$700 Billion for Defense, a Good Deal for Trump

Published in Le Devoir
(Canada) on 18 November 2017
by Julien Tourreille (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Rachel Pott.
Recently, the United States has disengaged from large-scale ground operations, like those in Iraq and Afghanistan. However, the country’s armed forces are still insufficient given the multiple security challenges they face. The Defense Department’s draft 2018 budget, adopted by Congress this week, could correct this situation.

At around $700 billion, the budget will help increase the number of Army and Marine troops, allow for the acquisition of new equipment, and unlock new funds to develop a missile defense shield. However, the U.S. Navy appears to be the big winner in this substantial fiscal effort.

The Navy currently has 279 ships. The budget submitted for President Trump’s approval states that it should have at least 355. During the 2016 election campaign, Trump made building naval capacity a key element of his proposed defense policy. He could therefore only rejoice at this budget, even if the obstacles to realizing these ambitions are significant.

Responding to Beijing

As a key principle of U.S. foreign and defense policy, defending free movement on the seas is the U.S. Navy’s responsibility. During the two decades following the end of the Cold War, this role was unchallenged due to the absence of rival countries and American technological superiority. In the last few years, the situation has changed dramatically with the spread of advanced technology and, above all, China’s increasingly assertive willingness to question Washington’s predominance in the maritime sphere.

This shift in the strategic environment has raised serious concerns in the Asia-Pacific region. For example, Japan and South Korea, whose economies depend strongly on free ocean travel, fear the prospect of a more coercive Chinese navy. Beyond East Asia, it is in the South China Sea that Beijing’s maritime ambitions are creating the most tension. Indeed, this maritime area is the site of competing territorial claims among bordering states. It is a key fishing zone for China, the Philippines, Vietnam, Malaysia, Taiwan and Brunei. It also contains coveted oil and gas resources. Finally, it’s a transit route through which nearly one third of world trade passes.

In 2012, the Obama administration suspended naval and air patrols in the South China Sea in the hope of reaching a diplomatic dispute settlement in the region. This approach has not been fruitful. Indeed, China has used this opportunity to increase its influence by building large-scale military infrastructures in the Spratly Archipelago and deploying radar and other missile batteries. At last month’s Chinese Communist Party Congress, President Xi Jinping was quite pleased that Beijing had managed to impose this state of affairs, asserting a new balance of power over other countries bordering the South China Sea.

A To-Be-Defined US Strategy

In the fall of 2015, President Obama decided to resume the “freedom of navigation” patrols conducted by the U.S. Navy, and these have multiplied with Donald Trump’s arrival to the White House. These patrols are essential to challenging Beijing’s claims to the South China Sea and to reaffirming the importance of the principle of free ocean navigation throughout the Asia-Pacific region. However, they are putting considerable and dangerous pressure on U.S. Navy operations, as evidenced by the fatal accidents that occurred with two Navy ships earlier this year.

In this context, the significant increase in resources allocated to the Navy is quite relevant. However, it won’t materialize overnight. Achieving the goal of 355 ships is expected to take between 18 and 30 years. Worse, the cost of running such a navy would be more than $100 billion a year, a sum that the U.S. can’t really afford, given its budget deficit, its debt and the fact that Republicans want to massively reduce taxes. Finally, material capabilities are of little use without a strategy. However, as evidenced by Trump’s displacement in Asia, for the moment, strategic thinking appears largely non-existent within the White House.


700 milliards pour la Défense, un bon deal pour Trump
Au cours des dernières années, les États-Unis se sont désengagés des opérations terrestres de grande envergure telles que celles en Irak et en Afghanistan. Pour autant, le niveau de leurs forces armées est insuffisant au regard des multiples enjeux de sécurité auxquels ils doivent faire face. Le projet de budget du département de la Défense pour 2018 adopté cette semaine par le Congrès pourrait corriger cette situation.

Avoisinant les 700 milliards de dollars, il doit notamment permettre d’augmenter les effectifs de l’armée de terre et des fusiliers marins, d’acquérir de nouveaux matériels ou encore de débloquer de nouveaux fonds pour développer un bouclier antimissile. L’U.S. Navy apparaît toutefois comme la grande gagnante de ce substantiel effort budgétaire.

Elle dispose actuellement de 279 navires. Le projet transmis pour approbation au président Trump stipule qu’elle devrait en avoir au moins 355. Lors de la campagne électorale de 2016, Trump avait fait du renforcement des capacités de la marine un élément clé de la politique de défense qu’il entendait mener. Il ne peut donc que se réjouir, même si les obstacles à la concrétisation de cette ambition sont nombreux.

Répondre à Pékin

Principe central de la politique étrangère et de défense des États-Unis, la défense de la libre circulation sur les mers relève de la responsabilité de l’U.S. Navy. Pendant les deux décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide, ce rôle n’a pas été remis en cause du fait de l’absence de pays rivaux et de la supériorité technologique américaine. La situation a nettement changé au cours des dernières années avec la dissémination des technologies de pointe et, surtout, la volonté de plus en plus affirmée de la Chine de remettre en cause la prépondérance de Washington dans l’espace maritime.

Cette évolution de l’environnement stratégique suscite de sérieuses inquiétudes en Asie-Pacifique. Par exemple, le Japon et la Corée du Sud, dont les économies dépendent très fortement de la libre circulation océanique, redoutent la perspective d’une marine chinoise plus coercitive. Au-delà de l’Asie de l’Est, c’est en mer de Chine méridionale que les velléités maritimes de Pékin créent le plus de tensions. En effet, cet espace maritime est le théâtre de revendications territoriales entre États riverains. Elle est une zone de pêche essentielle pour la Chine, les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Taïwan et Brunei. Elle renferme également des ressources pétrolières et gazières convoitées. C’est enfin une voie de passage par laquelle transite près du tiers du commerce mondial.

En 2012, le gouvernement Obama avait suspendu les patrouilles navales et aériennes en mer de Chine méridionale dans l’espoir d’aboutir à un règlement diplomatique des différends dans la zone. Cette approche n’a pas été concluante. La Chine en a en effet profité pour y accroître son emprise en construisant, notamment dans l’archipel des Spratly, des infrastructures militaires de grande ampleur et en déployant des radars et autres batteries de missiles. Le président Xi Jinping pouvait ainsi se féliciter, lors du congrès du parti communiste chinois du mois dernier, que Pékin soit parvenu à imposer un état de fait et un nouveau rapport de force aux autres pays riverains de la mer de Chine méridionale.

Une stratégie américaine à définir

Le président Obama avait décidé à l’automne 2015 de reprendre les patrouilles de « liberté de navigation » menées par l’U.S. Navy. Celles-ci se sont multipliées avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Elles sont essentielles pour contester les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale et pour réaffirmer l’importance du principe de liberté de navigation océanique dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique. Elles exercent cependant une pression considérable et dangereuse sur le rythme opérationnel de l’US Navy, comme l’attestent les accidents mortels subis par deux de ses navires plus tôt cette année.

L’augmentation significative des moyens alloués à la Navy est dans ce contexte tout à fait pertinente. Elle ne se concrétisera cependant pas du jour au lendemain. Atteindre l’objectif de 355 navires devrait prendre, selon les estimations, entre 18 et 30 ans. Plus grave, le coût de fonctionnement d’une telle marine de guerre serait de plus de 100 milliards par année, somme que les États-Unis ne peuvent pas vraiment se permettre, étant donné le niveau de déficit budgétaire, de dette, et alors que les républicains souhaitent réduire massivement les impôts. Enfin, sans stratégie, les capacités matérielles n’ont guère d’utilité. Or, comme en témoigne le déplacement de Trump en Asie, cette réflexion stratégique apparaît pour le moment largement inexistante au sein de la Maison-Blanche.
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