Russia, America and the Rise and Fall of Oil Prices

Published in Le Devoir
(Canada) on 15 January 2015
by Serge Truffaut (link to originallink to original)
Translated from by Elona Ritchie. Edited by Emily Chick.
At first glance, one might think the drop in oil prices was an unexpected windfall for the United States. If we reflect upon how inherently mechanical this drop was, it is clear that it was planned out before being set in motion. And as a bonus, it had huge geopolitical ramifications.

In his last interview on National Public Radio, Barack Obama confirmed or revealed that his foreign policy during the past two years was based on "strategic patience." Basically, this patience depended on the economic sanctions imposed on Russia after its actions in Ukraine and the reinforcement of those imposed on Iran by George W. Bush after discovering the ayatollahs' nuclear ambitions.

During the interview, the president stated that "over time it would make the economy of Russia sufficiently vulnerable that if and when there were disruptions with respect to the price of oil — which, inevitably, there are going to be sometime, if not this year then next year or the year after — that they'd have enormous difficulty managing it." It will be especially difficult because the country's economy depended and remains dependent on the price of black gold.

Because of this dependence, everyone knows the correct and "boring" reason why President Vladimir Putin has been unable to modernize and diversify the country's economy since he rose to power and gas prices unexpectedly jumped in 2000. Simply put, Russia exports natural gas, oil and some weapons, and imports practically everything else. The Kremlin has been extremely irresponsible: Income from the sale of natural gas and oil was over 8 percent of the budget in the early 2000s, but today it is 52 percent! In short, the entire country is fueled by black gold.

The 50 percent drop in oil prices during the last six months had incredibly brutal consequences. To stop the ruble’s value from plunging, the central bank increased interest rates to 17 percent from 10.5 percent in June. Its GDP shrank by 4 percent during the last quarter. The budget deficit was 3 percent and will remain that way in 2015. What else could they expect? Russia's budget was created when oil was $70 a barrel, so it became a piece of fiction in practice.

The same goes for Iran and Venezuela. The economic situation in these countries is nearly a carbon copy of Russia's. Successive economic difficulties left these three nations with little room to maneuver politically. They no longer have the means to fulfill their geopolitical ambitions and are completely paralyzed. Let's start with Venezuela, the most straightforward of these three cases.

It is now public knowledge that the most convincing political factor in Raúl Castro’s decision to sign an agreement with the United States over 15 years ago was fear. Fear of what? That a significant drop in oil prices would force Venezuela to do what Russia did after the fall of the Berlin Wall: stop supporting Cuba financially.

In the Middle East, Iranian and Russian support for Bashar Assad in Syria will likely be significantly modified during the upcoming months. Especially since Iran's old regional enemy, Saudi Arabia, will not reduce its oil production and thus hurt Tehran financially in the long term.

In this complex game of diplomatic chess, the United States has a huge advantage not only over their main Russian, Iranian and Venezuelan "adversaries," but also over Saudi Arabia. It so happens that in recent months, the United States dethroned Saudi Arabia as the world's top oil and natural gas producer, meaning it no longer needs Gulf oil. It is not dependent on Saudi Arabia, Venezuela or any of these other political rivals. In short, the United States added black gold to its strategic arsenal. To borrow a term used by a former French foreign affairs minister, America is and will remain a superpower.


De prime abord, on serait enclin à qualifier la chute des prix des hydrocarbures comme étant la divine surprise pour les États-Unis d’Amérique. Quand on s’attarde à la mécanique inhérente à la chute en question, on réalise qu’elle a bel et bien été conceptualisée d’abord, et appliquée ensuite. Avec, en prime, des bouleversements géopolitiques gigantesques.

Dans le dernier entretien accordé par Barack Obama au réseau radiophonique PBS, ce dernier confirme ou révèle que sa politique étrangère, celle plus exactement des deux dernières années, a été conçue à l’enseigne de la « patience stratégique », pour reprendre ses propres mots. Au ras des pâquerettes, la patience en question a accouché des sanctions économiques imposées à la Russie à la suite de ses interventions en sol ukrainien et du renforcement de celles imposées à l’Iran par George W. Bush dans la foulée de la découverte des ambitions nucléaires des ayatollahs.

Selon ses confidences, le chef de l’exécutif américain avait la conviction que « les sanctions rendraient l’économie russe suffisamment vulnérable pour que […] quand le prix du pétrole viendrait à être perturbé — ce qui allait inévitablement se produire, sinon cette année, au moins l’an prochain ou l’année d’après —, alors les Russes auraient d’énormes difficultés à le gérer ». D’autant plus profondes, les difficultés, que la santé économique de ce pays était et demeure très tributaire du prix de l’or noir.

De cette réalité, tout le monde était conscient pour la bonne et « plate » raison que depuis son accession au pouvoir et l’augmentation-surprise des prix du pétrole, dès l’an 2000, le président Vladimir Poutine a été incapable de moderniser et de diversifier l’économie du pays. Résultat, grosso modo il va sans dire, la Russie exporte du gaz, du pétrole et un peu d’armes, et importe pratiquement tout le reste. Signe de l’énorme irresponsabilité du Kremlin, les recettes découlant du commerce des hydrocarbures totalisaient au-delà de 8 % du budget au début des années 2000 contre 52 % (!) aujourd’hui. Bref, tout le pays bat au rythme de l’évolution de l’or noir.

Le recul de 50 % de la valeur du baril au cours des six derniers mois a eu ces conséquences d’une brutalité inouïe : pour stopper la chute du rouble, la banque centrale a haussé son taux d’intérêt de 10,5 % en juin à 17 % aujourd’hui ; la contraction du PIB au cours du dernier trimestre a été de 4 % ; le déficit budgétaire a été de 3 %, et restera comme tel en 2015. Quoi d’autre ? Le budget de la Russie ayant été confectionné à l’aune d’un baril à 70 $, il s’est métamorphosé de facto en une fiction.

Il en va en Iran et au Venezuela comme il en va en Russie. Dit autrement, dans ces pays, la situation économique est une copie quasi-carbone de celle qui prévaut en Russie. L’atomisation des embarras économiques s’étant soldée par une amputation de la marge de manoeuvre politique respective à ces trois nations, celles-ci n’ont plus, mais plus du tout, les moyens de leurs ambitions géopolitiques. Commençons par le plus simple des cas, soit le Venezuela.

Il est désormais de notoriété publique que la variable politique ayant le plus convaincu le Cubain Raúl Castro de conclure un accord avec les États-Unis, il y a plus d’une quinzaine de cela, a l’angoisse pour nom. Laquelle ? Que le recul prononcé de la valeur du pétrole oblige le Venezuela à effectuer ce que la Russie a fait au lendemain de la chute du Mur, soit abandonner financièrement Cuba.

Dans le cas du duo que forment l’Iran et la Russie sur le flanc moyen-oriental, il est écrit dans le ciel que les soutiens accordés au syrien Bachir al-Assad vont être le sujet d’une profonde modification au cours des prochains mois. D’autant plus que l’ennemi ancestral et régional de l’Iran, soit évidemment l’Arabie saoudite, n’entend pas réduire son offre de pétrole afin de saigner financièrement et durablement Téhéran.

Dans ce billard à mille bandes diplomatiques, les États-Unis ont un avantage énorme sur ces trois principaux « adversaires » que sont la Russie, l’Iran et le Venezuela, mais aussi sur l’Arabie saoudite. Il se trouve en effet qu’au cours des récents mois, les États-Unis ont détrôné l’Arabie saoudite du rang de premier producteur d’hydrocarbures, confirmant du coup qu’ils n’ont plus besoin du pétrole persique. Ils sont indépendants de l’Arabie saoudite comme du Venezuela comme des autres. Bref, les États-Unis d’Amérique ont ajouté l’or noir à leur panoplie d’armes stratégiques. Pour reprendre le mot de l’ex-ministre français des Affaires étrangères, ils formaient l’hyperpuissance, ils vont le rester.
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