appartient font rarement obstruction, respectant religieusement la discipline de parti depuis une centaine d’années. S’ils tiennent tête au premier ministre, ce dernier peut les dégommer ou les mettre à la porte du caucus. On peut notamment penser aux cas de Jody Wilson-Raybould et de Jane Philpott, expulsées en 2019 par Justin Trudeau.

Dans le cas d’un gouvernement minoritaire, les députés peuvent retirer leur confiance au premier ministre, mais encore une fois, la discipline de parti rend ce scénario improbable si le gouvernement est majoritaire.
Il y a bien sûr la Cour suprême, qui a une indépendance certaine du chef du gouvernement et peut bloquer des lois anticonstitutionnelles, mais elle n’a pas le pouvoir de démettre un élu de ses fonctions.
Et on ne peut pas se tourner vers la Constitution pour trouver des solutions : dans le texte, le poste de premier ministre n’existe même pas ! Tout est basé sur le respect de conventions et sur une culture politique modérée qui perdure maintenant depuis plus d’un siècle. Mince, mince pare-feu contre un électron libre.

Le contraste américain

En comparaison, le système américain semble blindé avec tous les contre-pouvoirs en place. L’indépendance relative des élus du Congrès par rapport à leur parti. Les États qui supervisent le processus électoral fédéral plutôt qu’un organisme qui relève de ce même gouvernement. Les centaines de nominations politiques qui doivent être revues par le Sénat élu après de longues discussions.

Si ce système-là a pu déraper, alors imaginez le nôtre !

Surtout que les quatre dernières années nous ont appris qu’une bonne partie des démocraties occidentales tiennent debout parce que les politiciens en place acceptent de suivre des règles non écrites, comme celle de concéder une victoire électorale à leur rival. Les experts de la spolitique américaine ont passé cette période à se demander ce qui pouvait être fait quand le locataire de la Maison-Blanche décide de laisser au pas de la porte le respect de ces traditions politiques. Lorsqu’il ment éhontément. Lorsqu’il démet de leurs fonctions des fonctionnaires qui ne veulent pas faire ses basses œuvres. La réponse était souvent : pas grand-chose. Et elle serait la même au Canada dans le contexte d’un gouvernement majoritaire.

Dépoussiérer les règles

Heureusement, nous avons le loisir de penser à ces scénarios catastrophes alors que le feu ronronne dans le foyer de notre démocratie. Mais n’est-ce pas le meilleur moment pour penser aux rénovations qui doivent être faites pour garder la maison en ordre ?

À son arrivée au pouvoir en 2015, Justin Trudeau, en entrevue, avait promis de ne pas tomber dans le même piège centralisateur que son père, mais force est de constater que le bureau du premier ministre en mène toujours bien large.
Alors que des rumeurs d’élections fédérales planent dans l’air, il serait temps pour tous les partis de tirer des leçons de l’ère Trump et d’inclure des promesses de réformes dans leur programme politique.

Il y a lieu de revoir notre Constitution – oui, un gros mandat – pour mieux définir le poste de premier ministre. Il est nécessaire de remettre en cause la discipline de parti et de renforcer le rôle et l’indépendance des parlementaires. Il faut aussi débattre de la manière de démettre des élus de leurs fonctions en cas de fautes graves, qui va au-delà de leur volonté à présenter leur démission.

Établir de nouvelles balises demandera une grosse dose d’abnégation et de courage politique, car, ironie du sort, c’est au premier ministre qui bénéficie le plus de l’architecture actuelle de notre système politique que revient le pouvoir de changer la donne. Une autre preuve qu’il est temps d’agir.
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