America's New Image

Published in Le Temps
(Switzerland) on 6 November 2008
by Luis Lema (link to originallink to original)
Translated from by Randall Tilson. Edited by Jessica Tesoriero.
The image of a black family – a man, a woman, and their two girls, smiling at the idea that in a few weeks they will be moving into the White House. Two years ago that image would have seemed totally unrealistic, except in a television series. “If there is anyone out there who still doubts that America is a place where all things are possible, who still wonders if the dream of our founders is alive in our time, who still questions the power of our democracy, tonight is your answer,” said Barack Obama, to tens of thousands of his supporters who rallied in Chicago on Tuesday to applaud him.

An America of all possibilities, and an election full of emotions. Like the two years of campaigning that led up to this night, the night kept its promises, however excessive. The Democrats’ grew progressively Tuesday night on television screens across America: Pennsylvania, Ohio, Florida, Indiana, Iowa, Virginia… and then to the west with Colorado, New Mexico, and Nevada. Not only did the Democratic candidate win the “undecided” states, but he tipped the scales in a series of other states that until now had traditionally been conservative. Those who, four years ago, handed the victory to George Bush.

The fate of the country and a good part of the planet, waiting in suspense for two years, played out relatively quickly during the night. From the very first hours of the day, long lines formed in front of polling stations foreshadowing that this would be an exceptional election. The participation (of which the tally is not yet final due to last-minute counting) has no doubt surpassed records: eleven million more voters than in the election four years ago. Despite the increasingly evident victory of the Democrats, no one ventured to address it on Tuesday night. “We have waited two years; we can wait a couple more hours,” explained David Axelrod, the senior advisor of Obama’s campaign.

It only made the celebration sweeter. From Times Square to the Ebenezer church of Martin Luther King, from California to Chicago, it was no longer only yelling and hugging among Obama’s supporters until early hours in the morning. There were also tears, like those of Reverend Jesse Jackson, public figure of the struggle for civil rights. Also those of Oprah Winfrey, talk show queen, who put all of her power behind the Democratic candidate. Even General Colin Powell, Secretary of State under George Bush, who gave his support to Obama a few weeks earlier, showed tears.
Is this the symbolic reconciliation of the biggest stain, that of slavery, on American history? Everyone would like to believe that, bringing a unique dimension to that night. “It’s not only a political victory, it’s a spiritual victory,” one young black woman said in the streets of New York.
As a measure of the importance of the moment, conceding defeat, John McCain himself also highlighted “the particular dimension that this vote takes on for African-Americans (who voted 95% in favor of Obama) and the particular pride they must feel tonight.” President George Bush added the next morning: “All Americans can be proud of the history that was made yesterday.”
Despite Barack Obama’s aura of “historic” dimension, he will not have much time to savor his victory, faced with the challenges that await him. To help guide his policies, he will be able to count on both the Senate and the House of Representatives who will have put on the Democrats’ colors. It is the first time since Bill Clinton in 1995 that the Democratic party will control both the White House and Congress. But despite their hopes, the Democrats weren’t able to reach the magic number of 60 seats in the Senate that would have allowed them to ignore the Republican minority.
The names of Obama’s team have begun to circulate in Washington, who will join him on his inauguration on the 20th of January: the representative of Illinois and former advisor to Bill Clinton, Rahm Emanuel, in the key position of Chief of Staff in the White House; John Kerry, senator of Massachusetts, as secretary of State.
“This country is carrying on two wars and is facing the worst financial crisis in a century,” he said in Chicago as the new president elect. “There are new jobs to be created, new schools to build. The road ahead of us is long." Then he said what is destined to be the reality for his followers: "This victory is not yet the change, but the chance for us to make the change."


L'image d'une famille américaine noire, l'homme, la femme et leurs deux filles, tout sourire à l'idée que, dans quelques semaines, ils partiront s'installer à la Maison-Blanche. Il y a deux ans encore, cette image aurait semblé totalement irréaliste, autrement que dans une série télévisée. «Si quelqu'un doute encore que l'Amérique est l'endroit de tous les possibles, se demande si les rêves de nos pères fondateurs sont encore vivants, s'interroge sur le pouvoir de notre démocratie, cette nuit lui apporte la réponse», disait l'homme, Barack Obama, à des dizaines de milliers de supporters réunis mardi à Chicago pour l'applaudir.

L'Amérique de tous les possibles, et l'élection de toutes les émotions. Comme les deux ans de campagne qui l'ont précédée, la nuit électorale a tenu ses promesses, pourtant démesurées. C'est une carte électorale rongée par l'avancée des démocrates qui s'affichait progressivement mardi soir sur les écrans de télévision américains: la Pennsylvanie, l'Ohio, la Floride, l'Indiana, l'Iowa, la Virginie... Puis, plus à l'ouest, le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Nevada. Non seulement le candidat démocrate l'a emporté dans les Etats «indécis», mais il a fait basculer une série d'autres, jusqu'ici traditionnellement conservateurs. Ceux qui, il y a quatre ans, avaient donné la victoire à George Bush.

De fait, le sort auquel tout le pays, et une bonne partie de la planète, était comme suspendu depuis deux ans, s'est joué relativement vite dans la nuit. Depuis les premières heures de la journée, les longues files qui se sont formées devant les bureaux de vote avaient laissé présager que cette élection serait exceptionnelle. La participation (dont le taux n'est pas encore fixé en raison des derniers décomptes) dépassera sans doute le plus haut historique: onze millions d'électeurs de plus qu'il y a quatre ans. L'enjeu était tel que, malgré la victoire de plus en plus évidente du démocrate, nul ne voulait s'aventurer à l'annoncer mardi soir. «Nous avons travaillé deux ans sans relâche pour arriver ici. Nous pouvons encore patienter deux heures», expliquait en cours de route David Axelrod, l'éminence grise de la campagne d'Obama.

C'était pour mieux laisser, ensuite, éclater la joie. De Times Square (New York) à l'église Ebenezer de Martin Luther King (Atlanta), de la Californie à Chicago, ce n'était plus que cris et embrassades parmi les partisans d'Obama jusqu'aux petites heures de la nuit. Des larmes, aussi, comme celles que le révérend Jesse Jackson, cette figure de la lutte pour les droits civiques, laissait couler en direct à la télévision. Celles d'Oprah Winfrey, la reine du talk-show américain, qui avait mis toute sa force de frappe derrière le candidat démocrate. Les larmes avouées, encore, de Colin Powell, l'ancien chef des armées et secrétaire d'Etat de George Bush qui, il y a quelques semaines, avait lui aussi apporté son soutien décidé à Obama.

La guérison symbolique de la plus grande blessure de l'histoire américaine, celle de l'esclavage et de ses suites? Tout le monde voulait y croire, apportant à cette nuit une dimension unique. «C'est plus qu'une victoire politique, c'est une victoire spirituelle», disait dans les rues de New York une jeune femme noire qui ne tenait pas en place.

Mesurant l'importance du moment avant de reconnaître sa défaite, John McCain venait de souligner lui aussi «la dimension particulière que ce scrutin revêt pour les Afro-Américains (ndlr: qui ont voté à 95% en faveur d'Obama) et la fierté particulière qui doit être la leur cette nuit». Le président George Bush enchaînait, le lendemain matin: «Peu importe pour qui ils ont voté, tous les Américains peuvent être fiers de l'histoire qu'ils ont écrite hier», s'exclamait-il.

Auréolé de cette dimension «historique», Barack Obama n'aura cependant pas beaucoup de temps pour savourer sa victoire, face aux défis qui l'attendent. Pour mener sa politique, il pourra compter sur un Sénat et une Chambre des représentants qui, tous deux, ont encore pris des couleurs démocrates. C'est la première fois depuis Bill Clinton en 1995 que le même parti contrôle la Maison-Blanche et le Congrès. Mais malgré leurs espoirs, les démocrates ne sont pas parvenus à passer la barre magique des 60 sièges au Sénat qui leur aurait permis de ne pas se soucier de l'opposition de la minorité républicaine.

Sans transition, les noms commençaient à circuler hier à Washington des membres de l'équipe que prévoit de réunir autour de lui Barack Obama, lors de sa prise de fonctions le 20 janvier prochain: le représentant de l'Illinois Rahm Emanuel et ancien conseiller politique de Bill Clinton au poste clé de secrétaire général de la Maison-Blanche; le sénateur du Massachusetts John Kerry, comme secrétaire d'Etat.

«Ce pays mène deux guerres et affronte la plus grave crise financière en un siècle, avait prévenu sur la scène de Chicago le nouveau président élu. Il y a des emplois à créer, des écoles à construire. La route devant nous est longue.» Puis il avait cette formule, qui semblait destinée à ramener à la réalité ses propres troupes: «Cette victoire n'est pas encore le changement, mais la chance pour nous d'accomplir le changement.»
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