Aux États-Unis aussi, il ne faut pas chercher de logique politique (au sens noble du terme) derrière les propositions des candidats.
L’important n’est pas de proposer des solutions aux problèmes alarmants du moment.
L’important est de faire croire aux électeurs que des mesures symboliques, simples à comprendre, vont résoudre sans douleur pour eux les difficultés qui les inquiètent.
Le meilleur exemple américain de cette maladie qui fausse le jeu démocratique, est l’acharnement de Barack Obama pour augmenter le taux marginal d’imposition des américains qui dérivent une part importante de leurs revenus de plus values.
On commence par provoquer la colère de l’électeur moyen en lui expliquant qu’il paye plus d’impôts que les super-riches.
C’est faux, mais peu importe.
Pour faire passer cette énormité, Barack Obama explique avec le talent et la décontraction souriante qu’on lui connaît, que le taux effectif d’imposition des 22.000 foyers ont déclaré au moins un million de dollars de revenus en 2009 était inférieur à 15%.
Deuxième argument, destiné à choquer l’électeur naïf: on explique que les classes moyennes sont taxées à des taux supérieurs.
Pour illustrer cet argument et le rendre encore plus crédible, le Président cite Warren Buffett. L’investisseur richissime qui finance la campagne de Barack Obama, répète depuis des années que son taux d’imposition est inférieur à celui de sa secrétaire.
Conclusion: Barack Obama propose la “règle Buffett”: que tous les millionnaires soient obligés de payer au moins 30% de leurs revenus au fisc.
Naturellement ceux qui s’opposent à cette régle en apparence simple, équitable et raisonnable ne peuvent être que des horribles capitalistes, ennemis de la classe moyenne, assoiffés de profits, méprisants de la condition difficile dans laquelle se trouve les américains d’en bas.
Et surtout, toute personne qui s’oppose à la “Buffet Rule” ne serait pas un vrai patriote. En effet pour réduire le déficit budgétaire, n’est-il pas urgent que les riches payent plus ?
Voilà. La démonstration est faite. Obama = gentil Président raisonnable. Républicains = méchants profiteurs, insensibles aux principes élémentaires de la justice sociale.
Problème: la réalité n’est pas du tout conforme à ce que décrit la Maison blanche.
1) La moitié des américains les moins riches ne paye pas du tout d’impôt sur le revenu.
Barack Obama ne veut surtout pas rappeller ce fait incontournable dans toute discussion relative à l’équité fiscale.
2) Le taux EFFECTIF moyen d’imposition fédérale sur le revenu de l’américain moyen est de 11%.
Le taux effectif moyen de ceux qui déclarent un million ou plus en revenu est de 25%.
Le taux effectif moyen de ceux qui déclarent entre 200.000 et 500.000 dollars est de 19%.
En mélangeant taux d’imposition et tranche d’imposition, on crée une illusion d’inégalité insupportable.
3) Le système fédéral de taxation est DÉJÀ très progressif
40% des recettes de l’impôt sur le revenu provient des contribuables parmi le 1% plus riche.
Près de 100% des recettes provient des 20% les plus riches.
4) La “règle Buffett” rapporterait à l’Internal Revenue Service (fisc fédéral) 47 milliards de dollars sur 10 ans…Cette estimation n’est pas contestée par le Président.
En fait les millionnaires payent déjà pour la plupart bien plus que les classes moyennes, en proportion de leurs revenus. La règle défendue par Barack Obama n’augmenterait guère la taxation effective des riches.
Pour mémoire, le déficit budgétaire fédéral sur UN AN dépasse 1000 milliards de dollars !
La lutte contre le déficit et l’endettement suppose donc des mesures bien plus sérieuses que celle qui rapporterait 47 milliards de dollars sur 10 ans…
La solution n’est pas dans la taxation des riches proposée par le Président sortant. Ou alors il faudrait que cette imposition atteigne des niveaux “européens” de 50% et plus.
Comme personne n’ose le proposer, même au sein du Parti Démocrate, la solution est, hélas, dans la taxation plus forte des classes moyennes. Ce sont les classes moyennes qui sont les plus nombreuses. C’est là que se trouve l’argent.
Taxer les riches est bien plus un magnifique slogan électoral, qu’une solution pratique au problème de sur-endettement des États-Unis.
Cette solution passera aussi par la réduction des dépenses publiques, y compris des prestations sociales (retraites + santé) qui sont totalement incontrôlées et même automatiques (c’est à dire qu’elles ne sont pas votées par le Congrès).
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.