Il est possible que certaines prémices du changement de la politique américaine aient effectivement commencé à se faire sentir avec une récente visite effectuée par un ancien ambassadeur américain au Caire. La prochaine administration américaine lui avait assigné une mission spéciale, consistant à nous donner des indices d’un changement de la politique américaine lors de la prise du pouvoir du nouveau président élu Barack Obama.
Au cours de sa visite, l’ambassadeur avait rencontré trois personnes dans une séance cordiale à la résidence de l’ambassadrice américaine, Margaret Scobey. Il s’agissait de l’ex-ambassadeur d’Egypte aux Etat-Unis, Nabil Fahmy, l’homme d’affaires renommé Mohamad Chafiq Gabr et moi-même.
En réalité, d’anciennes relations d’amitié me liaient à l’ex-amabassadeur américain depuis qu’il était diplomate au Caire, il y a 20 ans. Il m’a d’ailleurs dit qu’il est maintenant à la retraite, et qu’on lui assignait de temps en temps des missions spéciales.
Lorsque l’ambassadeur m’a demandé qu’est-ce qui nous donnerait un indice d’un changement dans la prochaine politique américaine, je lui ai répondu : je laisserai à Nabil Fahmy le soin de parler du volet politique et Chafiq Gabr du côté économique. Quant à moi, je parlerai de l’aspect culturel. A mon avis, j’ai dit que l’indice le plus important qui démontrerait de manière incontestable que les données de la politique américaine vis-à-vis de la région ont changé est que les Etats-Unis reviennent sur leur position hostile et injustifiée vis-à-vis du candidat égyptien et arabe au poste de secrétaire général de l’Unesco. L’Egypte, comme vous le savez, est l’un des pays fondateurs de l’Unesco depuis plus d’un demi-siècle. L’Unesco a été dirigé par des directeurs, originaires de l’Europe, de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie, mais jamais du monde arabe. Les pays membres de l’Unesco sont d’accord à l’unanimité qu’il est temps que cette direction soit attribuée à un Arabe, étant donné leur culture enracinée et ancienne remontant à des milliers d’années. Sans oublier qu’un avis a commencé à circuler avec force au sein de l’Unesco, selon lequel le ministre égyptien de la Culture, l’artiste Farouk Hosni est le meilleur candidat à ce poste. C’est ce qui a amené de nombreux pays à appuyer le candidat égyptien en tant qu’unique candidat arabe, après le retrait de la candidate marocaine. En fait, les ministres africains de la Culture, réunis récemment en Algérie, ont pour leur part approuvé à l’unanimité la candidature de Farouk Hosni, qui devient ainsi le candidat de l’Afrique. N’oublions pas également qu’un grand nombre de pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique latine ont affiché leur soutien au candidat égyptien, comme la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, le Mexique, le Cuba, la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Malaisie et autres.
Mais nous avons été surpris par le rejet soudain de cette candidature par l’ambassadrice américaine à l’Unesco. Il a été communiqué qu’elle avait menacé que son pays allait se retirer de l’Organisation au cas où les membres éliraient le candidat égyptien. La raison derrière cette position, n’avait rien à avoir ni de loin, ni de près avec la personne du candidat égyptien dont les Etats-Unis n’avaient jamais fait objection aux politiques en tant que ministre de la Culture. Mais la raison est qu’Israël, à cause de son animosité enracinée contre les Arabes, n’accepte pas un directeur général arabe. Il a saisi au vol une déclaration, sans grande valeur, faite par le candidat égyptien, l’a sorti de son contexte et a déclenché une campagne contre sa candidature.
J’ai dit à l’ambassadeur qu’Israël avait instrumentalisé dans cette guerre les organisations juives de par le monde. Le centre Simon Wiesenthal avait envoyé une lettre au directeur général actuel, qui est japonais et qui est hostile à la candidature égyptienne, tel que je l’ai su de mes propres sources, s’opposant à cette candidature. Israël a instrumentalisé au même titre les Etats-Unis, qui ont eux aussi soudainement pris la même position vis-à-vis d’un candidat d’un pays avec lequel ils entretiennent des relations stratégiques pour reprendre les déclarations qui sont sans cesse répétées nuit et jour par leurs dirigeants. Et c’est là une question à mon avis humiliante pour les Etats-Unis.
J’ai ajouté que les relations spéciales qui lient les Etats-Unis à Israël sont une affaire américaine et ne nous concernent en rien. Nous ne vous demandons pas d’y renoncer ou de renoncer à votre engagement à l’égard d’Israël, comme vous le répétez toujours en disant que la sauvegarde de la sécurité d’Israël constitue une priorité pour vous. Tout ceci en est une chose. Ce qui est inacceptable, c’est que votre relation avec l’Egypte et les Arabes passe toujours par Israël. Il est du droit des Arabes que votre relation avec eux soit régie par la nature spécifique de la relation bilatérale entre les deux parties, sans qu’elle ne soit soumise à l’approbation ou au non consentement d’Israël.
C’était toujours là que résidait l’inconvénient des relations égypto-américaines. Si le nouveau président américain choisit de traiter de cette relation selon les critères qu’elle lui dicte et non selon les normes israéliennes, il provoquera un quasi-bouleversement dans la relation de son pays avec le monde arabe. Ce qui se reflétera sans nul doute sur les relations égypto-américaines, non pas seulement dans le domaine culturel, mais à tous les autres niveaux.
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