It is a short 254 kilometers (approximately 158 miles) from Nuevo Laredo on the Mexican side of the American border to San Antonio, Texas. It is a journey of barely a few hours that should lead to freedom and a better life, but which, for some migrants, dead from suffocation in the back of a tractor trailer without water or air conditioning, turned into a death sentence.
The chance discovery of a mass grave Monday evening in San Antonio once again aroused the conscience of the entire world with respect to the mortal dangers that are concealed by ill-considered immigration policies. Invariably, the story sends a heartrending shock wave. Continents, countries, seas change. But the underlying framework is always the same: in order to get a taste of a better place, adults and children will expose themselves to huge danger. If they are risking their lives together to make the journey, you can easily conclude that they are leaving somewhere that is harmful, dangerous and threatening to their freedom.
The same horror was revealed in the same city in 2017, that time in a Walmart parking lot. A truck transporting some 39 people was parked with 10 citizens of Mexico and Central America on board dead from heatstroke and dehydration.
This time, some 60 people were literally abandoned at the edge of Quintana Road, known as a drop-off point for smugglers. The outside temperature neared 38 degrees Celsius (100 degrees Fahrenheit). Local authorities confirmed that the recovered truck had no rear air-conditioning system.
Three people have been arrested. The survivors of this terrible chapter in human trafficking are still fighting for their lives in a hospital. Presidents on both sides of the border lament and question the responsibility of the other in this major fiasco. Joe Biden promises to confront the human trafficking networks that often set themselves up in parallel with failing immigration policies or overly sealed borders. In Mexico, Andrés Manuel López Obrador points to America’s “lack of control.”
The Mexico-U.S. border is one of the deadliest in the world. Apart from fleeing Mexico, migrants are running from countries in Central America where the level of crime and poverty is intolerable. Unfortunately, the most common casualty is death by drowning, followed by death from lack of water, food and extreme heat when crossing on foot in the desert. The drama occurring this week begs the imagination and is resonating around the world, but every day, citizens everywhere die anonymously while fleeing their country. The migrant crisis kills tens of thousands of people.
Who is to blame? In the United States, it’s a burning question. The San Antonio drama follows barely a few weeks after the Summit of the Americas disaster, one of whose main goals was precisely to produce a collaborative agreement between the various countries of the Americas on the question of immigration. Biden, who hosted the event, hoped “to share responsibility,” but the summit culminated in a lifeless and unengaging declaration.
Biden was subjected to the wrath of the Republican right, which accused him of being the source of all migration evils, as if Donald Trump’s catastrophic pathway to the White House had not sown disarray in matters of migration. In truth, while Biden sought to loosen the tightest bolts that Trump tied on immigration during his term, he failed to achieve his objectives, impeded at first by his failure to respond to the crisis and then by the courts, which threw a wrench in the works. It appears that the judicial roadblock will be a recurrent theme going forward.
Compared to Trump, whose anti-immigrant obsession was tied to the desire to build a wall between the United States and Mexico and to expelling “Dreamers,” Biden is pushing for a more humane immigration policy centered on respect for human rights. But the truth is that he has not succeeded in changing much, unable to counter an ever-growing flood of immigration, mired by the courts that prevent him from challenging outdated rules, and stymied by the power of trafficking networks that take advantage of these twists and turns. It is a huge logistical, financial and security headache.
The numbers are dizzying and confirm an issue that will not go away: In 2021, a record-breaking 2 million immigrants in this country illegally were arrested on the Mexico-U.S. border. It is a utopian hope that the U.S. will be able to stem the tide; it must be better contained. It is a sure bet that we will encounter this challenge as the U.S. approaches the midterm elections next November.
*Editor’s note: “Dreamers” describes immigrants who would benefit from either the Deferred Action for Childhood Arrivals program or the never-passed Development, Relief and Education for Alien Minors or DREAM Act, congressional legislation that would allow young immigrants in the country illegally who were brought here as children to remain in the country if they meet certain criteria.
La mort au bout de la route
ÉDITORIAL
Entre Nuevo Laredo, située du côté mexicain de la frontière américaine, et la ville de San Antonio, au Texas, s’étirent 254 petits kilomètres. Un trajet d’à peine quelques heures qui devait mener vers la liberté et une vie meilleure ; mais qui, pour une cinquantaine de migrants morts de suffocation à l’arrière d’un semi-remorque sans eau ni fraîcheur, s’est transformé en peine de mort.
Lundi soir, à San Antonio, la découverte fortuite d’un charnier a réveillé, à nouveau, les consciences du monde entier sur les dangers mortels que camouflent des politiques migratoires mal ficelées. Invariablement, l’histoire nous envoie ces électrochocs qui retournent le coeur. Les continents, les pays, les mers changent, mais la trame de fond est toujours la même : pour goûter à un ailleurs meilleur, des adultes et des enfants s’exposent à des périls colossaux. Si le risque associé au périple est carrément d’y laisser leur vie, il est aisé de déduire que ce qu’ils quittent est néfaste, dangereux et liberticide.
En 2017, dans la même ville, la même horreur fut dévoilée, cette fois dans le stationnement d’un Walmart. Un camion transportant quelque 39 personnes était stationné là, avec 10 morts à son bord : des citoyens venus du Mexique et de l’Amérique centrale, décédés des suites d’un grave coup de chaleur et de déshydratation.
Cette fois, une soixantaine de personnes ont été abandonnées, littéralement, sur le bord de la Quintana Road, une route connue comme étant un point de chute pour les passeurs. La température extérieure avoisinait les 38 degrés. Les autorités locales ont affirmé que le camion retrouvé n’avait pas de système de climatisation à l’arrière.
Trois personnes ont été arrêtées. Des survivants de ce chapitre terrible de traite des humains luttent encore pour leur vie à l’hôpital. D’un côté et de l’autre de la frontière, les présidents s’attristent et s’interrogent sur la responsabilité de l’autre dans ce grand fiasco. Joe Biden promet de s’attaquer aux réseaux de trafic des humains qui s’érige souvent en parallèle de politiques d’immigration défaillantes ou de frontières trop étanches. Au Mexique, le président, Andrés Manuel López Obrador, dit AMLO, pointe le « manque de contrôle » des États-Unis.
La frontière séparant le Mexique des États-Unis est l’une des plus meurtrières dans le monde. En plus du Mexique, les migrants fuient des pays d’Amérique centrale où les niveaux de criminalité et de pauvreté sont intenables. La mort par noyade est malheureusement la plus fréquente, suivie des décès causés par le manque d’eau, de nourriture et les grandes chaleurs lors des traversées à pied, dans le désert. Le drame survenu cette semaine frappe l’imaginaire et se répercute dans le monde entier ; mais chaque jour, des citoyens du monde décèdent dans l’anonymat en fuyant leur pays. La crise migratoire fait des dizaines de milliers de morts.
À qui la faute ? Aux États-Unis, la question est brûlante. Le drame de San Antonio survient quelques semaines à peine après le ratage du Sommet des Amériques, dont l’une des ambitions principales était justement d’accoucher d’un nouveau traité de collaboration entre les différents pays d’Amérique sur la question de l’immigration. « Partager la responsabilité », tel était le souhait du président américain, Joe Biden, hôte de l’événement qui s’est terminé sur une déclaration mollasse et peu engageante.
Le président américain subit les foudres de la droite républicaine, qui l’accuse d’être la source de tous les maux migratoires, comme si le passage catastrophe de Donald Trump à la tête du pays n’avait pas semé la déroute en matière migratoire. En vérité, bien qu’il ait souhaité assouplir les verrous les plus solides apposés par Trump en cours de mandat, Joe Biden n’a pas vraiment réussi à atteindre ses objectifs, freiné d’abord par son manque de réactivité et ensuite par les tribunaux, qui lui mettent des bâtons dans les roues — il semble que le barrage judiciaire sera un thème récurrent pour la suite des choses.
À côté de Trump, dont l’obsession anti-immigration s’est apparentée à la volonté de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique et d’expulser les Dreamers, Biden plaide pour des politiques migratoires plus humaines et centrées sur le respect des droits. Mais la vérité est qu’il n’a pas réussi à changer la donne, incapable de contrer un flux migratoire sans cesse croissant, coincé par des tribunaux qui l’empêchent de mettre à mal des règlements dépassés, doublé par la force de réseaux de trafiquants qui profitent de ces enchevêtrements. Le casse-tête logistique, financier et sécuritaire est immense.
Les chiffres donnent le tournis et confirment un enjeu qui ne disparaîtra pas : en 2021, quelque deux millions d’arrestations de migrants illégaux ont été effectuées sur la ligne séparant le Mexique des États-Unis, un nombre record. Stopper ce flux est utopique. Mieux l’encadrer est nécessaire. Parions que ce défi grandiose se retrouvera sur la route des élections de mi-mandat de novembre prochain.
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