Il semble bien que les Américains peuvent enfin voir la lumière au bout du tunnel. La question n’est plus de savoir si les soldats américains sortiront de l’Iraq, mais plutôt, à quel moment.
Depuis vendredi, nous assistons à un revirement de situation. D’abord, accord surprise! Vendredi dernier, Washington et Bagdad s’entendent pour dire qu’il y aura un retrait éventuel des troupes américaines, mais ne fixent pas de date. Le lendemain, le premier ministre iraquien pousse l’audace en déclarant non seulement que son pays souhaite un départ des soldats américains, mais ajoute l’échéance de décembre 2010. Al-Malaki n’avait rien à perdre puisque les iraquiens n’ont jamais caché leur hâte de voir partir les Américains de leur territoire. La visite de Barack Obama tombait juste à point et Al-Malaki se défend bien de s’ingérer dans la campagne électorale américaine. Tout au plus, le temps est-il venu de faire pression sur le gouvernement Bush qui, à son avis, ne semble pas suffisamment pressé de quitter l’Iraq.
La presse a fait grand état toute la journée du voyage victorieux d’Obama. La décision du gouvernement de l’Iraq vient appuyer la stratégie du candidat démocrate qui prévoit rapatrier les forces militaires dans les 16 premiers mois de son mandat. Pourtant, John McCain s’est évertué toute la journée à préciser que si les gouvernements peuvent discuter de la possibilité d’un retrait éventuel, c’est en grande partie grâce à la solution qu’il a préconisée l’an dernier; celle d’envoyer des renforts militaires pour stabiliser le pays. Cette même stratégie contre laquelle s’est élevé son rival, Barack Obama.
À court terme, il ne fait pas de doute qu’Obama bénéficie des déclarations provenant du gouvernement iraquien. D’abord, la politique du Sénateur de l’Illinois semble se baser sur une nouvelle réalité militaire et politique. Les conditions sur le terrain se sont améliorées considérablement depuis six mois, et les iraquiens souhaitent prendre leur destinée en main. Et puis, la population américaine est impatiente de voir une fin à cette guerre.
À moyen terme, c’est-à-dire, d’ici l’élection de novembre dans plus de trois mois, qu’auront retenu les électeurs ? Donneront-ils le crédit à Barack Obama ou à John McCain ? Est-ce que les conditions sur le terrain ce seront détériorées au point de devoir retarder l’échéance du départ ?Depuis la déclaration de l’administraton Bush vendredi dernier, tout le monde est d’accord pour rapatrier les troupes.
Là, où il y a encore des divergences, c’est le moment. McCain croit que la situation reste fragile. Un stratège républicain admettait ce matin que si son parti veut conserver la Maison Blanche, McCain doit aussi affirmer clairement que les États-Unis ne seront pas pris dans ce conflit indéfiniment. La stratégie est donc de peaufiner le discours de façon à ce que la position de McCain se rapproche de celle de son adversaire, et ce, sans qu’il ait à décider d’un calendrier précis. Si tôt ou tard les soldats sont de retour au pays, se disent les républicains, c’est tout ce qui comptera dans l’esprit du public. Entre temps, ils auront enlevé des munitions aux Démocrates et diminuer la force de l’enjeu que représente l’Iraq. Mieux encore, la position de McCain prouvera peut-être que sa prudence était justifiée.
Alors, qui sera le vainqueur du débat sur l’Iraq ? Incapable de trancher, je décide de chausser mes espadrilles et d’aller prendre une marche. I-pod à la ceinture, je suis déterminée à me changer les idées pendant une bonne heure. En longeant la 17e avenue, une dame qui arrosait ses fleurs m’arrête, et me demande si je connais quelque chose au jardinage. J’hésite et lui répond : « oui, un peu ». « Est-ce une fleur sauvage ou une mauvaise herbe? » poursuit-elle. « Hum! Je crois qu’il s’agit d’une fleur, mais je n’en suis pas certaine. Je n’ai jamais vu cette plante auparavant, » lui dis-je. « Vraiment ! Dans ce cas, je vais lui laisser une chance de fleurir,» rajoute-elle.
Sur le point de continuer mon chemin après cet échange courtois, je ne peux m’empêcher de me retourner et de lui demander à mon tour : « Vous avez suivi les nouvelles des derniers jours sur les développements en Iraq ? » « Oui, oui. Quel soulagement, nos enfants vont revenir au bercail ! », me dit-elle d’un air encouragé. Je ne lui ai pas demandé si elle était démocrate, républicaine ou indépendante ou encore, si la date d’un retour était importante. Soudainement, tout cela semblait secondaire.
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