Freedom of Expression, The United States’ Last Source of Greatness

Published in Le Temps
(Switzerland) on 26 September 2017
by Andre Liebich (link to originallink to original)
Translated from by Alison Lacey. Edited by Rachel Pott.
There’s much to criticize in American politics, says honorary professor André Liebich. Except for one admirable thing: the First Amendment of the Constitution consecrated in the freedom of expression. In Europe, censorship is gaining ground.

There is plenty in the United States to criticize and oppose: growing inequality; minimum wage stagnation; the dizzying spike in higher incomes; the absence of a social safety net for the poor, weak and sick; the imperialism that wages merciless wars against less fortunate countries. But if there’s one admirable aspect of the United States, it’s the first of the 10 amendments, which were added as a declaration of rights to the American Constitution in 1791. According to this amendment, any restrictions on the freedom of speech or of the press, or the right to peaceful assembly, are forbidden.

The American Supreme Court’s interpretation of this right has varied. In 1969, the Court ruled that the act of burning draft cards to protest the Vietnam War didn’t deserve freedom of speech protections. Twenty years later, the court determined that burning an American flag is a legitimate form of protest. More recently, a controversial decree from the Supreme Court removed limitations restricting financial contributions to electoral campaigns, thereby increasing the role of money in the democratic process. The largest civil liberty organization in the U.S., the ACLU, even defended American Nazis’ right to protest in a Jewish neighborhood, not because of sympathy for the Nazis, but in the name of the First Amendment.

Freedom of Speech and Respect for Minorities

This emotional attachment to liberties is explained by the high regard in which Americans hold their Constitution, an attitude exemplified by their penchant for carrying firearms—the source of numerous tragedies—as protected by the Second Amendment of the Constitution. At the same time, free speech is criticized on behalf of human dignity and vulnerable minority groups. It’s argued that an environment that tolerates hate speech toward these minorities discriminates against the people who are the least able to defend themselves. It puts the safety of those who are thus targeted in jeopardy; at the same time, it makes a politics of inclusion impossible. In light of the threats posed by racists, xenophobes and other enemies of a just society, laissez-faire politics that may give free rein to hate speech are out of the question.

European countries have dealt with this challenge differently than the U.S. Faced with the burden of a dark past, numerous countries have criminalized the discourse of Holocaust deniers or revisionists and, with time, have extended this same ban to the minimization or negation of other historic crimes. Article 261 of the Swiss Criminal Code enacts this same proscription. The nightmare of a repetition of the horrors Europe went through in the still recent past remains too fresh, and it is relived with each wave of populist movements that treat this terrible history lightly.

At the same time, we are noticing an expansion of the sphere of prohibition. Sometimes it’s actually about protecting minorities, like Muslims, who are the object of disdain and even attacks. But we cannot deny that this broadening is used by the state to further its politics. For example, France has begun a criminalization of the Boycott, Divestment, Sanctions movement, which seeks to implement pressure tactics in Israel that were once used successfully against South Africa. France is, in this way, acting in the name of the fight against antisemitism.

Banning All Forms of Censorship

States that are less sensitive to the tradition of individual liberties have taken it even further. Ukraine has forbidden putting into question the thesis that the Holodomor, the great famine of the early 1930s, was a genocide of Ukrainians by Stalin. Several other former Soviet countries make their peace with the past by banning all communist propaganda. In the west, as governments have found themselves under the threat of terrorism but also populist contention, they’ve resorted to the repression of dissidence in the name of “security.” One of the main legal devices used are laws against hate speech, introduced to fight a completely different enemy.

Some critics reject the great English liberal John Stuart Mill’s conviction—the idea that expression, unfettered by all prevailing ideas, will lead us toward truth and reason—as naive. Others find the words (apparently wrongly) attributed to Voltaire laughable: I do not agree with what you say, but I will defend to the death your right to say it. Some countries, like Poland, have contained the decision-making role of the judiciary branch by attacking the way the courts are set up rather than the liberties themselves. Nevertheless, banning all forms of censorship remains a long and difficult struggle.


La liberté d’expression, dernier ressort de la grandeur des Etats-Unis

Il y a beaucoup à critiquer quant à la politique américaine, estime le professeur honoraire Andre Liebiech. Sauf une chose admirable: le premier amendement de la Constitution dédié à la liberté de parole. En Europe, la censure gagne du terrain

Il y a beaucoup de choses à critiquer et à rejeter aux Etats-Unis: l’inégalité croissante, la stagnation des bas salaires, l’envol vertigineux des revenus supérieurs, l’absence de filet social pour les pauvres, les faibles et les malades, l’impérialisme qui mène des guerres sans pitié contre des pays moins fortunés. Mais, s’il y a une chose admirable aux Etats-Unis, c’est le premier des dix amendements ajoutés en tant que Déclaration des droits à la Constitution américaine en 1791. Selon cet article, toute limitation de la liberté de parole ou de la presse ou du droit à l’assemblée paisible est interdite.

L’interprétation de ce droit par la Cour suprême américaine a varié. En 1969 la Cour a déterminé que l’acte de brûler des cartes de service militaire (draft cards) pour protester contre la guerre au Vietnam ne méritait pas la protection de la liberté de parole. Vingt ans plus tard, la Cour a statué que brûler un drapeau américain est une forme légitime de protestation. Dernièrement, un décret controversé de la Cour suprême a annulé les limites sur les contributions financières aux campagnes électorales, haussant ainsi le rôle de l’argent dans le processus démocratique. La plus grande organisation des libertés civiles américaine, l’ACLU, a même défendu le droit des nazis américains de manifester dans un quartier juif, non pas par sympathie pour les nazis, mais au nom du premier amendement.

Liberté de parole et respect des minorités
Cet attachement aux libertés s’explique par la vénération que les Américains témoignent envers leur Constitution, une attitude qui se manifeste dans leur penchant pour le port d’armes, source de nombreuses tragédies, garantie dans le deuxième amendement à la constitution. Toutefois, la liberté de parole est critiquée au nom de la dignité humaine et du respect dû aux minorités vulnérables. Un environnement qui tolère un discours de la haine envers ces minorités est discriminant envers ceux qui sont le moins en mesure de se défendre, argue-t-on. Il met en péril la sécurité de ceux qui sont ainsi visés; tout au moins il rend impossible une politique de l’inclusion. Face aux menaces posées par les racistes, les xénophobes et les autres ennemis d’une société juste, une politique de laisser-faire quant à la possibilité de donner libre cours aux discours de haine n’est pas admissible.

Plusieurs pays autrefois sous domination soviétique règlent leur compte avec le passé en interdisant toute propagande communiste
Les pays européens ont répondu à ce défi de manière différente des Etats-Unis. Sous le poids d’un passé sombre, de nombreux pays ont criminalisé le discours négationniste ou révisionniste envers la Shoah et, avec le temps, ils ont étendu cette interdiction à la minimisation ou la négation d’autres crimes historiques. L’article 261 du code criminel suisse reprend cette prohibition. Le cauchemar d’une répétition des horreurs que l’Europe a connues dans un passé encore récent reste frais et il revit à chaque poussée des mouvements populistes qui traitent ce passé sombre de manière cavalière.

En même temps, on constate un élargissement de la sphère de l’interdit. Parfois il s’agit effectivement de protéger les minorités, telles les musulmans, qui sont l’objet de mépris et même d’attaques. Mais on ne peut nier que cet élargissement est utilisé par l’Etat pour promouvoir ses politiques. Ainsi, la France a mis en marche une criminalisation du mouvement BDS (Boycott, Divestment, Sanctions) qui cherche à appliquer à Israël les moyens de pression utilisés autrefois avec succès contre l’Afrique du Sud. La France agit ainsi au nom de la lutte contre l’antisémitisme.

Interdire toute forme de censure
Les Etats moins sensibles à la tradition des libertés individuelles sont allés plus loin. L’Ukraine a interdit une mise en question de la thèse selon laquelle le Holodomor, la grande famine du début des années trente, était un génocide des Ukrainiens voulu par Staline. Plusieurs pays autrefois sous domination soviétique règlent leurs comptes avec le passé en interdisant toute propagande communiste. En Occident, au fur et à mesure que les gouvernements se trouvent menacés par le terrorisme, mais aussi par la contestation populaire, ils ont recours à la répression de la dissidence au nom de la «sécurité». Un des principaux moyens juridiques qu’ils utilisent ce sont des lois sur le discours de haine introduites pour lutter contre un tout autre ennemi.

Certains commentateurs rejettent comme naïve la conviction du grand libéral anglais du XIXe siècle, John Stuart Mill, selon lequel l’expression sans entraves de toutes les idées ambiantes allait nous amener vers la vérité et la raison. D’autres estiment risibles les propos attribués, à tort paraît-il, à Voltaire: je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je défendrai à la mort votre droit de le dire. Des pays, tels que la Pologne, ont compris le rôle décisif de la branche judiciaire en s’attaquant à la composition des tribunaux plutôt qu’aux libertés elles-mêmes. Néanmoins, l’interdiction de toute forme de censure reste le premier combat à mener.
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