By Claude Monnier
Translated by Rami Assadi
Originally Published on www.24heures.ch
Publication date; February 18, 2008
A new strategic dialogue between Russia and the United States has been undertaken so as to reestablish a system of controls over weapons and the joint fight against terrorism. This was Vladimir Putin’s suggestion during his last press conference as President, in front of 1364 journalists (excuse me!) and that had already been thrown at Sergei Ivanov, a “tough” guy who’
s also the vice-president of Russia and was the Minister of Defense at the time of the Munich Conference.Dizzyingly, in the middle of the press conference Putin played both the friend and the foe. He was cold in insisting that Russia would no longer be intimidated, nor march on her feet [translators note-this means he would not allow Russia to be humiliated] and would defend herself if pushed to that point. He was warm in underlying that, far from desiring a return of the Cold War, [Russia] was determined to work with the next American President, “whoever he is and if he desires it.” To show such strength and the capability of striking fear into others but at the same time proposing an agreement, a friendship, and more understanding; that is a dance of seduction and then some! A seduction that could show the proper course to take if one looks at the historical sequence at play.
Un nouveau dialogue stratégique entre la Russie et les Etats-Unis afin de rétablir un système de contrôle des armements et de combattre ensemble le terrorisme! C’est la proposition qu’a faite Vladimir Poutine au cours de sa dernière conférence de presse comme président, devant 1364 journalistes (excusez du peu!), et qu’avait déjà lancée quelques jours plus tôt Sergei Ivanov, vice-président de Russie, ancien ministre de la Défense, un «dur», lors de la Conférence de Munich sur la sécurité.
Vertigineux, même si, au cours de sa conférence de presse, Poutine a joué le froid et le chaud: le froid, en insistant que la Russie ne se laissera pas intimider, ni marcher sur les pieds, et se défendra si elle y est forcée, et le chaud en soulignant que, loin de vouloir en revenir à la guerre froide, elle est au contraire déterminée à travailler avec le prochain président des Etats-Unis, «quel qu’il soit, et si lui-même le veut». Montrer que l’on est fort et faire peur, mais en même temps proposer un arrangement, une amitié, et plus si entente: une danse de séduction en somme! Une séduction qui pourrait tenir la route: voyez la séquence historique en effet.
De 1945 à 1989, date de la chute du mur de Berlin, le monde a vécu, à toutes fins pratiques, sous un condominium américano-soviétique: les deux supergrands se haïssaient, mais se tenaient en même temps par la barbichette nucléaire, ce qui a assuré à la planète un ordre essentiel durant près d’un demi-siècle. Puis l’URSS, affaiblie, a éclaté; ses satellites se sont détachés; et au terme du processus, la Russie est restée bien seulette – le reste du monde, Etats-Unis en tête, s’imaginant alors qu’ainsi diminuée, elle allait cesser de jouer un rôle important sur la scène internationale.
Puis deux phénomènes inattendus se sont produits: la Russie, riche d’un gaz et d’un pétrole que le reste de la planète est prêt à payer toujours plus cher, est redevenue incontestablement une puissance qui compte; cependant que les Etats-Unis, par la faute d’une politique brouillonne – l’Irak! – ont vu leurs ailes rognées. Résultat de ce double mouvement de sens contraires: Russie et Etats-Unis se retrouvent aujourd’hui, de nouveau, dans une situation de relative égalité psychopolitique.
Pour ces deux pays, l’idée ne serait donc pas totalement idiote de recréer l’ordre bipolaire des années 45-89, qui faisait des deux pris ensemble, malgré l’hostilité qu’ils se vouaient, les véritables maîtres du monde.
Il convient de noter que si cette association très particulière devait se reformer – ce qui, à ce stade, est encore un très grand si – l’Europe se trouverait réduite au statut de monde flottant, de monde entre-deux, sans protecteurs puissants ni fermes alliances. Cependant que la Russie et les Etats-Unis, débarrassés de leurs anciennes «filiales» européennes, redeviendraient les maîtres du jeu planétaire, plus libres encore de leurs mouvements que dans la formule 45-89, et que leur association les aiderait en outre à ne point se laisser déborder par une Chine et une Inde en train d’accroître leur poids économique et politique à vitesse grand V.
Oui, vertigineux. Vraisemblable? Attendons l’après-indépendance du Kosovo pour voir.
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