Who Will Be the Best Christian for the White House?

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Grâce à Dieu, qui reste bien sûr grand maître de la politique américaine, les mordus dont nous sommes ont pu voir défiler, et comparer, ce vendredi à Washington, pratiquement tous les prétendants républicains aux prochaines présidentielles de 2012. La « Faith and Freedom Coalition », nouveau lobby des « évangéliques » américains, les a invités, ce vendredi et ce samedi, à venir faire acte de foi et tous (Mitt Romney, Tim Pawlenty, Jon Huntsman, Michele Bachmann, ou même Donald Trump…) ou presque sont venus, qu’ils soient ou non déjà déclarés pour la prochaine présidentielle. L’absence la plus notable était celle de Sarah Palin, qui poursuit une approche très personnelle de la politique et continue d’enfiler les perles. Newt Gingrich aussi s’est épargné de venir soumettre sa vie conjugale à ce public soupçonneux mais sa campagne semble de toutes façons déjà sortie de route.

Au hit-parade du meilleur chrétien, la meilleure nous a semblé être Michele Bachmann, qui de plus en plus s’impose comme une Sarah Palin en mieux : un peu moins photogénique peut-être, mais avec des discours aussi extrémistes et beaucoup mieux étayés. Ce vendredi encore, la patronne de la fraction Tea Party à la Chambre des représentants était de loin la plus pugnace («Obama sera le président d’un seul mandat ! »)… tout en osant aussi conclure par une prière directement adressée « à Dieu le père » : « Nous prions pour que votre esprit descende sur notre nation ».

L’autre « révélation » du jour, car il est encore peu connu à Washington, aura été Jon Huntsman, que Barack Obama avait envoyé comme ambassadeur en Chine, mais qui est de retour et prépare sa candidature. Comme Mitt Romney, Jon Huntsman part avec un handicap sérieux, surtout devant ce public d’ultra chrétiens : il est mormon. Il s’est tiré d’affaire ce vendredi en amenant Dieu via sa fille adoptée en Chine. « Lorsqu’on lui a demandé qui l’avait trouvée, elle a répondu : Jésus » a-t-il raconté. Jon Huntsman s’est essayé aussi à quelques blagues, commençant par exemple son discours en chinois, mais il n’est pas sûr là que le public ait particulièrement apprécié. S’il veut vraiment se lancer dans la course, il faudra aussi qu’il arrête de marcher comme un diplomate, quittant l’estrade en rasant le mur. Il devra apprendre à bomber le torse et exsuder un peu de confiance en soi, comme il sied à un homme politique…

Pour le reste, à quelques nuances près, tous les discours de ces candidats , déclarés ou potentiels, ont décliné les mêmes points obligés : ils sont « pro-life » (c’est-à-dire contre l’avortement), pour le « mariage traditionnel » (un homme, une femme, pas de gays, sauf Huntsman qui n’en a parlé car il est plus souple sur le sujet), pro-Israël (un autre must pour les évangéliques américains), ils se réfèrent à Ronald Reagan (cité par pratiquement tous les orateurs), promettent de casser la réforme santé que Barack Obama avait imposé à grand peine et se désolent de la dette qui « étouffe l’Amérique ». Même devant ce public préoccupé par le Saint Esprit, la question du surendettement de l’Etat a occupé le cœur des discours. « La bataille ne porte pas seulement sur la dette, a expliqué Jon Huntsman. Ce qui est en jeu c’est la taille et le rôle du gouvernement dans nos vies ». Pas plus que les autres Jon Huntsman n’a pour autant précisé quelles dépenses gouvernementales il est prêt à sacrifier, le remède proposé par les républicains étant plutôt de… réduire encore les impôts. Nous voilà convaincus: mieux vaut très certainement croire en un Dieu Tout-Puissant pour pouvoir apprécier ces arguments républicains.

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