With Barack Obama recently re-elected for a second term, Jean-Christophe Gallien, an associate professor at the University of Paris 1 Sorbonne and a consulting and public diplomacy member of the SEAP (Society of European Affairs Professionals), takes another look at the United States’ place and image in the world today.
Barack Obama won the U.S. presidential election. The U.S. won the battle for a global audience. As if we were the 51st state of the U.S., we [France] all participated in this long marathon, the same year as our own presidential election. To a slightly lesser extent than during Obama’s first victory in 2008, the U.S. exported news far beyond their geographic and media borders. Every four years, this electoral moment sets the rhythm for the multipolar world’s news — a world where the competition between regions for the global audience is fierce. We almost seem more excited about this ballot than about our own. We don’t always understand the U.S.’ complex constitutional and electoral system, but we do know the issues, fault lines and even the vocabulary specific to this election. We relate to candidates’ proposals. We are familiar with their personal stories.
Our media are zealous allies of this phenomenon. They thrive on content featuring angles scripted by the candidates and their teams, meant to place the candidates on every screen, radio channel, newspaper and other published work. They rely on efficiency in terms of capturing audiences and cheaply and continuously advertising content.
A Kind of Permanent Super Bowl
A kind of permanent Super Bowl, broadcast here every day, for weeks, on every medium. Live news shows. Weeks of watching the cohorts of special envoys. It’s a real global media plan that is not talked about. Each candidate’s media charter was broadcast to a unique global audience, during prime time all over the world. Its narrative was fed to TV networks and radio stations, and let’s not forget the press and of course the web and social networking.
America presented itself live and unvarnished. Strengths and weaknesses, successes and failures of the U.S. experience were amplified as if on permanent screens. The presidential election itself was a great opportunity to display Brand America in the political arena. Brand America is carried by the two candidates. Barack Obama and Mitt Romney did just as George W. Bush and Bill Clinton had done before. Whether you love them or hate them, they make us their campaign stakeholders. We are almost like American citizens. This multi-billion dollar show can afford to be ambitious. The show becomes ours.
A majority watched, observed, more or less attentively, and gradually became caught up in this high stakes game. A significant minority participated and committed themselves to the campaign. We know better what’s happening in Iowa or Ohio than in Ardennes or Lozère, without draping ourselves in the Stars and Stripes. It’s a learning process that is bringing us closer to a country that we love or hate, but is nevertheless being imposed on us. Obviously, Barack Obama is a product of politics and media, which unparalleled in the world. The phenomenon is global and local at the same time. It resonates with many people. But do not be fooled.
A Real Public Diplomacy Strategy
If the main players are so obviously a major asset to Brand America, this is a real public diplomacy strategy that only the U.S. is liable to carry out. Wherever possible and useful, it will be broadcast live to people, far beyond traditional diplomacy. Just as in Hollywood and the rest of the cultural and entertainment industry, the myth of America ceaselessly recycles other people’s stories — just as their literature is spread limitlessly, and their universities continue to attract students from all over the world and to produce innovations that fuel Uncle Sam’s brands. Just as Made in USA sports teams obtain global success supported by icons and powerful brands, just as their language has become a global Esperanto… and what can be said about the Internet and 2.0! Google, Facebook, Twitter, YouTube, just to mention the most well-known, are instruments for the spread of different aspects of Brand USA and for powerful actors who are interested in strategically imposing themselves on the vast digital world and beyond with. What about Apple, Coke and other brands that govern tribes of loyal people all over the world and gorge them on their products and concepts designed in the U.S. even though they are very often made in China?
Not as Sweet and Innocent as It Seems
Some would call it soft diplomacy. We choose to call it new public diplomacy. The strategy integrates culture, media, industry, sport, education, language, public and private politics, classic diplomacy and the traditional branding of the country. At the center of this concept, as is the tendency in diplomacy, are public citizens who are becoming more and more informed and who now form a digitalized global opinion in a very dynamic and available framework and a giant market. During this election, as every four years, the U.S. took over the world’s narrative.
Barack Obama fraîchement réélu pour un second mandat, Jean-Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, conseil en diplomatie publique et membre de la SEAP (Society of European Affairs Professionals), revient sur la place et l'image des Etats-Unis dans le monde d'aujourd''hui.
Barack Obama a remporté l'élection présidentielle américaine. Les USA ont gagné la bataille de l'audience globale. Comme happés par le mouvement permanent de cette campagne. Comme dans un 51é état des Etats Unis d'Amérique, nous avons presque tous participé à ce long marathon, l'année même de notre propre élection présidentielle. A peine moins peut-être que lors de la première victoire d'Obama, les USA ont exporté, très au delà de leurs frontières géographiques et médiatiques, ce moment électoral qui rythme, tous les 4 ans, l'actualité d'un Monde pourtant devenu multipolaire. Un Monde où la compétition entre territoires pour les parts d'audience globale est féroce voire guerrière. Nous semblons presque davantage vibrer pour ce scrutin que pour le notre propre. Si nous ne comprenons pas toujours le système constitutionnel et électoral complexe des USA, nous connaissons les enjeux, les lignes de fractures et même le vocabulaire spécifique de cette élection. Nous entrons en relation avec les propositions des 2 candidats. Nous sommes familiers de leurs histoires personnelles.
Nos médias sont les alliés très zélés de ce phénomène. Ils se nourrissent en profondeur d'un contenu aux contours et aux angles scénarisés par les candidats et leurs équipes dans une capacité à se placer dans tous les écrans, toutes les radios ou pages de la presse écrite ou de l'édition. Ils misent sur l'efficacité en terme de captation d'audience et de valorisation publicitaire d'un contenu peu cher et continu.
Une sorte de Superbowl permanent
Sorte de Superbowl permanent, depuis des semaines le feuilleton fut diffusé aussi chez nous, au quotidien et dans toutes ses dimensions locales. Plateaux en directs des journaux télévisés. Cohortes d'envoyés spéciaux pendant des semaines. C'est un véritable plan média global qui ne se dit pas. Le charter média de chaque candidat fut la mesure de l'audience globale exceptionnelle d'une série qui se déploie sur tous les prime time à travers la planète et nourrie de son contenu narratif les chaînes ou radios d'information continue sans oublier la presse écrite et évidemment le web et ses réseaux sociaux.
L'Amérique s'est présentée en direct et sans fard. Points forts et points faibles, réussites et échecs de l'expérience US se sont multipliés comme dans des écrans permanents ouverts sur les USA. L'élection présidentielle s'impose comme une formidable occasion de mesure la marque Amérique sur le terrain politique. Brand America est portée par les 2 candidats. Barak Obama et Mitt Romney l'ont fait comme auparavant W Bush ou plus loin Bill Clinton l'avaient fait. Peu importe qu'on les aime ou on les déteste, ils font de nous des parties prenantes de leur campagne. Presque des citoyens américains. Ce spectacle de plusieurs milliards de dollars a les moyens de ses ambitions. Ce show devient le notre.
Une majorité a regardé, observé, plus ou moins attentive, se prenant progressivement au jeu des enjeux. Une minorité significative a pris parti, est entrée en campagne elle aussi. S'est même engagée pour certains. Nous savions mieux ce qui se passe dans l'Iowa ou
l'Ohio que dans les Ardennes ou en Lozère. Sans nous draper dans la bannière étoilée. Nous progressons dans un apprentissage qui
nous rapproche d'un pays que nous aimons ou détestons mais qui s'impose à nous. Evidemment Barack Obama est un produit politique et médiatique sans équivalent à travers le Monde. Le phénomène est global et local à la fois. Il entre en résonnance avec de très
nombreux peuples. Mais ne soyons pas dupes.
Une véritable stratégie de diplomatie publique....
Si le personnage principal de la série est évidemment l'atout majeur de la marque Amérique, il s'agit là d'une véritable stratégie de diplomatie publique comme seuls les USA sont susceptibles de la mener aujourd'hui. Partout où elle est possible et utile, en direct avec les peuples très au delà de la diplomatie classique. Au même titre qu'Hollywood et le reste de l'industrie culturelle et du divertissement déversent le mythe sans cesse revisité de l'Amérique et qu'ils recyclent les histoires des autres peuples. Au même titre que sa littérature est diffusée sans limite, que ses universités continuent d'attirer les étudiants du monde entier et de produire de l'innovation qui nourrit les marques de l'Oncle Sam. Au même titre que les sports made in USA obtiennent un succès mondial portés par des icones et des marques puissantes, que sa langue est devenu un esperanto planétaire ... Et que dire des marques de l'internet et du 2.0 ! Google, Facebook, Twitter, YouTube, pour ne citer que les plus familières, sont à la fois les instruments de la diffusion des différents contenus de la marque USA et des acteurs puissants et stratégiquement intéressés à s'imposer sans partage sur le vaste Monde digital et au delà. Que dire d'Apple, Coca et de bien d'autres marques qui gouvernent de véritables tribus de fidèles à travers la planète et les goinfrent de leurs produits ou concepts pensés aux USA même si très souvent Made in China.
... pas si douce et innocente que cela
Une diplomatie douce diront certains. Pas si douce et innocente que cela. Nous choisirons de la qualifier de nouvelle diplomatie publique. Une stratégie intégrant culture, médias, industrie, sport, éducation, langue, ... politique, public et privé à la diplomatie classique et au branding traditionnel du pays. Au centre de la notion, la capacité voulue ou naturelle de placer au coeur de sa diplomatie, le grand public des citoyens de mieux en mieux informés et qui forment aujourd'hui une opinion mondiale digitalisée et en réseau très mouvante, disponible, et surtout un marché géant. Pendant son élection, comme tous les 4 ans, l'Amérique a repris la main de la narration du Monde.
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