Intermission or Last Act for Trump?

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Trump, entracte ou dernier acte?

L’ancien président, qui se dirige vers un nouvel acquittement devant le Sénat dans son procès en destitution, pourra-t-il continuer d’exercer une influence sur la scène politique américaine?

« Nous serons de retour, d’une façon ou d’une autre ». Le dernier discours de Donald Trump comme président, avant qu’il ne s’envole pour Mar-a-Lago le 20 janvier, laissait planer peu de doute sur ses intentions.

L’ancien dirigeant, qui connaît bien l’univers de la télévision, envisage-t-il une deuxième saison pour sa carrière politique? Si tel est le cas, d’ici la campagne présidentielle de 2024, la route est semée d’obstacles.

Le premier est évidemment le procès qui se tient devant le Sénat en ce moment. S’il était destitué, Donald Trump pourrait ensuite se voir empêché de se représenter à des élections fédérales. Pour l’instant, il semble néanmoins peu probable que suffisamment de sénateurs républicains décident de sévir contre l’ancien président.

Même s’il est acquitté, ce procès en destitution pourrait-il nuire tout de même à ses éventuelles ambitions politiques? Cela semble être l’avis de la sénatrice républicaine d’Alaska Lisa Murkowski, qui a affirmé ne pas voir comment il pourrait de nouveau être élu à la présidence.

Et pour s’en assurer, les démocrates, qui se doutent bien qu’ils n’auront pas assez d’appuis pour la destitution, déploient le cœur de leurs énergies à associer le président et son parti aux assaillants du Capitole afin de nuire à leur image au sein de la population.

D’ailleurs, une analyse du New York Times publiée cette semaine révélait que, depuis les événements du 6 janvier, le Parti républicain a perdu au moins 140 000 membres dans 25 États, dont 12 000 dans l’État clé de Pennsylvanie et 10 000 en Arizona, ancien bastion rouge maintenant représenté par les démocrates au Sénat et au Collège électoral.

Puis, au-delà de l’impact du procès en destitution, des enjeux juridiques pourraient rattraper l’ancien président. Mercredi, des procureurs de Georgie ont annoncé le déclenchement d’une enquête criminelle sur les efforts déployés pour influencer le résultat de l’élection dans cet État clé, ce qui inclut les pressions faites par Donald Trump sur le responsable du scrutin.

Ce parti est le sien

Personnage principal ou non, il semble néanmoins clair que le 45e président aura un rôle influent dans la politique républicaine.

Un sondage récent publié pour le compte du réseau CBS révélait ainsi que si 56 % des Américains sont favorables à la destitution de Donald Trump, 71 % des républicains associent un vote pour le condamner à un manque de loyauté.

Certains élus du parti l’ont appris à leurs dépens.

Liz Cheney, la numéro 3 du parti et l’une des dix élus républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation, a été l’objet d’une motion de censure par les autorités locales de son parti dans son État du Wyoming. Le sénateur du Nebraska Ben Sasse, l’un des rares républicains qui pourrait appuyer la destitution à la Chambre haute, fait face à un sort similaire.

Les électeurs républicains l’appuient toujours, ce parti est le sien, a notamment déclaré la représentante Marjorie Taylor Greene, que la majorité démocrate a retiré de ses comités à la Chambre en raison de sa promotion de théories conspirationnistes, après que les dirigeants républicains eurent refusé de sévir contre elle.

D’ailleurs depuis cet épisode, la cote de popularité de l’élue de Georgie a augmenté de 11 % au sein de l’électorat républicain, selon un sondage Morning Consult.

Le parti d’Abraham Lincoln, qui est devenu dans les années 1980 celui du conservatisme fiscal de Ronald Reagan, avant de connaître des décennies plus tard l’émergence du Tea Party, se serait ainsi transformé une nouvelle fois, devenant la formation de Donald Trump et de ses plus proches alliés.

D’ici 2024, certains candidats centristes voudront probablement aller à contre-courant et tenter de prouver qu’être associé à un président qui a perdu la Maison-Blanche, la Chambre des représentants (à deux reprises) et le Sénat, n’est peut-être pas la meilleure stratégie. Mais d’autres aspirants présidents tenteront certainement de récupérer une partie de la base de Donald Trump en véhiculant un message politique semblable au sien et peut-être même en adoptant un style similaire.

L’Arkansas, ancien fief de Bill Clinton, offre déjà un aperçu de l’influence des forces pro-Trump au sein de la base républicaine. À peine deux semaines après l’annonce de la candidature de l’ancienne porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Huckabee Sanders au poste de gouverneure, un autre candidat républicain en lice, l’actuel numéro deux de l’État, a abandonné la course.

Bien des facteurs pourraient mettre à mal l’idée de lancer une deuxième saison de la carrière politique de Donald Trump. Mais des séries dérivées, des spin off comme disent les Américains, seront certainement à l’horaire au cours des prochaines années.

Raphaël Bouvier-Auclair

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