Republicans Trapped by Their Own Extremism

Published in Le Devoir
(Canada) on 12 April 2023
by Guy Taillefer (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Laurence Bouvard.
By placing the criminalization of abortion at the heart of their political agenda since the 1970s, and finally succeeding in getting the Supreme Court to overturn the Roe v. Wade decision in June 2022, the Republicans find themselves caught in the trap of their ultraconservative drift. It is an understatement that the reversal of Roe v. Wade had the effect of an electric shock on public opinion, in which one poll after another shows that 60% of Americans think the right to an abortion should be recognized in most cases. Prisoners of their ultrareligious fringe and Donald Trump, Republicans, as disconnected ideologues, still fail to gauge the social and electoral mobilization that the overturning of Roe v. Wade has triggered and continue to hold on to extreme anti-abortion positions that reek of disregard for women and their health.

The signals sent during the November midterm elections should have made Republicans aware of the obvious risks, but they remain blind. If they succeeded at winning a majority in the House of Representatives, they performed worse than expected as a whole — in part due to radical and/or incompetent candidates knighted by Trump, in part due to voter retribution for overturning the Roe v. Wade ruling that constitutionally protected abortion rights for 50 years. In fact, one of the more striking results of those legislative races was that, in states where constitutional modifications were proposed in referendums, abortion rights protections prevailed everywhere. Voters in California, Michigan and Vermont made clear and consequential gestures by choosing to inscribe abortion rights into their constitutions. In an even clearer manifestation of the mobilization that Roe has provoked, two Republican-controlled conservative states, Montana and Kentucky, voted against more restrictive measures.

Be that as it may, the Republican Party persists against all electoral common sense, undermining without compromise anywhere they can, in legislatures and the courts, the freedom of women to choose. In the wake of the midterms, its governing body, the Republican National Committee, urged Republican governors and lawmakers “to pass the strongest pro-life legislation possible.” It was widely heard. The extremely anti-abortion state of Idaho recently passed a law punishing anyone who helps a minor obtain an abortion in another state without parental consent with five years in prison. In South Carolina, Republicans have introduced a bill making abortion the equivalent of murder and thus subject to the death penalty. In Florida, Gov. Ron DeSantis, anticipated rival to Trump for the Republican nomination, is preparing to sign a law banning abortion after six weeks of pregnancy, which a majority of Floridians oppose, but hard core, reactionary Republican militants demand.

On the legal front, a Texas judge’s recent decision to suspend the use of the abortion pill, authorized by the Food and Drug Administration 23 years ago and relied on by 500,000 American women every year, further illustrates the scope of the setbacks brought about by the Supreme Court ruling. The FDA appealed as it should have, but the fact remains that an authoritarian deviation is taking place. Everywhere, and relentlessly, Republicans are utilizing the voting booths and the courts in their efforts to impose their antisocial and antidemocratic point of view. It is not really gratifying that this is a party losing its way to the benefit of the Democrats. As it loses all sense of moderation to the point of expelling, as it has just done, two Black Tennessee state lawmakers who protested for gun control as the number of shootings increase on American streets, it is a party growing more dangerous and politically violent, forced to defend its turf via gerrymandering.

Another call for Republicans to return to the center was sent no later than last week, the very day Trump was indicted in New York, by the election of pro-choice Judge Janet Protasiewicz, by an 11-point margin, over ultra-conservative Daniel Kelly, to the Supreme Court of the swing state of Wisconsin. For the remaining “moderate” voices in the Republican Party looking ahead to 2024, this defeat is chilling. “We keep going down these rabbit holes of extremism, we’re just going to keep losing,” warned South Carolina Rep. Nancy Mace. It would benefit all of American politics, and not just Republicans, if she were heard.


Les républicains piégés par leur extrémisme

Pour avoir fait de la criminalisation de l’avortement le coeur de leur projet politique depuis les années 1970, et pour avoir finalement réussi à faire invalider par la Cour suprême l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022, les républicains se retrouvent pris au piège de leur dérive ultraconservatrice. C’est peu dire que la révocation de Roe v. Wade a fait l’effet d’un électrochoc dans l’opinion publique, dont les sondages disent les uns après les autres que les Américains pensent dans une proportion supérieure à 60 % que le droit à l’avortement devrait être reconnu dans la plupart des cas. Prisonniers de leur frange ultrareligieuse — et de Donald Trump —, les républicains, en idéologues déconnectés, ne prennent toujours pas la mesure de la mobilisation sociale et électorale que l’invalidation de Roe v. Wade a déclenchée, continuant de s’en tenir à des positions antiavortement extrémistes qui empestent le mépris des femmes et de leur santé.

Les signaux envoyés lors des élections de mi-mandat de novembre dernier auraient pourtant dû les sensibiliser aux risques qui leur pendaient au bout du nez. Mais ils y restent aveugles. Si les républicains ont réussi à regagner la majorité à la Chambre des représentants, ils ont fait autrement moins bien que prévu dans l’ensemble, d’une part pour cause de candidats radicaux et/ou incompétents adoubés par M. Trump, de l’autre pour cause de sanction électorale en représailles à l’invalidation de l’arrêt Roe qui protégeait depuis 50 ans le droit constitutionnel à l’avortement. De fait, l’un des résultats les plus frappants de ces législatives aura été que dans les États où des modifications à leur Constitution étaient proposées par référendum, la défense du droit à l’avortement l’a partout emporté. Les électeurs en Californie, au Michigan et au Vermont ont ainsi posé des gestes clairs et conséquents en choisissant d’inscrire dans leur Constitution le droit à l’avortement. Manifestation plus nette encore de la mobilisation que Roe a provoquée, deux États conservateurs, contrôlés par les républicains, le Montana et le Kentucky, ont voté contre des mesures plus restrictives.

Qu’à cela ne tienne, le Parti républicain persiste et signe contre tout bon sens électoral, attentant sans compromis partout où cela lui est possible, dans les assemblées législatives comme devant les tribunaux, à la liberté des femmes de choisir. Dans la foulée des élections de mi-mandat, son instance dirigeante, le RNC (Comité national républicain), avait invité les élus et les gouverneurs républicains à « adopter les législations pro-vie les plus fortes possibles ». Il a été largement entendu. L’État très antiavortement de l’Idaho a récemment promulgué une loi punissant de cinq ans de prison toute personne aidant une mineure à quitter l’État pour se faire avorter sans consentement parental. En Caroline du Sud, les républicains ont déposé un projet de loi faisant de l’avortement un meurtre, et donc passible de la peine de mort. En Floride, le gouverneur Ron DeSantis, rival attendu de Trump à l’investiture républicaine, s’apprête à signer une loi interdisant presque tout avortement après six semaines de grossesse. Ce avec quoi la majorité des Floridiens sont en désaccord, mais ce que commande le noyau dur et réactionnaire des militants républicains.

Sur le plan judiciaire, la récente décision d’un juge du Texas d’invalider l’utilisation de la pilule abortive, autorisée par l’Agence américaine des médicaments (FDA) depuis 23 ans et à laquelle ont recours 500 000 Américaines par année, vient encore illustrer l’amplitude des reculs qu’induit la décision de la Cour suprême. Soit, la FDA a porté appel comme il se doit. Reste qu’on se trouve ici en plein dévoiement autoritaire : partout et tout le temps, les républicains se servent des urnes et des tribunaux pour tenter d’imposer leurs vues antisociales et antidémocratiques. On ne peut pas vraiment se réjouir que ce soit un parti qui perd la boussole à l’avantage des démocrates. Puisqu’à perdre tout sens de la modération, à expulser comme ils viennent de le faire deux députés noirs de l’assemblée législative du Tennessee qui militaient pour le contrôle des armes alors que se multiplient les fusillades dans les rues américaines, c’est un parti qui gagne en dangerosité et en violence politique, condamné à défendre son pré carré par « gerrymandering ».

Une autre invitation à se recentrer lui a été envoyée pas plus tard que la semaine dernière, le jour même où Trump était mis en accusation à New York, par l’élection à la Cour suprême dans l’État pivot du Wisconsin de la juge pro-avortement Janet Protasiewicz, par une marge de 11 points, contre l’ultra Daniel Kelly. À ce qu’il reste de voix « modérées » chez les républicains voyant venir 2024, cette défaite donne froid dans le dos. « À nous enfoncer dans l’extrémisme, nous allons continuer à perdre », a prévenu Nancy Mace, une représentante de la Caroline du Sud. Il serait utile à la vie politique américaine, et pas qu’aux républicains, qu’elle soit entendue.


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