De la guerre en Irak à la crise iranienne
(Québec) Barack Obama doit proclamer officiellement mardi, lors d’une allocution solennelle, la fin de la «mission de combat» des troupes américaines en Irak, celles-ci étant désormais sous le cap dit «symbolique» des
50 000 hommes. Il devrait préciser le «changement de nature» de la mission de ces 50 000 hommes et réaffirmer son intention de compléter leur retrait d’ici 2012.
C’est quand même un grand jour pour Obama, qui s’est illustré, quand il siégeait au Sénat de l’Illinois, par son opposition sans appel à la guerre, en 2003. Il fut l’un des rares parlementaires américains à participer à des manifestations pacifistes. Le souvenir de cette opposition, cinq ans plus tard, quand la guerre était devenue impopulaire, a contribué à sa victoire électorale d’il y a bientôt deux ans.
Cette guerre a encore quelque chose d’un peu mystérieux. Comment l’opinion publique en est-elle venue à appuyer une guerre délibérément déclenchée sans provocation de l’«ennemi», sur la base d’un pur procès d’intention, d’un soupçon, de la simple croyance en un programme de mise au point d’armes de destruction massive qui s’est finalement révélé inexistant? Comment l’invasion d’un pays, sans prétexte valable et flagrant, a-t-elle pu être ensuite débattue dans les médias comme une option politique légitime, et finalement retenue comme un acte nécessaire? Ces interrogations font toujours l’objet de débats non seulement académiques, mais politiques.
Seul, ou presque, Obama peut se vanter, dit-on, d’avoir été l’un des rares politiciens américains à avoir vu clair et à dire non à ces apparences.
Mais voilà que semble se mettre en place dans les médias le même mécanisme, fait de rumeurs et de coups de tambour, mais cette fois à l’égard de l’Iran, si l’on en croit Tony Karon, un éditeur de Time.com. Karon soulignait vendredi que des sources au sein de l’administration Obama ont fait savoir le mois dernier à Time Magazine que le bombardement des installations nucléaires iraniennes «était de retour sur la table». Karon évoque aussi les propos tenus sur CNN par l’ex-directeur de la CIA, l’amiral Mike Hayden, selon qui «une dynamique inexorable» vers la confrontation est en marche et que le bombardement des installations nucléaires iraniennes est une option plus «viable» pour l’administration Obama qu’elle ne l’était pour George W. Bush.
Enfin, une toute récente enquête du journaliste Jeffrey Goldberg, dans le magazine Atlantic Monthly, relance le débat.
Karon dit de l’auteur qu’il est fort influent dans les cercles pro-israéliens américains et d’accès facile au pouvoir en Israël même.
Goldberg écrit qu’Israël détruira d’ici l’été prochain les installations nucléaires iraniennes, même si les «hautes» sources à Jérusalem qu’il cite sont convaincues que l’Iran n’attaquera pas leur pays quand il aura la bombe, à moins qu’«il n’agite aussi le drapeau blanc». Le message d’Israël aux Américains, selon Karon, serait celui-ci : «Si vous ne voulez pas qu’on le fasse, faites-le vous-mêmes.»
La machine infernale s’est mise en marche contre l’Irak parce que Bush l’a bien voulu. Obama, lui, est à l’abri d’un tel soupçon en ce qui concerne l’Iran. Le mécanisme évoqué par Karon est ainsi plus lent et complexe en ce qui concerne l’Iran.
On en a quand même plus hâte d’entendre ce que Barack Obama dira, mardi, non sur l’Irak – l’Irak et le Moyen-Orient étant ce qu’ils sont, cela relève d’une gageure, mais on verra bien -, mais sur les «apparences» iraniennes. S’il se tait, ce sera tout aussi éloquent.
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