Obama in a Vice

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Le regain récent d’actes terroristes commis par la nébuleuse Al-Qaida vise un triple but.

Le si vite oublié George W. Bush et son clan ont été une aubaine pour Al-Qaida. Aussi, la nébuleuse terroriste s’applique-t-elle à reconstruire un ennemi du même gabarit. Quel succès ce serait pour elle d’amener Barack Obama à renier les termes de son discours de juin dernier au Caire! Il y prônait une relation apaisée entre son pays et l’aire arabo-musulmane.

S’il est encore en vie, Oussama Ben Laden ne manque pas d’atouts. La tournure prise par la guerre en Afghanistan amène de l’eau au moulin de l’extrémisme enturbanné. Fraîchement réélu, Hamid Karzaï quitte son habit d’apathie. Il a exigé que soient remis à la justice de son pays les militaires de l’OTAN auteurs d’une énième bavure ayant coûté la vie à une poignée de civils afghans, dont plusieurs enfants. L’étirement sans fin de ce conflit dissymétrique aux réminiscences vietnamiennes, le pourrissement sécuritaire et la duplicité du régime pakistanais forcent l’hôte de la Maison-Blanche à des décisions allant à l’encontre de ses louables intentions cairotes. La tentative d’un jeune Nigérian fanatisé de faire exploser un avion de ligne a valu aux Américains de découvrir un Obama vacancier ne mâchant pas ses mots à l’endroit des coupables inattentions de services spéciaux plus occupés à des querelles intestines qu’à leurs besognes spécifiques. S’affirmer comme l’intraitable gardien de la sécurité de ses concitoyens est dès lors un rôle que l’élu proclamé le 9 janvier 2009 doit, à contrecœur, endosser.

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Complices, «à l’insu de leur plein gré», d’Al-Qaida, les républicains américains se gardent bien d’applaudir trop fort à cette conversion sous la pression des événements. Ils ne se privent pas pour autant d’exalter leur prescience ni de vanter la pertinence de la ligne scélérate suivie par Dick Cheney et consorts. Ils sont cependant gênés aux entournures par l’émergence sur leur flanc droit d’une opposition radicale à Obama. Dans sa dernière livraison de 2009, l’hebdomadaire français Courrier international a reproduit une palette d’articles puisés dans la grande presse états-unienne. S’y révèle le phénomène d’un fondamentalisme politique de type quasi-religieux, disposant de coquets apports financiers, de relais médiatiques ne faisant pas dans la dentelle et d’une brochette de politiciens plongeant à pleines mains dans la ragougnasse démagogique. L’origine et la couleur de la peau du président n’y sont pas épargnées. A onze mois des élections législatives de mi-mandat, la diabolisation de l’administration démocrate et de son chef influencera le style de la campagne républicaine.

Le regain récent d’actes terroristes vise un triple but. Ceux parmi les dirigeants arabo-musulmans qui céderaient à la tentation de réserver bon accueil aux nouvelles orientations de la politique américaine sont avertis de ce qui les attend. Les va-t-en-guerre yankees d’une croisade contre la Terreur sont approvisionnés en boules puantes. Et le lauréat du Nobel de la paix est menacé d’être serré dans un étau.

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