Obama Finally Steps Down From His Pedestal

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Un président qui, devant les dirigeants des Nations unies, réfléchit aux moyens de mieux combattre la pauvreté dans le monde mais qui, chez lui, a vu le nombre de démunis s’accroître de 4 millions en un an. Un chef de la Maison-Blanche qui appelle le monde à tourner le dos au «cynisme» tandis que chez lui, à Washington, les hommes et femmes politiques ne se sont jamais autant servis de ce même cynisme qu’en cette période préélectorale. Un président américain, enfin, qui proclame «l’ouverture» comme une valeur cardinale de l’Amérique, alors qu’à la frontière sud des Etats-Unis, tous les jours, des immigrés clandestins trouvent la mort en tentant de franchir la barrière qui les sépare du rêve américain…

En un an, depuis qu’il avait donné son premier discours aux Nations unies, Barack Obama a eu largement le temps de redescendre sur terre, et le monde entier avec lui. Le régime iranien est toujours aussi récalcitrant, la guerre en Afghanistan reste toujours aussi meurtrière et inutile, les électeurs américains sont désillusionnés et en colère. Les amis internationaux de l’Amérique trouvent même à redire à ses réussites. Le redémarrage du processus de paix au Proche-Orient? Il s’est accompli en l’absence des Européens, qui s’en étranglent d’indignation. Le réflexe multilatéral retrouvé des Etats-Unis? Il se déroule ailleurs qu’à l’ONU, inquiétant les petits pays exclus de la danse, au premier rang desquels la Suisse.

Malgré les ratés, malgré l’atmosphère irrespirable de la politique intérieure américaine, malgré les ressentiments, le discours de Barack Obama reste d’une implacable cohérence, du moins dans la rhétorique. Il n’exclut pas aux autres la possibilité de faire de l’ombre à l’Amérique, mais leur demande au contraire de prendre leur propre destin en main. Il n’exclut pas la formation de nouvelles alliances, mais demande à ses membres d’agir en conformité avec le droit international et le respect des individus. Il offre en exemple des pays aussi différents que l’Afrique du Sud, l’Inde ou l’Indonésie. Il prône l’existence d’un monde multiple, aussi multiple qu’il l’est en réalité.

En un an Barack Obama est sans doute descendu de son piédestal de seul modèle à suivre. Au fond, semblait-il dire jeudi entre les lignes, c’est tout ce qu’il demande.

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