Biden’s Deflated Ambitions

Published in Le Devoir
(Canada) on 29 October 2021
by Guy Taillefer (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Helaine Schweitzer.
What kind of state will Joe Biden be in when he arrives at the crucial COP26 summit on climate change that opens Sunday in Glasgow, Scotland? The sorry state of a president handcuffed by a dysfunctional American democracy. It is not the narrow success of his presidency playing out around the passage of his social and environmental spending plan known as Build Back Better. Far from it. Weighing quite heavily in the balance are the consequences of setbacks in the deepening inequalities in the United States, and the worldwide urgency that global warming presents.

“We have to prove democracy still works. That our government still works, and we can deliver for our people,” Biden said during his first presidential address to Congress in April.

Things have gotten off to a bad start.

There was hope that, leaning on his (slim) majorities in the Senate and House of Representatives, Biden could at least restore a certain state of health to political life despite the ultra-partisan opposition from Republicans and the procedural wrangling impeding the work of Congress. But the Democrats, a majority of whom nevertheless support the “transformational” will shown by the president, are displaying the spectacle of a party taken hostage by two of its senators, Joe Manchin of West Virginia and Kyrsten Sinema of Arizona, and not without demoralizing a segment of Democratic voters. The election barometer in the race for governor in Virginia next Tuesday will be the measure.

This begs the question: With majorities at risk of being lost in the midterm elections of 2022, will the Democrats avoid shooting themselves in the foot?

There are setbacks already. And the bipartisan accord around BBB’s component on the all-out rebuilding of the nation’s infrastructure (roads, bridges, drinking water, etc.) will not hide those setbacks. Regarding the other big component of the plan, which is also the boldest (expanding the social safety net and fighting climate change), it is already understood that the broad reformative and redistributive ambitions promoted by a newly progressive Biden will be considerably diminished, which is to say, reduced by half. Key commitments, like paid parental and medical leave, lower prescription drug prices, etc., are all down the drain; other commitments, notably in education, have been trimmed. Still, at $1.75 trillion over 10 years, the reform effort remains significant, if not sufficient.

Biden would not necessarily have these issues if the Democratic majority in the Senate were a bit more solid. The convulsion among the Democrats is less the result of a confrontation between progressives and moderates within the party than the self-serving obstruction of Manchin and Sinema, who find themselves serving the interests of Republicans who would like nothing better than to watch the Democrats tear each other apart. Both of them side with the right in their resistance, in principle, to the idea of raising taxes on big business and on the super-rich to fund at least a portion of the reforms, which leaves Biden facing a characteristic equation of American capitalist culture made even more difficult to solve in the context of a precarious economic recovery and a pandemic crisis hyperpoliticized by Republicans.

Not content to confuse social programs with philanthropy instead of seeing in them tools for collective progress and diminished inequality, Manchin is also one of the loudest opponents of measures advanced by the White House to accelerate energy transition with support from a majority of the Democratic caucus. He succeeded in opposing the most important environmental measure proposed by the president, a $150 million program to ultimately replace gas and coal-powered plants with solar and wind-powered systems.

It all makes sense. A conservative Democrat in a state that voted for Donald Trump in 2016 and 2020, Manchin is, for his constituents, a Trojan horse who defends the state’s coal industry. No matter that coal, oil and gas usage is the main source of carbon dioxide emissions worldwide, and that the United States, after China, is the leading emitter of carbon dioxide.

The new version of the spending plan does nothing to lessen dissent among the Democrats. The left wing of the party is rightly mad. Bound for a Group of 20 summit of leading rich and developing nations on Thursday in Rome, then on to Glasgow on Sunday, the president has tried to put on a brave face by congratulating himself for reaching a “compromise” of “historic” proportions. Which leaves one doubtful, as he had deemed it essential from the start to do much more.


Dans quel état se présentera Joe Biden à la cruciale COP26 sur le climat qui s’ouvre dimanche à Glasgow, en Écosse ? Dans le piteux état d’un président menotté par une démocratie américaine défaillante. Ce n’est pas, loin de là, le strict succès de sa présidence qui se joue autour de l’adoption de ses plans de dépenses sociales et environnementales, connus sous le nom de Build Back Better (BBB). Pèsent très lourd dans la balance les conséquences de ses déboires sur le creusement des inégalités aux États-Unis et sur l’urgence planétaire que présente le réchauffement climatique.

« Nous devons prouver que la démocratie fonctionne toujours. Que notre gouvernement fonctionne toujours et qu’il est au service du peuple », avait-il déclaré lors de sa première adresse présidentielle devant le Congrès, en avril dernier.

C’est mal parti.

Il y avait espoir qu’à s’appuyer sur ses — petites — majorités au Sénat et à la Chambre des représentants, Biden saurait au moins en partie rendre à la vie politique une certaine santé, en dépit de l’opposition ultrapartisane des républicains et de la procédurite qui grippe les travaux du Congrès. Mais voici que les démocrates, dont la majorité des élus appuient pourtant la volonté « transformationnelle » affichée par le président, présentent le spectacle d’un parti pris en otage par deux de ses sénateurs, celui de la Virginie-Occidentale, Joe Manchin, et celle de l’Arizona, Kyrsten Sinema. Ce qui n’est pas sans démobiliser une partie de l’électorat démocrate. L’élection-baromètre au poste de gouverneur qui a lieu mardi prochain en Virginie le mesurera.

D’où cette question : disposant de majorités qu’ils risquent de perdre aux élections de mi-mandat de 2022, les démocrates arriveront-ils à ne pas se tirer une balle dans le pied ?

De revers, on peut déjà parler. Et ce n’est pas l’accord bipartisan scellé autour du volet du BBB sur la rénovation tous azimuts des infrastructures (routes, ponts, eau potable, etc.) qui le fera oublier. S’agissant de l’autre grand volet du plan, qui est aussi le plus courageux (élargissement du filet social et lutte contre les changements climatiques), il est déjà entendu que les grandes ambitions réformatrices et redistributives promues par un Joe Biden nouvellement progressiste seront considérablement affadies. Lire : réduites de moitié. Des engagements phares (congés parentaux et médicaux payés, diminution du prix des médicaments, etc.) passent à la trappe, d’autres sont élagués, notamment en éducation. Encore qu’à hauteur de 1750 milliards $US sur une décennie, l’effort réformateur reste appréciable, à défaut d’être suffisant.

M. Biden n’aurait forcément pas ces ennuis si la majorité démocrate au Sénat n’était qu’un peu plus solide. Le fait est que les convulsions démocrates sont moins le résultat d’un affrontement entre progressistes et modérés au sein du parti que celui de l’obstruction intéressée de Manchin et de Sinema, qui se trouvent ainsi à servir les intérêts de républicains ne demandant pas mieux que de laisser les démocrates s’entre-déchirer. L’un et l’autre campent à droite en ce qu’ils sont par principe réfractaires à l’idée d’augmenter les impôts des grandes entreprises et des « super-riches » afin de financer au moins en partie les réformes. Ce qui place Biden devant une équation typique de la culture capitaliste américaine, d’autant plus compliquée à résoudre que le contexte en est un de reprise économique précaire et de crise pandémique hyperpolitisée par les républicains.

Non content de confondre programmes sociaux et philanthropie, au lieu d’y voir des instruments de progrès collectif et de réduction des inégalités, M. Manchin constitue par ailleurs l’un des opposants les plus sonores aux mesures mises en avant par la Maison-Blanche pour accélérer la transition énergétique, des mesures qu’appuie la majorité du caucus démocrate. Il aura réussi à faire abroger la mesure environnementale la plus importante mise en avant par la présidence : un programme de 150 milliards destiné à terme à remplacer les centrales au gaz et au charbon par des systèmes de production d’énergie solaire et éolienne.

Tout s’explique : démocrate conservateur dans un État qui a voté pour Donald Trump en 2016 et 2020, M. Manchin est parmi les siens un cheval de Troie qui défend l’industrie du charbon de son État. Qu’importe si la consommation de charbon, de pétrole et de gaz constitue la principale source de gaz carbonique à l’échelle mondiale. Et si les États-Unis sont, après la Chine, le principal émetteur de CO2.

La nouvelle version du plan de dépenses n’épuise pas pour autant les dissensions intradémocrates. L’aile gauche du parti est à juste titre en colère. En partance jeudi pour un sommet du G20 à Rome, d’où il se rendra à Glasgow dimanche, le président tentait de faire bonne figure en se félicitant d’avoir arraché un « compromis » aux dimensions « historiques ». Ce qui laisse dubitatif, comme il avait jugé essentiel, au départ, d’en faire bien plus.
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