What Approach Should Democrats Take To Beat Trump?

Published in Le Devoir
(Canada) on 3 Aug 2019
by Annabelle Caillou and Philippe Fournier (link to originallink to original)
Translated from by Maren Daniel. Edited by Patricia Simoni.
For the last two weeks, the American president, Donald Trump, has been making one remark after another that are considered racist, lashing out in particular at congresswomen of color. This rhetoric suggests that Trump will once again center his campaign on the country’s racial divisions as 2020 approaches. Could the Democratic Party turn the situation to its advantage? Le Devoir sat down with Philippe Fournier, a researcher at the Center for International Studies and Research at the University of Montreal to take stock of the situation. Interview by Annabelle Caillou.

Annabelle Caillou: By feeding racial tensions, the American president seems prepared to use the same rhetoric he used to fire up his base in 2016. Is that really a winning strategy?

Philippe Fournier: For starters, it is hard to say if it is a clear strategy on Donald Trump’s part. His instincts tell him that this message goes over well with his base, which is particularly worried about immigration. For example, after his verbal attacks on the four congresswomen [telling them to “go back” to where they came from], we saw a slight gain in Trump’s favor in polls of Republican voters.

Furthermore, is he really thinking about the reach and the consequences of what he says? That is not clear. It is also not yet clear that this strategy will work a second time. Even within the Republican Party, some have already indicated that they are uncomfortable with this language. By operating this way, Trump risks alienating a fringe segment of the moderate electorate – those independent voters who can vote one way one time and the other way the next. Experts often point this out. American elections are decided by centrist voters. The winner must go find these swing voters.

Caillou: The Democratic Party’s first reaction was to launch impeachment proceedings against Trump, which nonetheless did not pass the Democratic-controlled House of Representatives. Is that a sign of division within the party?

Fournier: To launch an impeachment proceeding is to set in motion a process that starts with a congressional inquiry to determine the extent of the crimes. Then it must go to the House of Representatives. If that were to happen, there are at most 100 Democrats or so in favor of impeachment, and that is not enough.

For some, such as Nancy Pelosi, the speaker of the House, the necessary pieces did not all fall into place, because the American people have not shown support for impeachment.

And, above all, they know that it would ultimately be blocked in the Senate. Is it any use to embark on that path when we already know what will happen? What could have changed the game would have been more explosive and juicier testimony from Robert Mueller. But that was not the case; nothing major came from it.

For the moment, it seems that Democrats are wanting to concentrate on the 2020 election in order to defeat Trump.

Caillou: And on that point, what strategy should the Democratic Party adopt in order to win over more voters in 2020?

Fournier: What the Democrats need to do is react to each of Trump’s racist remarks, which is what they have been doing. It is important not to let this type of rhetoric become the norm and to call it out.

But, in getting into this game, there is some risk of messing up, and it must be done with dexterity. On the Democratic side, they will present the image of a more unified United States than on the Republican side, which plays on divisiveness. That is the central message.

To the Democrats’ advantage is the fact that they have succeeded in associating their party with the defense of minorities of all kinds.

Then, and this is tricky, there is the fact that there are two schools of thought within the party. Some will focus on identity politics. Others, like Bernie Sanders, will focus on socioeconomic inequalities before banking on ethnicity.

Caillou: With more than a year to go before the election, we are already deep into this identity debate. Will it be the main focus of the entire campaign, as in 2016, in your opinion?

Fournier: The question of race will certainly be one of the issues that will occupy people’s attention, especially the Democratic candidate who will have to distinguish himself or herself from Trump. There will also be talk about immigration, since it goes hand in hand with the question of race in the United States. It in fact remains one of the best cards that Donald Trump can play, since, on other issues, he does not have much to offer. For example, as far as the economy is concerned, its apparent strength is deceptive. If one goes to the regions that voted for Donald Trump, people's living conditions have not necessarily improved in four years.

This leaves an opening for Democrats to talk about the subject, to talk about the economy’s real health and about Americans’ buying power. It is a topic that affects everyone.



Depuis deux semaines, le président américain, Donald Trump, enchaîne les remarques considérées comme racistes, s’en prenant principalement à des élus démocrates de couleur. Un discours qui laisse présager une nouvelle campagne électorale centrée sur la question des divisions raciales au pays en vue du scrutin de 2020. Le Parti démocrate pourrait-il tourner la situation à son avantage ? Le Devoir s’est entretenu avec Philippe Fournier, chargé de projets au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM), pour faire le point sur la situation. Propos recueillis par Annabelle Caillou.

En alimentant les tensions raciales, le président américain semble vouloir emprunter le même discours que lors des élections de 2016 pour galvaniser sa base électorale. Est-ce vraiment une stratégie gagnante ?

Déjà, c’est difficile de dire si c’est une stratégie claire de Donald Trump, car il y va souvent à l’instinct. Et son instinct lui dit que ce type de formulations fonctionne bien auprès de sa base électorale, qui est très préoccupée par la question de l’immigration. Exemple, après l’attaque qu’il a lancée contre les quatre élues démocrates de couleur [les invitant à « retourner là » d’où elles venaient], on a remarqué dans les sondages une petite augmentation dans les intentions de vote du côté républicain.

Après, calcule-t-il vraiment la portée ou les conséquences de ses déclarations ? Ce n’est pas clair. Et ce n’est pas dit que cette stratégie fonctionne encore. Au sein même du Parti républicain, certains ont déjà indiqué être inconfortables avec ses propos. En fonctionnant ainsi, il y a un risque d’aliéner une frange de l’électorat plutôt modéré, ces électeurs indépendants qui peuvent voter d’un côté une fois et de l’autre ensuite. Les analystes le disent souvent : les élections américaines se jouent dans le milieu, justement. Il faut aller chercher ces électeurs incertains.


La première réaction du Parti démocrate a été de lancer une procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump, qui a toutefois échoué à la Chambre des représentants, à majorité démocrates. Est-ce un signe de division au sein du parti ?

Se lancer dans la voie de la destitution, c’est enclencher un processus qui démarre par une enquête au Congrès pour déterminer l’étendue des crimes. Ensuite, il faut que ça passe à la Chambre des représentants. En ce moment, il y a tout au plus une centaine de démocrates en faveur de la destitution et ce n’est pas suffisant.

Ce texte fait partie de notre section Perspectives.
Pour plusieurs, comme Nancy Pelocy, la présidente de la Chambre des représentants, les éléments ne sont simplement pas réunis, il n’y a pas de volonté affichée de la part de la population américaine pour une destitution.

Et, surtout, ils savent que ça va être ultimement bloqué au Sénat. Est-ce utile de s’engager dans cette voie-là alors que l’on connaît déjà le résultat final ? Ce qui aurait pu être déterminant, c’est un témoignage plus explosif et juteux de la part de M. Mueller. Mais ça n’a pas été le cas ; ils n’en ont pas retiré grand-chose.

Pour l’instant, il semble que les démocrates veulent se concentrer sur les élections de 2020 pour défaire Donald Trump.

Justement, quelle stratégie devrait adopter le Parti démocrate pour aller chercher davantage d’électeurs en 2020 ?

Ce que les démocrates doivent faire, c’est réagir à chaque intervention raciste du président Trump; ce qu’ils ont fait jusqu’ici. C’est important de ne pas normaliser ce type de discours et de le dénoncer.

Mais en entrant dans ce jeu, il peut y avoir des risques de dérapage, et il faut le faire avec doigté. Du côté démocrate, on va donc offrir une image des États-Unis plus unifiée que du côté républicain, qui mise sur les divisions. C’est le message central.

À l’avantage des démocrates, c’est qu’on a réussi à associer leur parti à la défense des minorités de toutes sortes.

Ensuite, ce qui est délicat, c’est surtout qu’il y a deux écoles de pensée au sein du parti. Certains vont aller dans la voie de la défense des identités particulières. D’autres, comme Bernie Sanders, vont plutôt insister sur les inégalités socio-économiques avant de miser sur l’appartenance ethnique.

À plus d’un an des élections, on est donc déjà plongé dans ce débat identitaire. Est-ce que ce sera le sujet principal de toute la campagne électorale, comme en 2016, selon vous ?

La question raciale va certainement être un des enjeux qui va occuper l’attention, notamment le candidat démocrate qui devra s’opposer à Donald Trump. On va aussi parler d’immigration, car ça vient de pair avec la question raciale aux États-Unis. Ça reste en fait une des meilleures cartes à jouer de Donald Trump. Car, sur les autres plans, il n’a pas grand-chose à offrir. Par exemple, sur le plan de l’économie, la performance est décevante. Si on fait la tournée des régions qui ont voté pour Donald Trump, les conditions de vie des gens ne se sont pas forcément améliorées en quatre ans.

Mais ce sera justement l’occasion pour les démocrates d’aborder ce sujet, de parler de la santé réelle de l’économie et du pouvoir d’achat des Américains. C’est un sujet qui touche.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Cuba: The First Casualty

Australia: Donald Trump Is So Convinced of His Mandate that He Is Battling the Courts

Austria: Trump’s Solo Dream Is Over

Spain: Trump to Students — ‘Don’t Come’

Germany: US Sanctions against the EU

Topics

Germany: Horror Show in Oval Office at Meeting of Merz and Trump

Hong Kong: From Harvard to West Point — The Underlying Logic of Trump’s Regulation of University Education

Spain: Trump to Students — ‘Don’t Come’

Japan: Will the Pressure on Harvard University Affect Overseas Students?

Mexico: From Star Wars to Golden Domes

Germany: US Sanctions against the EU

Austria: Whether or Not the Tariffs Are Here to Stay, the Damage Has Already Been Done*

Germany: Trump’s Tariff Policy: ‘Dealmaker’ under Pressure

Related Articles

Russia: The Trump–Musk Conflict: Consequences*

Germany: Horror Show in Oval Office at Meeting of Merz and Trump

Spain: Trump to Students — ‘Don’t Come’

Japan: Will the Pressure on Harvard University Affect Overseas Students?

Mexico: From Star Wars to Golden Domes