Les illusions du budget d’Obama
Frédéric Lelièvre
Le président américain a renoncé à lancer un assainissement des finances publiques américaines. Il vise une réduction du déficit à 3% du PIB… en 2018. Les premiers avertissements des marchés financiers ont pourtant été lancés.
Détrompez-vous. Contrairement à la réduction de 1100 milliards de dollars annoncée lundi, le budget du président Obama n’apporte pas un début de réponse au déficit abyssal (près de 11% du produit intérieur brut) des Etats-Unis.
La coupe s’étale sur 10 ans, pour un budget annuel de près de 4000 milliards. Les prévisions optimistes annoncent un retour du déficit sous les 3% du PIB en 2018, avant que ne se produise une nouvelle hausse.
Barack Obama se berce-t-il d’illusions alors que l’Europe enchaîne les plans d’austérité et de «compétitivité» pour assainir à marche forcée des finances publiques pourtant en moins mauvaise santé?
Les premiers avertissements ont cependant été lancés: les taux d’intérêt des obligations du Trésor augmentent et une grande agence de notation a lancé son processus pour retirer aux Etats-Unis le AAA, symbole de la solidité totale. Ne rien faire présente donc un risque croissant.
Pour le moment, le président américain refuse de trancher. Il n’est pas sûr que le Congrès, qui dispose du vrai pouvoir en matière budgétaire, fasse ce travail impopulaire. Car beaucoup de spécialistes ne voient aucun véritable assainissement sans toucher aux dépenses de santé et à la retraite des plus pauvres.
Enfin, le soutien indéfectible de la Réserve fédérale, devenue le premier détenteur d’obligations des «T-Bonds», retarde l’heure des choix. Combien de temps pourra-t-elle encore faire tourner sa planche à billets?
Sur le fond, les Etats-Unis continuent de miser sur la croissance pour se tirer d’affaire. Avec aveuglement, vu d’ici. Ils bénéficient toutefois d’un atout à ne pas négliger, la démographie. En 2020, l’âge moyen y sera de 37-38 ans, dix ans de moins qu’en Europe et au Japon.
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