Republicans in Battle

<--

Michele Bachmann a remporté le sondage-test de l’Iowa. Mais elle ne devrait pas faire le poids face Rick Perry et Mitt Romney.

L’hebdomadaire “Newsweek” du 15 août avec Michele Bachmann en couverture a créé la polémique. Sa photo est délibérément peu flatteuse : figée, la Républicaine du Minnesota fixe l’objectif dans une expression quasi-démoniaque, sous le titre “Queen of rage”, la reine rageuse, “Michele Bachmann et Dieu, le Tea Party et les périls du gouvernement”. Offensés, les conservateurs dénoncent une attaque aux valeurs religieuses de leur représentante. Certaines féministes y décèlent un relent sexiste.

A 55 ans, l’égérie du Tea Party est à ce jour la seule femme en lice pour la présidentielle américaine de 2012. Ce week-end, elle a créé la surprise en remportant un sondage-test dans l’un des Etats clés de l’élection, l’Iowa, où se déroulera en février prochain le tout premier “caucus”, le vote des membres du parti départageant officiellement les candidats. Elle est la première femme de l’histoire américaine à remporter ce scrutin symbolique.

Portée aux nues par la montée du mouvement ultraconservateur Tea Party au Congrès, Michele Bachmann, qui siège à Washington depuis 2007, connaît actuellement son heure de gloire. Mère de cinq enfants, cette évangéliste convaincue est souvent comparée à Sarah Palin, en un peu plus articulée. La semaine dernière, elle a tenu la dragée haute à ses opposants républicains lors du dernier débat télévisé, sur des sujets comme le relèvement du plafond de la dette américaine – elle a voté contre – ou “Obamacare”, l’extension de la couverture de santé signée par Barack Obama en 2010, qu’elle a juré de faire abroger. Elle est également opposée au mariage homosexuel, à l’avortement et aux hausses d’impôts.

Si Michele Bachmann tire son épingle du jeu en Iowa, fief des Chrétiens conservateurs, elle a toutefois du souci à se faire d’ici au début des primaires. Rick Perry, le gouverneur du Texas, a déclaré sa candidature samedi et n’apparaissait donc pas dans le vote-test remporté par Mme Bachmann. Or, la représentante du Minnesota et le gouverneur du Texas se disputent le même électorat conservateur. Le “cow-boy” du Texas, décrit par son pasteur comme un George W. Bush sous stéroïdes, a plus d’un pistolet à sa ceinture. Le 6 août, son appel à la prière pour une nation en crise a rassemblé 30 000 fidèles dans un stade de Houston. Elu trois fois à la tête du Texas, le successeur de Bush Junior a une expérience de l’exécutif que Michele Bachmann n’a pas et peut se vanter de son bilan économique. Plus d’un tiers des emplois créés aux Etats-Unis depuis la fin de la récession en juin 2009 l’ont été au Texas. Le revers de la médaille est que ces postes sont souvent mal rémunérés et sans couverture de santé.

N’empêche, Rick Perry est une alternative crédible à l’homme d’affaire mormon et ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, qui ne séduit pas les conservateurs. “Le nominé républicain et le prochain président des Etats-Unis sera soit Rick Perry soit Mitt Romney”, prédit Fred Malek, un des organisateurs de la campagne électorale de George H. W. Bush en 1992. “Michele Bachmann a touché une corde sensible sur des sujets importants avec les conservateurs, mais ce qu’il nous faut est un gouverneur avec un bilan manifeste de création d’emplois, de réduction du déficit et d’autres réalisations à son actif.”

A six mois du début des primaires, Mitt Romney, candidat malheureux en 2008 face à John McCain, domine les sondages nationaux avec 20 % des intentions de vote. Le paysage électoral républicain est éclaté avec sept candidats en lice, après l’abandon ce week-end de Tim Pawlenty. Deux célébrités républicaines, Sarah Palin et Rudy Giuliani, n’ont toujours pas fait part de leurs intentions. En 2008, alors qu’il était encore un outsider, Barack Obama avait remporté le caucus démocrate de l’Iowa, devant la favorite Hillary Clinton, marquant le début de son parcours victorieux vers la Maison-Blanche. Hier, le Président américain a lui aussi repris le chemin de la campagne, pour une tournée de trois jours qui le mènera dans le Minnesota, l’Iowa et l’Illinois.

About this publication