No, the Fed Was Not ‘Independent’ before Trump

Published in L'actualité
(Canada) on 5 September 2025
by Rafael Jacob (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Patricia Simoni.
Donald Trump’s attempts to dismiss one of the Fed members is part of a long history of political interventionism. Nevertheless his actions remain unprecedented.

There are myths big and small that persist unchallenged. Few are as big and long-standing as that of the “independence” of the U.S. Federal Reserve, the country's central bank.

As Donald Trump attempts to fire Lisa Cook, one of the members of the Federal Reserve Board of Governors, concerns are being raised on both the right and the left: Trump is threatening to bring to an end to the strict separation that exists between politics and the central bank. If the situation truly constitutes the umpteenth test of the scope of presidential powers since the start of his second term, it does not, however, represent the end of the Fed’s “independence.”

For the simple reason that this “independence” never existed.

Since its inception at the end of the 18th century, the United States has been divided by an intense debate on the centralization of powers. How much power (if any) should institutions have over the entire country? Which of them should be left to states, cities, communities, or even families and individuals?

Monetary policy did not escape this rift. The first half of the 19th century was marked by an epic battle between the central bank at the time — the Second Bank of the United States — and Democratic President Andrew Jackson; then, in its second half, by no central bank at all.

Jackson, the first real populist to occupy the White House, saw the bank and its president, Nicholas Biddle, as aristocratic vestiges with no concern for the well-being of farmers and other “ordinary citizens.” After years of fighting, Jackson managed to dissolve the bank at the end of his presidency in 1836. This led to a long period dubbed the “Free Banking Era,” which lasted some three quarters of a century.

This period was marked by an explosive growth of the American economy, notably driven by the Industrial Revolution, and a series of extraordinarily destabilizing financial crises. The last, dubbed the “Panic of 1907,” frightened public policymakers enough to establish a central bank that would ensure the creation of an “elastic currency” to react to credit demands in times of crisis.

But, again, there was division. On one side were private bankers who insisted on themselves managing any entity that might control the American economic system; on the other, supporters of a more active and interventionist central government who pushed for full governmental control. The “compromise” inspired the core of the law (the Federal Reserve Act) that established the Federal Reserve: a structure of semi-private regional banks positioned in strategic locations, such as Boston, Chicago, Dallas and New York, to intervene in the event of a crisis.

However, this compromise was not enough for the president at the time, Woodrow Wilson, who wanted to add a layer: a bank in Washington that would act as a central nervous system for the entire body of regional institutions on which the Treasury Secretary, a presidential cabinet member, would have a seat, and whose board members and chair would be nominated by the U.S. president.

The stated objective could not be more clear: to ensure that the president has a voice in monetary policymaking!

Nowhere in the law is it stipulated that the Fed is an institution “independent” from politics. If a certain form of independence has nevertheless emerged, it is due to a kind of social pact adopted by the two major parties in Washington, which consisted of limiting the politicization of the institution to ensure its perpetuity. Still, numerous presidents have since actively tried — and, in some cases, clearly succeeded — to influence monetary policy decisions.

The myth of a “Wall of China” between the central bank and politics is perhaps, from an economic point of view, necessary to reassure markets. But it simply does not reflect the historic and political reality.

Does that mean that what Trump is doing right now is not unusual? On the contrary, it is literally unprecedented!

Never in the 112 years of the Fed’s existence has an American president targeted members of the institution in such an aggressive and personal manner. And never before has a president attempted to fire a governor in this manner.

Perhaps Cook really did commit financial fraud, as critics allege, which would give Trump a reason to fire her. But she has not yet been charged, indicted or found guilty.

And should that day come, Cook will join a club of which Trump, himself, has been a member — for two years.

*Editor's note: On Wednesday, Sept. 10, a federal appeals court ruled that Lisa Cook could remain in her job while she fights President Trump's attempts to fire her. The Trump administration immediately moved to appeal this decision.







Non, la Fed n’était pas « indépendante » avant Trump

Les tentatives de Donald Trump de limoger une des membres de la Fed s’inscrivent dans une longue histoire d’interventionnisme politique. Rien n’empêche que son geste demeure sans précédent.

Il y a de ces mythes, petits et grands, qui persistent sans être remis en question. Peu sont aussi gros et durent depuis aussi longtemps que celui de la soi-disant « indépendance » de la Réserve fédérale américaine, la banque centrale du pays.

Alors que Donald Trump essaie de congédier Lisa Cook, l’une des membres du conseil des gouverneurs de la « Fed », des inquiétudes pointent à droite comme à gauche : Trump menacerait ainsi de mettre fin à l’étanche séparation qui existerait entre le politique et la banque centrale. Si la situation constitue bel et bien un énième test de l’étendue des pouvoirs présidentiels depuis le début du deuxième mandat Trump, elle ne représente pas pour autant la fin de l’« indépendance » de la Fed.

Pour la simple raison que cette « indépendance » n’a jamais existé.
* * *
Dès leurs débuts à la fin du XVIIIe siècle, les États-Unis ont été divisés par un profond débat sur la centralisation des pouvoirs. À quel point des institutions devraient-elles (ou non) avoir un pouvoir sur l’ensemble du pays ? Lesquels devraient être laissés dans les mains des États, des villes, des collectivités, ou même des familles et des individus ?

La politique monétaire n’a pas échappé à cette fracture. Le XIXe siècle a été marqué dans sa première moitié par la lutte épique entre la banque centrale de l’époque, appelée Seconde Banque des États-Unis, et le président démocrate Andrew Jackson — puis, dans sa deuxième moitié, par l’absence de toute banque centrale.

Jackson, premier vrai populiste à occuper la Maison-Blanche, voyait la banque et son dirigeant, Nicholas Biddle, comme des vestiges aristocratiques ne se préoccupant pas du bien-être des fermiers et autres « citoyens ordinaires ». Après des années de lutte, Jackson parvint à la dissolution de la banque, à la fin de sa présidence en 1836. Cela mena à une longue période surnommée l’« Ère de la banque libre », qui s’est étirée sur quelque trois quarts de siècle.

Cette ère fut marquée à la fois par une croissance fulgurante de l’économie américaine, propulsée notamment par la révolution industrielle… et par une série de crises financières extraordinairement déstabilisantes. La dernière, surnommée la « Panique de 1907 », fit suffisamment peur aux décideurs publics pour qu’ils choisissent de doter le pays d’une banque centrale qui veillerait à produire une « devise élastique » permettant de réagir aux demandes de crédit en moment de crise.

Mais ils étaient, encore une fois, divisés. D’un côté, il y avait les banquiers privés qui insistaient pour diriger eux-mêmes toute forme d’entité qui contrôlerait le système économique américain. De l’autre, les partisans d’un gouvernement central plus actif et interventionniste prônaient un contrôle entièrement gouvernemental. Le « compromis » inspira le cœur de la loi sur la création de la Réserve fédérale (le Federal Reserve Act) : une structure de banques régionales semi-privées, placées dans des endroits stratégiques (comme Boston, Chicago, Dallas et New York) pour intervenir en cas de crise.

Or, ce compromis ne suffisait pas au président de l’époque, Woodrow Wilson. Ce dernier tenait à ajouter une couche : une banque à Washington qui agirait comme système nerveux central pour l’ensemble des établissements régionaux, à laquelle le secrétaire au Trésor (un membre du Cabinet présidentiel) aurait un siège… et dont à la fois les membres du conseil et le président seraient nommés par le président des États-Unis.

L’objectif avoué était on ne peut plus clair : s’assurer que le président ait une voix dans l’élaboration de la politique monétaire !

À aucun endroit dans la loi n’est-il stipulé que la Fed est une institution « indépendante » du politique. S’il s’en est néanmoins dégagé une certaine forme d’indépendance, c’est qu’une sorte de pacte social a été adopté par les deux partis majeurs à Washington, lequel consistait à limiter la politisation de l’institution pour en assurer la pérennité. Reste que nombre de présidents ont depuis activement tenté — et dans certains cas, ce fut visiblement une réussite — d’influencer les orientations de la politique monétaire.

Le mythe d’une « muraille de Chine » entre la banque centrale et le politique est peut-être, d’un point de vue économique, nécessaire pour rassurer les marchés — mais il ne reflète tout simplement pas la réalité historique et politique.

Cela revient-il pour autant à dire que ce que fait Trump présentement n’a rien de particulier ? Au contraire : c’est littéralement sans précédent !

Jamais, au cours des 112 années d’existence de la Fed, un président américain ne s’en est-il pris de façon aussi agressive et personnelle aux dirigeants de l’institution. Et jamais un président n’a-t-il tenté de limoger ainsi une gouverneure.

Lisa Cook a peut-être bel et bien, comme l’allèguent ses critiques, commis une fraude financière, ce qui donnerait à Trump un motif pour la congédier. Mais elle n’a pour l’instant toujours pas été accusée, inculpée ou reconnue coupable.

Et si ce jour arrive, elle rejoindra un club dont est membre depuis deux ans maintenant… Donald Trump lui-même.
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