Russia doesnt get good press in the West. Despite the end of the Soviet Union, the introduction of a market economy and the diversification of the press, the homeland of Solzhenitsyn, remains the gulag archipelago in the eyes of most Westerners. And the Russian President, now Prime Minister, Vladimir Putin, an ex-KGB. Theres nothing to be done about it. Chase prejudices out the door, and they come in through the window. Didnt people bring up that the American President Carter was a peanut salesman, even after he obtained the signature of a peace accord between Egypt and Israel?
Furthermore, for the Western press, its evident that on August 8, 2008, the opening of the Olympics in Beijing, it was nasty Russia that, by surprise, attacked Georgia, a little democratic country in the Caucasus, and spread panic there. A country, furthermore, led by a likable young man, who speaks English and French, and who studied at Columbia University in the United States.
At the same time, even the most adamant of Moscows adversaries have to recognize now that Georgias military forces were the ones which attacked the pro-Russian separatist province of South Ossetia, bombing its capital and killing Russian soldiers who had been stationed there for fifteen years, by the decision of the UN, for peacekeeping purposes. Whether the Ossetians and Abkhasians demands for renewed independence are legitimate or not, they call for a debate, not an act of force. Especially if, as the Georgians claim, Russians had been preparing for such an action for a long time, then why this initiative on the part of Mikhail Saakachvili? Did he take it on his own or in complicity with the U.S.?
To me, its not a question of defending the Russians, whose brutality in response to any aggression against their interests is well-known (Afghanistan, Chechnya, ). Its an effort to try to understand the strategy and objectives of President Saakachvili, in provoking a war that allowed the Russians to destroy, in three days, all of Georgias military potential. For this, the Georgian President will certainly have to answer to his electorate, once the dead are buried and the ruins cleared. But what was George Bushs role in this business?
I was struck, watching television, by the American Presidents response to the announcement of the fighting in Ossetia, and by that of Vladimir Putin. Both were watching the opening ceremonies of the Olympics. The Russian Prime Minister immediately flew to the Caucasus, without even stopping in Moscow; the American President, meanwhile, contented himself with a few statements, sounding almost detached, from Beijing.
Its important to remember that Bush hasnt ceased, since his accession to the Presidency, to work towards Russian economic and geographic isolation. The true reasons escape me. Unless he believes, as his neoconservative advisers do, that there is no difference between the Soviet Union of yesteryear and the Russia of today. The battle for world hegemony between the two superpowers still feels awfully current.
For a moment, Putin believed in Bushs friendship and tried to assure him of Russias good intentions. After all, didnt he dismantle the Russian military bases in Cuba and Vietnam? Didnt he integrate Russia into the OSCE (Organization for Security and Cooperation in Europe)? How disillusioned and angry must he have felt upon seeing the United States, during the same time, install military bases in Central Asia, Georgia, the Czech Republic, and Poland?
Im getting to Europe. This is now the second conflict on the continent, after the one that set the ex-Yugoslavia aflame. So its up to Europe to solve it. Indeed, this is how Nicolas Sarkozy understood it, as he demonstrated by reporting directly to the field. But in the face of this confrontationan anachronistic one, it must be admittedbetween Russia and the US, what can Europe do? First of all, it can exist. As Stefan Zweig and so many others before him would have wanted. To exist, can Europe accept on its soil the presence of NATO forces, those of an organization created in 1949 in Washington in order to oppose the expansionist aims of the Soviet Union? One can, as in my case, not be anti-American and still believe that European independence is not compatible with its membership of NATO. Their interests are not always identical. Lets remember the Iraq war.
What, in short, does George W. Bush want in Georgia? I believe, for my part, that Saakachvilis strike in Ossetia was prepared with American counselors and approved by Condoleezza Rice during her last trip to Tbilisi. Neither Bush nor Saakachvili was surprised by the violence of the Russian response. Their strategies depended on a Russian response that would provoke the media to mobilize. Even the August 12 meeting in Tbilisi of russophobic leadersPolish, Ukranian, and Balticwas planned. I bet that, in the days to come, the danger the military and economic strength of the country of Gazprom poses to its little neighbors will be capitalized upon. This danger will justify a posteriori the expansion of the American presence in these regions. To the detriment of the solidarity and integrity of Europe.
Unlike the Russian leaders before him, Vladimir Putin is not a chess player. Hes a judo practitioner. A judo practitioner doesnt need to be stronger to win; he needs to know how to use the strength of his adversary to pin him to the ground.
La Russie n'a pas bonne presse en Occident. Malgré la fin de l'Union soviétique, l'in troduction de l'économie de marché et la diversification de la presse, la patrie de Soljenitsyne reste, aux yeux de la plupart des Occidentaux, «l'archipel du goulag». Et le président de la Russie, aujourd'hui premier ministre, Vladimir Poutine, un ancien du KGB. Rien n'y fait. Chassez les préjugés par la porte, ils rentrent par la fenêtre. Ne rappelait-on pas à propos du président américain Carter, même après qu'il a obtenu la signature d'un accord de paix entre l'Égypte et Israël, qu'il était un marchand de cacahuètes ?
Aussi, pour la presse occidentale, il est évident que le 8 août 2008, le jour de l'ouverture des JO de Pékin, c'est la méchante Russie qui, par surprise, a attaqué la Géorgie, un petit pays démocratique du Caucase, en y semant la panique. Pays dirigé de surcroît par un homme jeune et sympathique, parlant l'anglais et le français, et qui a fait ses études à l'université de Columbia aux États-Unis.
Or, même les plus acharnés des adversaires de Moscou sont obligés de reconnaître aujourd'hui que ce sont les forces militaires géorgiennes qui ont attaqué la province séparationiste prorusse d'Ossétie du Sud, en bombardant sa capitale et en tuant des soldats russes qui y stationnaient depuis quinze ans par la décision de l'ONU pour le maintien de la paix. Que la revendication d'indépendance des Ossètes et des Abkhazes soit légitime ou non, cela mérite un débat, pas un coup de force. Surtout si, comme le prétendent les Géorgiens, les Russes s'y préparaient depuis longtemps. Alors pourquoi cette initiative de Mikhaïl Saakachvili ? L'a-t-il prise seul ou avec la complicité des États-Unis ?
Il ne s'agit pas, pour moi, de défendre les Russes, dont la brutalité dans la riposte à toute agression contre leurs intérêts est connue (Afghanistan, Tchétchénie ). Mais d'essayer de comprendre la stratégie et les objectifs du président Saakachvili en provoquant une guerre qui a permis aux Russes de détruire en trois jours le potentiel militaire de la Géorgie. De cela, le président géorgien aura certainement à répondre devant ses électeurs une fois les morts enterrés et les ruines déblayées. Mais quel fut dans cette affaire le rôle du président George W. Bush ?
J'ai été frappé en regardant la télévision, par l'attitude du président américain à l'annonce des combats en Ossétie et par celle de Vladimir Poutine. Tous les deux assistaient à l'ouverture des Jeux. Le premier ministre russe a pris aussitôt l'avion pour le Caucase sans même passer par Moscou ; le président américain, lui, s'est contenté de quelques déclarations, presque désinvoltes, à partir de Pékin.
Il faut rappeler que Bush n'a pas cessé, depuis son accession à la présidence, d'uvrer à l'isolement de la Russie aussi bien sur le plan économique que géographique. Les vraies raisons m'en échappent. Sauf à considérer, comme le font ses conseillers néoconservateurs, qu'en tre l'Union soviétique d'hier et la Russie d'au jourd'hui, il n'y a pas de différence. La bataille pour l'hégémonie du monde entre les deux superpuissances n'a pas perdu de son actualité.
Poutine a cru un moment à l'amitié de Bush et a tenté de lui donner quelques gages de bonne volonté. N'a-t-il pas démantelé les bases militaires russes à Cuba et au Vietnam ? N'a-t-il pas intégré l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ? Quelle ne fut sa désillusion et sa colère en voyant les États-Unis pendant ce temps installer des bases militaires en Asie centrale, en Géorgie, en Tchéquie et en Pologne ?
J'en viens à l'Europe. Il s'agit là du deuxième conflit sur son continent, après celui qui a embrasé l'ex-Yougoslavie. C'est donc à elle de le résoudre. C'est bien ainsi que l'a compris Nicolas Sarkozy, en se rendant immédiatement sur le terrain. Mais face à cette confrontation, il faut le dire anachronique, entre la Russie et l'Amérique, que peut l'Europe ? D'abord exister. Comme l'auraient aimé un Stefan Zweig et tant d'autres avec lui. Pour exister, l'Europe peut-elle s'ac commoder sur son sol de la présence des forces de l'Otan, créée en 1949 à Washington, afin de s'opposer aux visées expansionnistes de l'Union soviétique ? On peut, et c'est mon cas, ne pas être antiaméricain et considérer que l'indépendance de l'Europe ne s'accorde pas avec son appartenance à l'Otan. Leurs intérêts ne sont pas toujours identiques. Rappelons-nous la guerre d'Irak.
Bref, que veut George W. Bush en Géorgie ? Je crois, pour ma part, que le coup de force en Ossétie de Saakachvili a été préparé avec les conseillers américains et approuvé par Condolezza Rice lors de son dernier séjour à Tbilissi. Ni Bush ni Saakachvili n'ont été surpris par la violence de la riposte russe. Leurs stratégies misaient sur la réplique russe et sur la mobilisation médiatique qu'elle allait provoquer. Même la réunion des dirigeants russophobes - polonais, ukrainien et baltes - du 12 août à Tbilissi a été programmée. Je parie que, dans les jours à venir, «le danger» que représente pour ses petits voisins la force militaire et économique du pays de Gazprom sera fortement utilisé. Ce «danger» justifiera a posteriori l'ex pansion de la présence américaine dans ces régions. Au détriment de la solidarité et de l'intégrité de l'Europe.
Vladimir Poutine n'est pas un joueur d'échecs comme tous les dirigeants russes avant lui. C'est un judoka. Le judoka n'a pas besoin d'être le plus fort pour gagner, il doit savoir utiliser la force de son adversaire pour le mettre à terre.
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